« les Orphelines », de Marion Aubert, la Grande Ourse à Villeneuve‐lès‑Maguelone

« les Orphelines » © S. Janou

On adopte avec joie ces « Orphelines »

Par Marie‑Christine Harant
Les Trois Coups

Il faut suivre Marion Aubert. Cette jeune femme très douée, auteur et metteuse en scène, écrit plus vite que son ombre pour honorer ses nombreuses demandes. La dernière en date, « les Orphelines », lui a été commandée par le centre dramatique régional de Vire. Un spectacle pour le jeune public, mis en scène par Johanny Bert, où deux univers se rencontrent et se fondent en une parfaite osmose. Délectable dès 9 ans.

En début de saison, on a déjà fait la connaissance des personnages principaux des Orphelines. En effet, Marion Aubert, qui ne sait pas faire court, avait écrit une pièce fleuve, tellement riche qu’après avoir taillé et retaillé dans son texte, elle avait de quoi proposer une version adulte, Parfois lorsque les garçons arrivent le temps s’arrête, vue à Villeneuve-lès‑Maguelone. Le thème identique est développé d’une manière moins crue dans les Orphelines. Dans un pays imaginaire, on tue les petites filles dès la naissance. Mais certaines parviennent à survivre, et sont rassemblées dans une sorte de pension. Violaine, Madeleine, Sonia et les autres, comme toutes les petites filles de leur âge, parlent des garçons, jouent à la poupée et rêvent de belles robes. Un homme, détective ou journaliste, mène l’enquête dans cet étrange pays où les rois ont des zizis en or et portent des couronnes en carton ! Et où les gamines sont symbolisées par des robes miniatures, alignées sur des étagères.

« les Orphelines » © S. Janou
« les Orphelines » © S. Janou

L’étrange pays est représenté par un dispositif scénique créé par Jean‑Pierre Gallet, à la fois simple et terriblement ludique. L’action se passe non seulement sur la scène, mais sur les côtés de la salle cernée de rideaux. Tirés ou fermés, ils délimitent les différents endroits du jeu. Dans le prologue, les personnages apparaissent dans une sorte de castelet. Ils expliquent comment on fait les enfants, décident quels couples peuvent procréer et jettent à l’eau ceux qui ne sont pas sélectionnés, sans autre forme de procès. Les changements rapides d’espaces suivent le rythme endiablé de cette histoire fantasque. Dans les Orphelines, Violaine n’est plus qu’une poupée de chiffon créée par Judith Dubois et animée par Aurélie Édeline. Les enfants se reconnaissent dans cette héroïne qui leur ressemble. Délicieusement perverse, elle mène son monde en faisant fi des tabous. Sa règle à elle, c’est la transgression, celle qui permet de tester la résistance de l’autre, copine ou adulte. On adopte avec joie ces Orphelines !

Dans la version adulte, Marion Aubert s’était réservé le rôle de Violaine, dans les Orphelines, Aurélie Édeline prête sa voix à la poupée de chiffon. Elle est prodigieuse. Cette comédienne, qui n’a fait que croiser l’auteur, s’est complètement approprié le texte au point qu’elle devient Marion Aubert : mêmes intonations, mêmes inflexions, même débit en rafale, même phrasé inimitable. Très troublant, à une nuance près : en général, le jeu de Marion et de ses interprètes est davantage dans l’hystérie. Donné de façon plus posée, le texte ne perd rien de son impact, au contraire. Johanny Bert, le metteur en scène, a merveilleusement adapté son univers riche d’images à celui de Marion Aubert aux accents surréalistes. On comprend mieux après cette création pourquoi la jeune Montpelliéraine s’est déjà fait un nom auprès de ses pairs. Les dramaturges l’ont accueilli dans leur club, que ce soit Jean‑Michel Ribes, Rémi De Vos ou Fabrice Melquiot. Prochain rendez-vous avec Marion Aubert au Théâtre des Treize-Vents, avec Orgueil, poursuite et décapitation : vaste programme ! 

Marie‑Christine Harant


les Orphelines, de Marion Aubert

Le Préau • C.D.R. de Vire • place Castel • 14503 Vire

02 31 66 16 00

www.lepreaucdr.fr

Mise en scène : Johanny Bert

Avec : Aurélie Édeline, Anthony Poupard, Thomas Gornet

Scénographie : Jean‑Pierre Gallet

Création marionnettes : Judith Dubois

Création peintures et costumes : Kristelle Paré

Création lumière : Laurent Poussier

Photos : © S. Janou

La Grande Ourse • centre culturel Bérenger-de‑Frédol • 235, boulevard des Moures • 34751 Villeneuve-lès‑Maguelone

Réservations : 04 67 69 58 00

Le 29 janvier 2010 à 20 h 30

Durée : 1 h 10

12 € | 11 € | 9 € | 8 € | 7 €

Tournée :

  • 7 et 8 avril 2010, le Cratère, Alès
  • Du 20 au 22 avril 2010, Théâtre de la Chapelle-Saint‑Louis, Rouen

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