« Une pelle », d’Olivier Debelhoir, festival Multi-Pistes à Nexon

Une-pelle-Olivier-Debelhoir © Sarah-Meneghello

Perchés

Par Léna Martinelli
Les Trois Coups

Ascension funambule pour deux comédiens, « Une Pelle » est une grosse farce au bon goût de pop corn. Au sommet de son art, Olivier Debelhoir ?

Il avait déjà partagé son vélo avec trois autres lurons qu’il portait sur ses épaules et fait le cow boy, en duo, sous chapiteau, encordé comme sur une crête. Cette fois-ci, l’aventurier franchit un nouveau cap. Le trappeur a quitté sa tanière (Chez Boris) pour de plus vastes horizons, en extérieur, avec le Château de Nexon, en arrière-plan, dans un corps à corps insolite.

Après avoir exploré de nombreux domaines, dont le clown, le taï chi, Olivier Debelhoir revient donc au funambulisme, la discipline dans laquelle il a commencé. Il a testé échelle, chaise, poutre. Il revient au fil de fer, mais rien n’est jamais classique avec lui. Dans son spectacle précédent, son numéro à 20 cm du sol, à portée de main, lui permettait d’attraper bêche, ski et autres accessoires inattendus. Cette fois-ci, il vise haut. Sans garde fou.

« Laisse tes mains sur mes hanches »

Pour traiter de la relation à l’autre, Olivier Debelhoir et le comédien Anthony Breurec explorent la logique de l’équilibre et du mouvement, le temps d’un parcours aboutissant 10 mètres plus haut. Ils expriment leurs sensations. Ils ont peur. Alors ils parlent. Beaucoup trop. Cependant, cette approche funambule en duo laisse apparaître l’essentiel – l’importance de la confiance et de la collaboration pour bâtir un autre monde, sensible et décalé.

Cette improbable ascension s’avère une belle performance. En rythme, les partenaires doivent s’apprivoiser et n’ont pas le droit à l’erreur. Malgré l’apparente désinvolture, l’engagement physique exige une concentration extrême, surtout que le comédien n’est pas… circassien. Toutefois, il ne s’agit pas de se prendre au sérieux. C’est une expédition, pas une conquête.

Au début, tel un chef de camp, Olivier Debelhoir sollicite les gens, pour aller chercher du petit bois, garder les mômes… Des injonctions que l’on doit entendre « À vous de construire du sens ! » Car le fil directeur est ténu. Pendant cette escalade hors norme, avec un long temps de pause pendant lequel les funambules admirent le coucher de soleil, Mathieu Hibon et le régisseur général Michaël Phillis mettent eux aussi la main à la pelle. L’un s’active à faire du feu pour préparer une surprise au public ; l’autre tente une animation musicale. Ils vont et viennent, créent du lien, à leur façon.

Une pelle pour faire la révolution ? Ces anti-héros ont beau avoir l’air sympathiques, prêts à nous accueillir dans leurs tentes aux quatre coins du terrain (il paraît qu’un ours est passé dans le fond), ils meublent un spectacle aux fondations peu solides. Musiques improvisées et dégustation devant un grand brasier, course folle et autres facéties ne suffisent pas à nous soulever. Dommage ! 

Léna Martinelli


Une Pelle, d’Olivier Debelhoir 

Site de la compagnie

Avec : Anthony Breurec, Olivier Debelhoir, Mathieu Hibon, Michaëk Philis Regards extérieurs : Sophie Borthwick et Isabelle Antoine

Construction structure : Phil de Block et atelier Prélud, en collaboration avec Tatiana Bongonga, Chloé Levoy et Jan Naets

Durée : 1 h 15

À partir de 8 ans

Parc du château • 87800 Nexon

Dans le cadre du festival Multi-Pistes

Du 13 au 14 août 2021, puis tournée

Tarif unique : 14 €

Réservations en ligne

À découvrir sur Les Trois Coups :

☛ Un soir chez Boris, d’Olivier Debelhoir, par Léna Martinelli

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