« Opening night », de John Cassavetes, Théâtre des Célestins à Lyon

« Opening night » de John Cassavetes © Simon Gosselin

Une icône peut en en cacher une autre

Par Trina Mounier
Les Trois Coups

Le brillant et jeune metteur en scène Cyril Teste aime prendre des risques. Il s’est penché sur l’adaptation de « Festen », la saison passée. Il s’essaie aujourd’hui à une mise en scène d’« Opening night » et offre à Isabelle Adjani le rôle tenu par l’immense Gena Rowlands, dans le film de Cassavetes.

On comprend la fascination du metteur en scène pour le réalisateur. La part de l’image, plus encore de l’image filmée, est essentielle dans son art. Il aime multiplier ainsi les différents plans, placer ses acteurs dans toutes sortes d’espaces, et créer ainsi des métaphores comme des raccourcis. Il est évident aussi qu’il a pu être saisi de vertige devant celle qui incarne LA star, un monstre de féminité, de fragilité et de séduction : Isabelle Adjani. 

« Opening night » de John Cassavetes © Simon Gosselin
« Opening night » de John Cassavetes © Simon Gosselin

Cherchez l’actrice

Voici intrigue : à quelques heures de la première d’un spectacle, la star assiste à la mort d’une jeune admiratrice, une inconnue qui vient de se précipiter à ses genoux, en lui criant son amour. Comment va-t-elle pouvoir, sous le coup de cette émotion, affronter elle-même la scène ? Où pourra-t-elle puiser l’énergie pour sortir du gouffre où elle tombe ?

Un scénario solide, une tête d’affiche, un metteur en scène talentueux : pourquoi la pièce ne convainc-t-elle pas ? D’abord, le fond de l’intrigue n’est pour ainsi dire pas traité. Puis, une certaine confusion rend cette histoire pourtant linéaire difficile à suivre, et parsemée de longueurs. Depuis sa création le spectacle n’en finit d’ailleurs pas de se métamorphoser, comme condamné à un statut d’ébauche. Si le jeune Morgan Lloyd Sicard, présente un jeu composite et subtil remarquable de bout en bout, le rôle tenu par Frédéric Pierrot, habituellement excellent comédien, devient en revanche si secondaire qu’il tend à s’effacer.

Mais surtout l’actrice, elle-même, semble absente. On l’entend à grand peine, malgré le micro, tant elle semble évanescente, fantôme d’elle-même sinon de Gena Rowlands, encore dans toutes les mémoires. Elle murmure, quand on attendrait le feulement sauvage d’un monstre blessé. Qu’elle cache son regard derrière ses habituelles lunettes noires ou offre son visage nu à une caméra inquisitrice, elle ne dépasse jamais son rôle et son statut d’icône. Une vraie déception. 

Trina Mounier


Opening night, de John Cassavetes

Mise en scène : Cyril Teste

Adaptation : Daniel Loayza

Jeu : Isabelle Adjani, Morgan Lloyd Sicard, Frédéric Pierrot et la participation de Zoé Adjani

Durée : 1 h 15

Teaser vidéo

Photo © Simon Gosselin

Théâtre des Célestins • 4, rue Charles Dullin • 69002 Lyon

Du 26 mars au 3 avril 2019, à 20 heures, samedi à 15 heures et 20 heures, dimanche à 16 heures, relâche lundi

Réservations : 04 72 77 40 00

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