« le Malade imaginaire », de Molière, Comédie Nation à Paris

le Malade imaginaire © Mégane Kergoat

Un hypocondriaque indémodable

Par Bénédicte Fantin
Les Trois Coups

La jeune compagnie Out of Artefact offre un beau moment de théâtre avec sa reprise du « Malade imaginaire », un spectacle présenté à Avignon l’année dernière et retravaillé pour la Comédie Nation.

Le théâtre de la Comédie Nation est un espace résolument engagé et ouvert sur les jeunes créations. La directrice des lieux en personne se fend d’un chaleureux discours de présentation avant le début du spectacle.

L’ultime comédie de Molière se concentre sur le personnage d’Argan, ce fameux malade imaginaire, archétype de l’hypocondriaque. Une cohorte de personnages secondaires entend profiter des faiblesses de cet homme obsessionnel. Qu’il s’agisse des médecins cupides ou de Béline, la seconde femme d’Argan feignant l’amour dévoué dans le seul but d’hériter, la duplicité règne dans la maisonnée. Pour se rassurer et s’assurer des soins gratuits à domicile, Argan destine sa fille au médecin Thomas Diafoirus alors que cette dernière aime Cléante. Grâce à l’ingénieuse Toinette, servante d’Argan, les masques tombent et les jeunes amants triomphent.

La scène d’ouverture annonce le parti pris de moderniser l’œuvre : rétroéclairé par son écran d’ordinateur, Argan fait la liste de ses dépenses de soins. La scène apparaît comme un clin d’œil à notre propension contemporaine à consulter frénétiquement les forums et autres sites pseudo-médicaux nourrissant nos angoisses au moindre bobo. La jeunesse du comédien qui interprète Argan (Pablo Chevalier) accentue l’irrationalité du personnage qui ne souffre visiblement d’aucun mal. Face à lui, le bon sens et l’énergie dont fait preuve Toinette, campée par Aurélie Cuvier, offrent un contrepoint comique aux phobies de son maître.

La construction de personnages secondaires hauts en couleur participe pour beaucoup du charme de cette mise en scène. Les Diafoirus père et fils, joués respectivement par Quentin Voinot et Thibaud Jara-Ureta, sont en cela très efficaces. Le duo est digne de Laurel et Hardy tandis que le physique et la gestuelle du fils rappellent Buster Keaton. Charlotte Rouland interprète une Béline très convaincante, tout en autorité et faux-semblants. Malgré quelques passages moins rythmés, on a plaisir à deviner la complicité entre les comédiens de cette jeune compagnie. Bref, un bon moment de théâtre qui peut très bien s’apprécier en famille. 

Bénédicte Fantin


le Malade imaginaire, de Molière

Mise en scène : Renaud Prévautel

Avec : Pablo Chevalier, Aurélie Cuvelier, Thibaud Jara‑Ureta, Mégane Kergoat, Robin Paoletti, Charlotte Roulland, Quentin Voinot

Photos : © Mégane Kergoat

Comédie Nation • 77 rue de Montreuil • 75011 Paris

Réservations : 09 52 44 06 57

Site du théâtre : www.comedienation.fr/

Métro : Nation, Rue‑des‑Boulets, Faidherbe‑Chaligny

Samedi 1er avril à 21 heures (reprogrammation à venir)

Durée : 1 h 30

16 € | 12 €

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