« Mort d’une montagne », de Jérôme Cochet et François Hien, Théâtre du Point du jour à Lyon

Mort-d-une-montagne © Émile Zeizig

La montagne au cœur

Par Trina Mounier
Les Trois Coups

À mi-chemin du théâtre documentaire et de l’œuvre de fiction, François Hien et Jérôme Cochet ont, une fois de plus, uni leur talent d’écriture pour nous parler d’une passion commune. Incontestablement, « Mort d’une montagne » est une réussite.

Inscrit dans la programmation du Théâtre du Point du jour comme partie intégrante du « Parcours bouleversements climatiques », Mort d’une montagne annonce la couleur. Il s’agit bien de dénoncer un désastre écologique, la fonte des glaciers, et ses conséquences dramatiques, notamment pour les populations locales. Il convient de saluer d’abord la rigueur scientifique des explications qui nous sont données, de façon à la fois claire et précise. Mais aussi le minutieux travail d’enquête auquel les auteurs se sont livrés auprès des différentes parties prenantes, maires, préfet, guides de haute montagne, commerçants dont l’activité tient au tourisme.

Tel quel, ce pourrait être indigeste. Pourtant, c’est loin d’être le cas. À partir de ce matériau, Jérôme Cochet et François Hien ont écrit une fiction avec des personnages, un lieu imaginaire (mais très ressemblant). Ces quatre personnages, joués par des comédiens remarquables, Fabienne Courvoisier, Camille Roy et Stéphane Rotenberg, et surtout Martin Sève, époustouflant de vérité, donnent de la chair à cette histoire : ils campent une famille de passionnés qui a déjà beaucoup donné à la montagne et à qui la montagne a pris beaucoup. Hormis cette contraction familiale, ils « représentent » les guides, les gardiens de refuge, les médiateurs chargés de contenir les mécontentements et… une touriste amoureuse de la montagne décidée, quoi qu’il en coûte, à tenter une ascension extrêmement périlleuse. Comme se plaît à le faire l’Harmonie Communale : convoquer tous les acteurs d’un conflit et faire entendre les arguments de tous, respectueusement.

Un spectacle saisissant

On parle donc beaucoup, et passionnément, dans Mort d’une montagne. Des discussions lestées d’histoires personnelles souvent marquées par la mort d’un proche. C’est ce qui nous fait sortir de l’abstraction et nous rend proches des personnages, très vivants. Là encore, on pourrait craindre un spectacle bavard, verbeux. Grâce à la mise en scène au cordeau de Jérôme Cochet, on suit cette histoire comme un roman d’aventures contemporaines sans jamais s’ennuyer ni perdre le fil pendant presque deux heures. On est touché.

Il faut encore dire un mot de la scénographie de Caroline Frachet, formidable. Faire vivre la montagne dans un gymnase de lycée, ce n’était pas acquis. Et pourtant par un jeu subtil de tulles, de vidéo et de lumières, elle crée l’illusion de l’immensité, de l’altitude, du lointain et donc aussi de la solitude. Caroline Mas au son, parvient à faire entendre le vent, les craquements de la montagne.

Je terminerai par l’écriture elle-même, toujours efficace, précise avec, insérés dans la pièce, notamment en introduction, des monologues d’une grande force poétique et d’une beauté à la hauteur du sujet. La montagne a mis des étoiles dans l’écriture des deux auteurs. Souhaitons à ce magnifique spectacle qui parle à tous la longévité qu’il mérite. 

Trina Mounier


Mort d’une montagne, de Jérôme Cochet et François Hien

Compagnie Les Non Alignés, en partenariat avec l’Harmonie Communale

Texte : Jérôme Cochet et François Hien

Mise en scène : Jérôme Cochet

Avec Martin Sève, Fabienne Courvoisier, Camille Roy et Stéphane Rotenberg

Scénographie : Caroline Frachet

Création vidéo : Jérémy Oury

Composition son : Caroline Mas

Création lumières : Nolwenn Delcamp-Risse

Création costumes : Mathlde Giraudeau

Théâtre du Point du jour • 9, rue des aqueducs • 69005 Lyon

Du 18 au 22 janvier 2022

Billetterie : 04 78 25 27 59 ou en ligne

Tournée :

  • Les 18 janvier, à 20 heures et le 19 janvier à 10 heures, Lycée Branly, 25 rue de Tourvielle, à Lyon
  • Le 20 janvier à 20 heures, MJC Saint-Just, 6 rue des fossés de Trion, à Lyon
  • Le 21 janvier à 20 heures et le 22 janvier à 18 heures au Gymnase de la Quarantaine, 41 rue de la Quarantaine, à Lyon
  • Les 26 et 27 janvier, Théâtre municipal de Grenoble

À découvrir sur Les Trois Coups :

☛ Olivier Masson doit-il mourir ?, de François Hien par Michel Dieuaide

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