« Le Malade imaginaire », de Molière, Théâtre de Paris

Victoire Bélézy, Daniel Auteuil et Aurore Auteuil dans « Le Malade imaginaire » – Mise en scène de Daniel Auteuil © Julien Panié

Daniel Auteuil, un malade en pleine forme

Par Maxime Grandgeorge
Les Trois Coups

Pour son troisième spectacle en tant que metteur en scène, Daniel Auteuil s’empare du « Malade imaginaire » de Molière. Sa mise en scène classique, mais efficace, lui donne l’occasion de déployer tout son talent d’acteur et de mettre en avant celui de ses partenaires.

Après avoir joué deux fois des pièces de Molière sous la direction de Jean-Pierre Vincent (Les Fourberies de Scapin en 1990 et L’École des femmes en 2008), Daniel Auteuil se lance dans une nouvelle aventure : mettre en scène lui-même l’une des œuvres du génie de la comédie française. Il a décidé de s’attaquer au Malade imaginaire, la dernière pièce de l’auteur, en interprétant lui-même le rôle d’Argan, sur les planches du Théâtre de Paris.

Daniel Auteuil déploie une mise en scène classique, mais efficace, qui met en avant le jeu des acteurs – le sien, notamment. Confortablement installé dans un fauteuil de malade aux airs de trône royal, affublé d’une robe de chambre et d’une toque en fourrure orientale, il orchestre le ballet des comédiens qui s’activent autour de lui. Vêtus de costumes d’époque, les acteurs évoluent dans un cabinet bourgeois rouge-orangé meublé de chaises, d’un paravent aux motifs bucoliques et de quelques instruments médicaux. La simplicité de la scénographie laisse tout l’espace aux comédiens.

Daniel Auteuil dans « Le Malade imaginaire » © Julien Panié
Daniel Auteuil dans « Le Malade imaginaire » © Julien Panié

Aurore Auteuil, complice de son père

Daniel Auteuil interprète un Argan drôle et touchant, colérique avec sa servante, obstiné avec sa fille, agonisant avec ses médecins et mielleux avec sa femme. Il enchaîne les grimaces et vire au rouge cramoisi, alterne gémissements et hurlements, tout en tirant merveilleusement parti du regard ahuri qu’on lui connaît, à partir de son fauteuil de convalescent, qu’il quitte rarement. Mais, lorsqu’il daigne se lever, on ne l’arrête plus. Il saute, court, descend dans la salle ou se traîne par terre, tel un forcené.

Victoire Bélézy, à qui Auteuil avait confié en 2013 le rôle de Fanny dans l’adaptation cinématographique de Marius et de Fanny de Marcel Pagnol, incarne une Aurore rebelle et pleine de charme. Natalia Dontcheva, que l’on a pu voir récemment au cinéma dans Mademoiselle de Joncquières d’Emmanuel Mouret, est convaincante en marâtre hypocrite et manipulatrice. Pierre-Yves Bon, Gaël Cottat et Jean-Marie Galey remplissent très bien leurs rôles respectifs de jeune premier, de prétendant sous-doué et de médecin ridicule. On prend également plaisir à apercevoir Loïc Legendre (le prêtre dans Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu) dans le rôle du médecin d’Argan, même s’il en fait un peu trop. Mais c’est Aurore Auteuil, la fille de Daniel Auteuil, qui tire le mieux son épingle du jeu. Parfaite en Toinette, elle forme un très beau duo avec son père, et partage avec lui une indéniable complicité.

Mission réussie pour Daniel Auteuil : il fait plaisir aux vrais malades de théâtre.  

Maxime Grandgeorge


Le Malade imaginaire, de Molière

Mise en scène : Daniel Auteuil

Avec : Daniel Auteuil, Alain Doutey, Aurore Auteuil, Victoire Bélézy, Pierre-Yves Bon, Natalia Dontcheva, Jean-Marie Galey, Gaël Cottat, Loïc Legendre, Cédric Zimmerlin, Laurent Bozzi, Héloïse Bacquet, Judith Berthelot et Nina Schmitt

Théâtre de Paris • 15, rue Blanche • 75009 Paris

Du 25 janvier au 10 mars 2019, du mercredi au samedi à 20h30, samedi à 17h et dimanche à 15h30.

De 28 € à 73 €

Réservations : 01 42 80 01 81

Durée : 1 h 50 environ.

Photo © Julien Panié

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