« Au revoir parapluie », de la compagnie du Hanneton, Théâtre de la Ville à Paris

Au revoir parapluie © Jean-Louis Fernandez

Féeries du crépuscule

Par Sara Roger
Les Trois Coups

Bien souvent nos propres états d’âme se dérobent à nous dans ce qu’ils ont d’intime, de personnel, d’originalement vécu… Comment alors retranscrire tout ce que j’ai pu ressentir lorsque j’ai assisté à cet incroyable spectacle de James Thierrée qu’est « Au revoir parapluie » ?

Au-devant de la scène, comme un Orphée se rappelant son Eurydice, un homme se dessine une femme et un enfant. Comme à force de rêves, ces êtres qu’il appelle de ses vœux vont soudain venir à lui, l’envoûter et le mener à entrer à l’intérieur de l’arbre colossal qui a pris racine au centre de la scène. En passant l’enchevêtrement des cordes qui forment le tronc noueux de cet arbre gigantesque, il entre dans un univers fantasmagorique peuplé de petits êtres joueurs, de bêtes monstrueuses, de machines volantes, de paysages oniriques.

Entre le cirque, le mime et la danse, c’est un spectacle étourdissant qui se joue sous nos yeux. Avec une simplicité désarmante, James Thierrée, Kaori Ito, Magnus Jakobsson, Satchie Noro et Maria Sendow, ces acrobates virtuoses, vont nous faire découvrir le goût de la liberté. Défiant les lois de la gravité et se jouant de celles de la rationalité, ils nous emmènent avec eux dans leurs voyages vers des contrées qui nous sont encore inconnues. Et nous, nous les accompagnons du regard. Notre attention forme comme un tremplin pour leurs plus belles envolées. Nous prenons conscience que les images sont de plus en plus belles au fil du spectacle, se réalisent aussi un peu grâce à nous. Au creux de l’arbre, dans la cabine du voilier, au fond de l’eau, sous le chapiteau, tout est rêve partagé.

Ce spectacle est fait « pour les adultes aux âmes d’enfants »

Comme dans les plus belles poésies de Prévert, des images saisissantes et imprévisibles, pleines de tendresse et d’humour, se succèdent avec rapidité, mais nous laissent le temps de toutes les savourer. L’un plie son propre corps en pliant sa veste, l’autre tente d’entrer en dialogue avec une chaise qui lui résiste, deux femmes s’envolent dans les airs après avoir grimpé au tronc de l’arbre. Puis revoilà le premier qui implore sa jambe de bien vouloir avancer, puis qui tente de calmer son cœur qui bat à tout rompre. Ensuite, à trois, ils mettent en marche des machines, qui font s’envoler une cantatrice vêtue en reine maléfique. Pour notre plus grand plaisir, tout se passe comme si ça n’allait jamais s’arrêter…

Et, pourtant, tout doit finir. Comme notre Orphée laisse à regret reposer ses Eurydice sous le chapiteau-mausolée qu’il leur a érigé, nous nous devons de sortir de ce spectacle. Mais, comme lorsqu’on s’éveille le matin après s’être laissé emporté par notre imagination, c’est plein de joie que nous sortons du théâtre ! Rien à se faire expliquer, tout à voir, à vivre, à s’émouvoir. Comme le stipule le dépliant du Théâtre de la Ville, ce spectacle est fait « pour les adultes aux âmes d’enfants ». Alors, s’il y en a parmi vous qui rêvent encore d’aller danser pieds nus au milieu des nuages, n’hésitez pas ! 

Sara Roger


Au revoir parapluie

Un spectacle de la Cie du Hanneton

Mise en scène de James Thierrée

Avec : Kaori Ito, Magnus Jakobsson, Satchie Noro, Maria Sendow, James Thierrée

Costumes de Victoria Thierrée et Manon Gignoux

Lumières de Jérôme Sabre

Son de Thomas Delot

Habilleuse-accessoiriste : Liliane Hérin

Assistante mise en scène : Sidonie Pigeon

Photo : © Jean‑Louis Fernandez

Durée : 1 h 30

Du 9 au 27 avril 2008

Théâtre de la Ville • 2, place du Châtelet • 75004 Paris

Réservations : 01 42 74 22 77

17,50 € | 13,50 €

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