« Sous l’armure », de Catherine Anne, Théâtre Dijon‐Bourgogne

Sous l’armure © Michel Ferchaud

Oyez, jeunes gens, l’histoire du chevalier et de la chevalière !

Par Morgane Patin
Les Trois Coups

Jouée dans le cadre du festival À pas contés, qui met à l’honneur les spectacles pour jeune public, la pièce nous transporte dans un Moyen Âge revisité qui sait ravir petits et grands. Optimiste et vive, elle interroge les stéréotypes pour résoudre le mystère de ce qui se trouve là, caché sous notre armure.

Nous voilà entraînés au cœur d’une famille noble à l’époque des châteaux forts et des guerres nombreuses. Les parents, leur jeune fille, le jeune homme qui leur est confié pour apprendre l’art des armes, et le dernier né : un petit garçon. Il faut partir au combat. L’heure est aux choix. Le père a parlé : ce sera l’armure pour Thibault, le couvent pour Christine. Mais l’épée qui porte la mort effraie Thibault, et Christine, élevée comme le garçon que son géniteur n’espérait plus, refuse la prison que constituerait la robe monacale. C’est alors que les deux jeunes gens décident d’échanger leurs vêtements et leur destin. Christine prend l’armure ; Thibault fuit en robe.

C’est sur cette base que l’intrigue commence. Les espaces attendus du récit chevaleresque s’affichent sous les yeux du spectateur : château, forêt, logis de paysans. Le décor est simple, épuré, mais efficace. Le jeu des lumières et des ombres sait créer pour chaque scène une atmosphère qui convient et qui est propre à déployer notre imaginaire.

Comme dans toute aventure chevaleresque, le parcours du héros devient initiation. C’est ici que la pièce trouve son originalité : l’inversion des rôles entre Christine et Thibault offre au public deux protagonistes, et à travers eux deux révélations. Les jeunes gens se retrouvent rapidement confrontés aux limites de leur choix initial. Car l’épreuve guerrière n’apporte nul salut. De même, Thibault est vite démasqué. Aussi nos personnages sont-ils incapables de rentrer au château et condamnés à reconstruire leur identité. Et puisqu’il faut un monstre à affronter, et une quête à accomplir, notre duo va devoir combattre le dragon aux sept têtes, avatar à peine voilé de l’hydre de Lerne, et recueillir les plantes médicinales qui doivent guérir Christine.

Chevalerie rêvée

Le conte sait jouer parfaitement avec les attentes du spectateur. Il nous offre en effet tous les ingrédients du récit de chevalerie. L’enchaînement de scènes courtes rythme l’histoire avec brio. Le jeune public apprécie particulièrement. Ce tempo est encore soutenu par l’énergie des comédiens, véritable atout de la représentation. La vivacité des dialogues abîme un peu la correction de la langue par moments, c’est là le seul hiatus.

Le décalage créé avec l’inversion des rôles permet également de faire naître des passages drôles ou émouvants. L’alternance qui nous mène successivement de l’un à l’autre est d’ailleurs ce qui surprend le plus au fil du spectacle. On est finalement toujours entre terrain connu et étonnement. À ce jeu, l’adulte se laisse prendre comme l’enfant.

Musicalité réussie

Il manquait un personnage médiéval, et Sous l’armure nous l’offre : le ménestrel. Mais pour les besoins de l’histoire, le musicien cache sous son costume et sous sa barbe blonde une femme.

Faisant le lien entre les différentes étapes, puis devenant l’adjoint de nos héros, il rappelle que les histoires sont objets de chansons. Il est aussi le symbole de l’importance de la musique dans la pièce. Chant des oiseaux, tambour de guerre, rugissement du dragon, l’aventure est toujours ponctuée d’une mélodie pleine de sens. Tout cela semble montrer que chacun a une musique blottie sous l’armure qu’il doit prendre soin d’écouter et de déchiffrer. 

Morgane Patin

Lire aussi « Une année sans été », de Catherine Anne, Ateliers Berthier à Paris.


Sous l’armure, de Catherine Anne

Mise en scène : Christian Duchange, assisté d’Eléonora Ribis

Avec : Adeline Guillot,
 Ana Bogosavljevic, 
Julien Bodet,
 Aurélia Lüscher, Emmanuel Matte

Scénographie : Christian Duchange et Julien Barbazin

Création musicale : Stéphane Scott

Création lumière : Julien Barbazin

Création costumes : Nathalie Martella

Régie générale : Jérémie Renault

Production : Cie l’Artifice

Photo : © Michel Ferchaud

Théâtre Dijon-Bourgogne • parvis Saint-Jean • 21000 Dijon

Réservations : 03 80 30 12 12

Site du théâtre : http://www.tdb-cdn.com/

Du 8 au 11 février 2016

10 € | 8 € | 5,5 €

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