La précarité, c’est pas du cinéma, par la Coordination des intermittents et précaires d’Île‑de‑France

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Communiqué

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Les Trois Coups

Ce matin, nous, chômeurs, intermittents et précaires, nous sommes invités à la conférence de presse du lancement du Festival de Cannes 2016, à l’U.G.C. Normandie avenue des Champs-Élysées. Nous avons pris la parole devant les quelques centaines de personnes, dont plus de 400 journalistes, invitées à l’évènement.

Notre action vise à affirmer notre refus de la loi Travail et l’exigence d’un droit au chômage pour tous.

Dans ce secteur plus qu’ailleurs, pas de production sans emploi flexible, pas de chiffre d’affaires sans la disponibilité à l’enrôlement productif de l’intermittence. Une question reste posée, est-ce aux salariés à l’emploi discontinu de payer la flexibilité ? Après quarante ans de chômage de masse et de précarisation, le mythe du plein emploi et sa version édulcorée, « la création d’emploi », sont à nouveau invoqués pour mettre en concurrence la population, au nom de la raison économique. On cherche par tous les moyens à nous acculer à un chacun pour soi suicidaire. Au nom de l’emploi – et implicitement, au nom du droit au travail –, le gouvernement entend par sa loi Travail faire imploser le droit du travail. Une fois de plus, il faudrait accepter davantage de flexibilité et moins de droits.

Parmi les mauvais coups qui ont précédé cette ultime tentative de renversement du droit du travail en droit du capital, il a été décidé de précariser davantage les chômeurs, intermittents et précaires. Que près de 6 chômeurs sur 10 soient dépourvus d’allocations chômage ne suffit pas ! Un plan gouvernemental vise 800 millions d’économies à réaliser en coupant encore dans les droits et les indemnités des chômeurs.

Devançant les « négociations » de l’assurance chômage, le président de la République a dès janvier lancé les hostilités. Il a décrit l’indemnisation du chômage comme étant des plus « généreuses » et appelé à de « raisonnables efforts » pour résorber un « déficit » à l’existence contestable, les cotisations étant largement supérieures aux indemnités versées. Une fois l’offensive lancée, les experts de la Cour des comptes ont rempli leur rôle, maquillant les mécanismes d’un « déficit » de l’Unédic dont il s’agissait avant tout de dramatiser l’ampleur. Divers hiérarques socialistes ont fait chorus. La ministre du Travail a suggéré d’instaurer la dégressivité des allocations chômage et brandi la menace : une réduction insuffisante du déficit par les partenaires « sociaux » conduirait l’État à refuser d’agréer le protocole Unédic et à « reprendre la main » pour imposer sa convention chômage, son plan d’économie contre les chômeurs. Le ministère du Budget a esquissé des scénarios : diminuer de 100 jours la durée d’indemnisation toucherait 400 000 personnes ; un jour d’emploi ne vaudrait plus un jour indemnisé mais 0,9, ce qui réduirait les droits de 947 000 allocataires ; diminuer l’indemnisation de 57 % à 49 % du salaire brut antérieur affecterait 1,28 million de chômeurs. Pour les intermittents qui dépendent des annexes 8 et 10, une lettre de cadrage prévoit 185 millions d’euros d’économie pour la seule année à venir et 400 millions d’euros à l’horizon 2020 ! Cette attaque, encore plus violente qu’en 2014, vise clairement la disparition du régime des intermittents.

40 milliards de crédits d’impôt aux entreprises… et les intérimaires aux droits rabotés ; 1 800 000 « chômeurs en activité à temps réduit »

« Mon ennemi c’est la finance » ? L’énoncé a pris sens. Il suffit de prolonger la phrase. L’ennemi, c’est la « finance » des pauvres, des précaires et des salariés : 40 milliards de crédits d’impôt aux entreprises… et les intérimaires aux droits rabotés ; 1 800 000 « chômeurs en activité à temps réduit » subissent les dommages des « droits rechargeables » ; le smic horaire dont relèvent nombre de temps partiels reste toujours aussi bas ; un R.S.A. en baisse et davantage de stigmatisation et de contrôle de ceux qui en dépendent et l’instauration d’une prime d’activité destinée à multiplier les travailleurs pauvres. Une austérité qui ne dit pas son nom fait travailler plus, contrôle davantage et appauvrit.

Une mobilisation déterminée a débuté et se prolonge pour arracher le retrait de la loi Travail, donner un coup d’arrêt à une politique de précarisation qui s’applique partout, par-delà les statuts juridiques sous lesquels nous sommes enrôlés dans la production (C.D.I., C.D.D., autoentrepreneur, C.D.D.U., stagiaires, intérim…). Contre ces attaques, pas question de se borner à défendre un insatisfaisant statu quo. Nous savons que sans droit au chômage, le droit du travail continuera d’être battu en brèche. Ce n’est pas la richesse qui manque. Unis, déterminés, en lutte, nous saurons inventer d’autres pratiques, de nouveaux droits collectifs et imposer une tout autre logique.

À tout bientôt…

Les Trois Coups


Coordination des intermittents et précaires

C.I.P.-Î.‑D.‑F.

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Pour ne pas se laisser faire, agir collectivement, partager infos et expériences, chaque lundi, de 15 heures à 18 heures, des permanences ont lieu au café de la Commune libre d’Aligre • 3, rue d’Aligre • Paris, XIIe

Tél. 01 40 34 59 74

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