« Andrea Del Sarto », d’Alfred de Musset, Fabrik’ Théâtre à Avignon

Andrea Del sarto © D.R.

Un éprouvant moment de théâtre

Par Élise Ternat
Les Trois Coups

C’est dans le cadre de la mise en scène d’une pièce du répertoire classique « Andrea Del Sarto », d’Alfred de Musset, que nous retrouvons la compagnie lyonnaise Les Désaxés. Meurtre, duel à la rapière, âmes errantes au menu de cette pièce, où se croisent les destins. Une intrigue qui s’annonçait palpitante pour un rendu final long et inégal.

Peintre florentin de la Renaissance, Andrea Del Sarto découvre que Lucrèce, son épouse, source de son inspiration, s’est éprise d’un autre, Cordiani. De là, le peintre ruiné et bafoué dans son amour, sombre dans une déchéance destructrice. Une véritable descente aux enfers que vont subir les spectateurs durant près de deux heures.

Quelques originalités en matière d’interprétation, numéro de claquettes de Cordiani, passages chantés par le fantôme de Grémio, médecin à tête d’oiseau, combat d’épées… Des personnages dont on ne comprend pas toujours le sens de l’apparition. On pense, par exemple, à l’inquiétant médecin, dont on suppose qu’il vient annoncer la peste à Andrea Del Sarto. Des personnages pourtant excessifs, incarnés par des comédiens convaincants dans leur jeu. Mais une énergie qui tend parfois hélas à l’hystérie.

Le dispositif scénographique, constitué de deux immenses toiles en référence aux peintures de la Renaissance, investit tout l’espace de jeu. L’incursion d’objets du quotidien tend à un rendu hétéroclite et inégal. Un mélange des genres qui brouille la compréhension de l’époque dans laquelle l’histoire se situe. Ainsi, l’utilisation de néons ou d’une guirlande lumineuse en fond de scène donne lieu à des alliances hasardeuses.

L’incursion de la vidéo, quant à elle, semble provenir de la volonté d’apporter une touche de modernité à cette pièce du répertoire classique. Or, l’usage un peu artificiel et pas toujours très heureux qui en est donné flirte parfois avec le ridicule : images faussement intimidantes, visages grimés, paysages verdoyants qui n’ont pas grand intérêt au regard de l’intrigue. On approche même parfois de la cacophonie sonore lorsque la bande-son de la vidéo parasite la musique jazz diffusée par un poste à musique.

Une pièce longue, où très vite l’ennui s’installe. Le rythme de l’intrigue est lui aussi très inégal. En effet, les deux premiers actes semblent démesurément longs. Une descente aux enfers qui n’en finit pas. Une pièce que l’on oublie pourtant très vite une fois sorti de la salle.

Andrea Del Sarto, ici adapté par la Cie Les Désaxés, ne figurera certainement pas parmi les pièces les plus marquantes de ce Off 2008, si ce n’est par sa longueur et son inégale qualité. Cette adaptation donnera peut-être envie de lire la pièce afin de comprendre enfin ce qui s’y joue. 

Élise Ternat


Andrea Del Sarto, d’Alfred de Musset

Cie Les Désaxés Théâtre • 28, rue de la République • 69330 Meyzieu

04 78 04 20 62

www.desaxestheatre.com

Mise en scène : Lionel Armand

Avec : François Tantot, Anthony Liebault, Nathacha Picard, Séverine Anglada, Lionel Armand, Vincent Villemagne, Florian Bardet, Daniel Croze

Création lumière : Nicolas Combasson

Régie lumière : Damien Peray

Régie vidéo : Emmanuelle Cornut

Réalisation vidéo : Lionel Armand et Emmanuelle Cornut

Maître d’armes : Éric Chatanay

Costumes : Maribel Haillant

Masque : Franck Stadler

Construction décors : Pascal Pourrat et Jonathan Brunet

Communication : Véronique Sanchez

Fabrik’ Théâtre • 32, boulevard Limbert • 84000 Avignon

Réservations : 04 90 86 47 81

Du 10 juillet au 2 août 2008 à 19 h 45

Durée : 1 h 40

14 € | 9 € | 6 €

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