Drôles de divas
Par Anne Cassou-Noguès
Les Trois Coups
Les Divalala sont trois. Ce sont des comédiennes et des chanteuses qui aiment les tubes, du plus disco au plus ringard, du plus drôle au plus émouvant.
Le rideau se lève sur une reprise de Dalida, Laissez-moi danser, qui donne le ton du spectacle. Pour apprécier ce concert, il faut préférer Nostalgie à Radio classique, avoir une bonne dose d’humour et un goût certain pour l’autodérision et le second degré. Si vous vous reconnaissez dans ce portrait, alors la pièce est pour vous. Les trois artistes, toutes de paillettes vêtues, se livrent à un récital hétéroclite. On y identifie quelques rengaines que l’on a tous fredonnées un jour, comme Foule sentimentale d’Alain Souchon, ou encore Casser la voix de Patrick Bruel. Les Divalala s’approprient les airs et les textes, chantant a capella ou accompagnées d’une simple percussion.
Elles se révèlent alors des interprètes talentueuses, dotées d’un sérieux sens du rythme et de voix remarquables. Tantôt il s’agit pour elles de rendre hommage à un artiste, tantôt de prendre leurs distances dans une parodie qui reste bienveillante. On sent qu’elles éprouvent du plaisir à chanter les mélodies qu’elles ont retenues même si elles sont quelque peu datées. Toutefois, elles interprètent aussi des airs moins connus comme la Fessée de Luce ou Conne de Brigitte Fontaine. Elles éradiquent ainsi l’impression désagréable que l’on aurait pu avoir d’être dans une grande surface et d’écouter un C.D. commercial.
Trois artistes en coulisse
De plus, Gabrielle Laurens, Angélique Fridblatt et Marion Lépine ne sont pas seulement chanteuses. Ce sont des comédiennes. Elles incarnent ainsi trois chanteuses, en scène et hors scène. Entre les morceaux, on les retrouve en arrière du plateau avec leurs petits et grands tracas. Elles recourent alors à des phrases de textes de chansons, avec lesquelles elles créent un nouveau dialogue. Ces passages sont souvent très drôles et invitent le spectateur à une écoute dynamique. Chacun cherche en effet à reconnaître tel ou tel couplet.
La variété est au cœur de Femme femme femme. Il est donc logique que la scénographie célèbre les années 1970. Les costumes à paillettes, les perruques, le rideau de fond de scène, en lamé argenté, qui change de couleur en fonction des lumières des projecteurs, tout renvoie à la grande époque de la chanson française. La présence sur le plateau d’une boîte mystérieuse, qui s’ouvre et se ferme sur des surprises, évoque même certains shows télévisés. On songe aux émissions de Maritie et Gilbert Carpentier ou aux « Champs-Élysées » de Michel Drucker. Et c’est peut-être là que le bât blesse. La référence à la télévision, le port de micro qui dénature parfois les voix et leur ôte une part d’émotion, créent une distance entre les trois formidables divas et le public. Pourquoi tant d’artifices ? Les chanteuses n’en ont pas besoin, elles n’ont rien à cacher !
On passe un excellent moment avec Femme femme femme, on sourit souvent et l’on sort en fredonnant. Dommage que l’on reste devant, que l’on ne puisse être dans, dans l’émoi du spectacle vivant. ¶
Anne Cassou‑Noguès
Femme femme femme par les Divalala
Mise en scène : Freddy Viau
Oschestration vocale : Raphaël Callandreau
Avec : Angélique Fridblatt, Gabrielle Laurens, Marion Lépine
Costumes et coiffures : Mon Marin
Assistante costume : Claire Binet
Chorégraphies : Cathy Arondel
Scénographie : Nicolas de Ferran
Mise en lumière : James Graguelin
Son : Olivier Coquelin
Photos : © Charlotte Spillemaecker
Théâtre Trévise • 14, rue de Trévise • 75009 Paris
Réservations : 01 45 23 35 45
Site du théâtre : http://www.theatre-trevise.com/
À partir du 19 septembre, le lundi à 19 h 30
Durée : 1 h 20
Tarifs : de 16 € à 24 €