« Correspondance d’Alexandra David‑Néel et de Philippe Néel », salle Angélique à Paris

« Correspondance d’Alexandra David Neel et de Philippe Néel »

Une invitation au voyage avec Alexandra David-Néel

Par Ulysse Di Gregorio
Les Trois Coups

Il est rare d’avoir la chance de voir portée au théâtre la célèbre correspondance d’Alexandra-David Néel et de son mari Philippe Néel.

Publiée en 1975 aux éditions Plon, elle permet de suivre le périple de la grande voyageuse au caractère intrépide et à l’itinéraire exceptionnel que fut Alexandra David-Néel, la première Européenne à pénétrer en 1924 à Lhassa, capitale alors interdite du Tibet.

Tour à tour cantatrice, journaliste, directrice de casino et écrivain, Alexandra David Néel est un personnage fascinant. Sa correspondance nous faire revivre les moments les plus savoureux de son existence éclectique, caractérisée par un goût insatiable du voyage et du risque. Née en 1868 à Saint-Mandé, elle meurt en 1969 à Digne à l’âge de 101 ans. À 17 ans, elle parcourt en bicyclette toute l’Andalousie. Grande exploratrice, elle voyage en Europe, en Afrique, en Chine puis en Inde. Elle trouvera dans le bouddhisme une spiritualité avec laquelle elle nouera un lien indéfectible.

De telles expéditions sont rendues difficiles en raison des conditions matérielles et des préjugés qui prévalent à l’époque. Pour une femme seule, partir dans des terres aussi lointaines représente une audace périlleuse, voire insensée. Pourtant, ni son sexe, ni sa classe sociale, ni aucun des déterminismes de son temps n’ont pu dissuader l’impétueuse Alexandra David-Néel de réaliser ses projets, comme si elle était d’avance portée pour un destin hors du commun. Aujourd’hui encore, nous sommes édifiés par la vie héroïque de cette intrépide au sang froid et au tempérament volcanique.

Le spectacle repose sur le choix original qui a été fait de se concentrer sur la période de quelques années qui a précédé le départ de l’aventurière en Asie. Il permet ainsi d’observer la gestation d’une existence grandiose et de comprendre en profondeur l’entreprise de cette grande dame.

Une volonté farouche d’indépendance

Après ses premières expériences à l’étranger, Alexandra David-Néel n’a qu’une idée en tête : repartir à l’aventure. Elle a besoin pour cela du support matériel de son mari, Philippe Néel, ingénieur des chemins de fer qui a accepté de l’épouser alors qu’elle avait 36 ans. Le spectacle prend ainsi la forme d’un duel à fleuret moucheté au terme duquel l’époux n’aura d’autre ressource, pour sauver son mariage, que de soutenir l’entreprise de son aventurière de femme.

Assis à ses côtés, un cognac à la main, Philippe Néel retrace, comme dans une revue de presse, les évènements notables de ce début de xxe siècle. Ce procédé ingénieux permet de restituer l’atmosphère et l’esprit de l’époque, en évoquant aussi bien la réhabilitation du capitaine Dreyfus que les origines de l’aviation ou la mode des autographes lancée à Boston par Sarah Bernard.

Le metteur en scène Christophe David a fait le choix de porter ce texte dans le salon d’une des salles paroissiales de l’église Saint-Jacques, près du Luxembourg. Dans un intérieur bourgeois, les deux comédiens nous font vivre un épisode essentiel de la vie intime d’Alexandra David-Néel, où se mêlent la revendication d’indépendance et un certain cynisme, mais également l’humour et la tendresse.

Isabelle Mentré incarne avec justesse toute la force d’une femme aux convictions radicales. Denis Laustriot compose un homme et un mari au caractère passionné, mais profondément bienveillant à l’égard de son épouse et capable de comprendre ses aspirations.

Le spectacle a tout misé sur la psychologie des personnages et moins sur les pérégrinations géographiques et spirituelles d’une femme qui a marqué son époque de sa traversée grandiose. C’est une idée originale et qui nous révèle un aspect moins connu d’Alexandra David-Néel, au destin immense. 

Ulysse Di Gregorio


Correspondance d’Alexandra David-Néel et de Philippe Néel, lecture- spectacle

Mise en scène : Christophe David

Avec : Isabelle Mentré (Alexandra David-Néel), Denis Laustriot (Philippe Néel)

Salle Angélique • 252, rue Saint-Jacques • 75005 Paris

Métro / R.E.R. : Luxembourg

Lundi 30 et mardi 31 mars 2015 à 20 heures

Durée : 1 h 20

Tarifs : de 10 € à 15 €

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