Viens dans mon île 2014, avec Elmer Food Beat et Bernard Lavilliers

Bernard Lavilliers © Thomas Dorn

Bernard Lavilliers : un concert poignant

Par Léna Martinelli
Les Trois Coups

Le festival Viens dans mon île de L’Île-d’Yeu vient de s’achever sur une bien belle soirée, dont un concert exceptionnel de Bernard Lavilliers.

Malgré la pluie qui était malheureusement de la partie, la soirée de clôture a été une vraie fête. En première partie : The Group, formation de 2009, fidèle à L’Esquadrille, bar de L’Île-d’Yeu qui organise de nombreux concerts tout au long de l’année. Désireux de faire entendre le meilleur de ce qui passe sur certaines radios, ce groupe s’est spécialisé dans les reprises des années soixante à quatre-vingt. Il faut dire que la voix rocailleuse de Jacky Will’s se prête bien aux reprises rythm and blues. Aussi très à l’aise sur la grande scène de la Citadelle, Pascal Davoz, Jean‑Jacques Hertz, Fred’ô Westrich et Gilles Mérienne s’en sont donné à cœur joie.

Quant à Elmer Food Beat, groupe nantais bien connu à L’Île-d’Yeu pour avoir mis l’ambiance au mythique bar de la Marine dans les années quatre-vingt-dix, il n’a pas pris une ride. Toujours adeptes du sexe sans complexes et avec latex, les auteurs du hit Le plastique, c’est fantastique continuent à faire danser la France des plages. C’est avec un plaisir non dissimulé qu’ils ont clos le festival de L’Île-d’Yeu où ils reviennent régulièrement.

Elmer Food Beat : une joyeuse bande à la libido toujours active

Depuis le disque 30 cm (1990), il s’en est passé des choses malgré une décennie de « break » : des centaines de concerts, des milliers de kilomètres parcourus, des dédicaces jusque sur des seins nus et bronzés, trois albums studio, des compilations écoulées à plus d’un million d’exemplaires, un double disque d’or remis lors d’un Olympia à guichets fermés et le prix Groupe de l’année aux victoires de la musique (1991).

Bouffon à ses heures et « acrobate du string », c’est le chanteur Manou qui pilote ce combo rock. La casquette Elmer Food Beat vissée sur la tête, marcel et short qui bâille, chaussettes aux couleurs du F. C. Nantes bien remontées, c’est un interprète hors pair. Entouré de « Kalou » (bassiste aux improbables chemises colorées), Vincent (batteur à la bonne humeur contagieuse), « Twistos » (guitariste aux éternels bermudas) et « Grand Lolo » (guitar hero légendaire et tatoué, tout droit venu de Los Angeles), il a mis le feu à la Citadelle.

Elmer Food Beat, c’est de la franche « déconnade » sur de la vraie musique ! On a pu y entendre de nouveaux titres de leur dernier album les Rois du bord de mer, où l’on croise entre autres l’homme à tout faire d’Électroménager et Paméla, brune à petite poitrine, fille de la si peu farouche Daniela. Dans Mon cœur balance, le groupe partage aussi son béguin pour les blondes, les brunes et les rousses. Selon les dires de Manou, la Caissière de chez Leclerc, « à la retraite, coule des jours heureux dans un mobil home à L’Île-d’Yeu et Daniela, aujourd’hui épouse d’un riche banquier luxembourgeois, gravite désormais dans les hautes sphères ! ». Mais il aurait été impensable de ne pas chanter quelques-uns des hits qui ont fait leur (sulfureuse) réputation, comme Couroucoucou roploplo, avec son clin d’œil à Bernard Lavilliers *, justement programmé avant.

Bernard Lavilliers : un « grand » de la chanson française

Baroudeur au grand cœur, Bernard Lavilliers est une vraie légende qui a marqué plusieurs générations. Depuis son premier album (1972), il n’a pas cessé d’enchaîner les succès, sans jamais faire de concessions au show-business. Admirateur de Léo Ferré, il produit des textes qui ont du sens et portent loin. Pas étonnant, cette poésie ! N’oublions pas que son père spirituel est Jacques Prévert. Voyageur infatigable, il s’est beaucoup imprégné des rythmes locaux, des images et des couleurs, pour écrire et composer ses chansons, livrant de magnifiques carnets de voyage dont on ne se lasse pas. Bernard Lavilliers a su fuir la gloire pour se ressourcer, à plusieurs reprises, notamment en Amérique latine. Solitaire marginal et utopiste, il a pourtant toujours su rester en phase avec le peuple. De France et d’ailleurs.

À près de soixante-dix ans, il continue de vadrouiller sur les chemin des festivals. À L’Île-d’Yeu, Bernard Lavilliers a offert au public un concert poignant. Sur la scène baignée des lumières de la Jamaïque, sa musique qui allie toujours les couleurs et les styles (reggae, rock, musique latino) a entraîné la foule. Relevons la qualité d’interprétation de ses musiciens, tous excellents. Dans la besace du chanteur, des reprises qui ont ravi le public, comme une très belle version acoustique de On the Road Again, le tube Melody Tempo Harmony, en guise de rappel, ou encore la Salsa, mais aussi plusieurs titres issus de son vingtième album, Baron samedi, inspiré de son voyage en Haïti après le tremblement de terre qui a tué plus de 300 000 personnes en 2010. Un bel hommage à cette terre lointaine dévastée et aux survivants qui se relèvent vaille que vaille. Éternel indigné, ce « grand » de la chanson française ne rate jamais une occasion de dénoncer la misère dans le monde. Une bien belle invitation au voyage et à la générosité pour finir Viens dans mon île ! 

Léna Martinelli

* Paroles de Couroucoucou roploplo : « Tout contre toi dans la samba / Il a découvert tes gros nénés / Rio de… / Rio de janvier, Bernard Lavilliers / Moi j’ai tout oublié sauf tes gros nénés.


Viens dans mon île, 2014

http://www.viens-dans-mon-ile.com/

contact@viens-dans-mon-ile.com

La Citadelle • 85350 L’Île-d’Yeu

Accès fléchés depuis Port-Joinville

Du 5 au 9 août 2014 à 20 heures

  • Mardi 5 août 2014 à 20 heures : Home Most Days, Gush, Skip the Use
  • Jeudi 7 août 2014 à 20 heures : Zaz, Julien Doré
  • Samedi 9 août 2014 à 20 heures : The Group, Bernard Lavilliers, Elmer Food Beat

Pass 3 jours 95 € | le 5 août : 35 € | le 7 août : 39 € | le 9 août : 39 €

Tarif moins de 12 ans : 15 €

Navettes spéciales de la Compagnie vendéenne (départ : Saint-Gilles-Croix-de-Vie chaque soir à 18 heures et retour en fin de spectacle) à 10 € l’aller-retour

Depuis Fromentine, Yeu Continent propose aussi des horaires adaptés et une remise spéciale de 30 % sur le billet aller-retour des festivaliers (« Escapades spécial festival »).

www.compagnievendeenne.com • 0825 139 085

www.compagnie-yeu-continent.fr

Photo de Bernard Lavilliers : © Thomas Dorn

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