« la Belle et la Bête », de Virginie Bienaimé, Grandes Écuries, domaine de Chantilly

La Belle et la Bête © D.R.

Un vrai spectacle de Noël

Par Anne Cassou-Noguès
Les Trois Coups

C’est l’histoire de la Belle et de la Bête qui nous est contée, pas tout à fait celle que l’on connaît, mais une adaptation, dans laquelle les chevaux ont un rôle important. Ces animaux sont en effet au cœur du spectacle équestre qui se joue dans le magnifique dôme des Grandes Écuries à l’occasion des fêtes de fin d’année.

Le début du spectacle déçoit, autant le dire. Une narratrice commence son récit dans un micro, accessoire absolument nécessaire compte tenu de la taille de la salle. Ce qui est en revanche superflu, ce sont les effets sonores, la déformation de la voix qui fait entendre à tous coups la « bêêêêêête » à chaque fois que le nom de ce personnage est prononcé, en écho avec celui de la « beeeeeelle ». Et puis, on se prend à sourire des infléchissements que le conte subit de manière très systématique pour que les chevaux soient mentionnés. Ainsi, la Belle entretient une relation passionnée avec sa monture, avant que cette dernière ne soit vendue à la mort de son père. C’est la Bête qui lui rendra son fidèle destrier. Mais très vite, on oublie la voix et ses effets spéciaux, on oublie l’histoire, que l’on connaît de toute façon par cœur, et on se laisse séduire par les images.

On ne s’ennuie pas une seconde

En effet, ce qui se joue sous nos yeux est merveilleux. On note d’abord la très grande variété des performances scéniques. Ainsi, Soizic Nadreau exécute des acrobaties aériennes, d’autant plus spectaculaires qu’elles occupent l’espace du dôme des Grandes Écuries. Pierre Fleury, qui incarne la Bête, parle à l’oreille des chevaux et parvient à leur faire effectuer des chorégraphies surprenantes alors qu’ils ne sont pas harnachés. Ces deux artistes remarquables ne doivent pas faire oublier les tours réalisés par la troupe équestre du musée du Cheval. Si le spectacle n’était qu’une somme de prouesses techniques, il ne séduirait ni les profanes, pour qui l’art du dressage est inconnu, ni les enfants. Nous n’avons d’ailleurs pas la prétention d’être un juge compétent en ce qui concerne l’art équestre.

Mais on passe un très bon moment parce que le savoir-faire est toujours au service du récit et produit des émotions. Le ballet des sœurs de Belle, perchées sur des petits ânes, le numéro du chien qui vient leur amener des mouchoirs sont peut-être techniques, mais ils sont surtout drôles. Peu importe qu’il soit difficile de faire en sorte que les chevaux se rangent selon un code de couleur complexe. L’essentiel est que la Bête, qui entre en scène juchée sur deux montures et qui semble exercer une autorité muette sur les animaux, est effrayante.

Un voyage dans un univers féerique

Ainsi, les cavalières, les dresseurs, les acrobates nous font vibrer tout au long de l’exhibition. Mais ce qui fait de cette Belle et la Bête une féerie de Noël à ne pas rater, c’est l’ensemble du voyage qui nous y conduit. Que l’on prenne la voiture ou le train pour se rendre à Chantilly, on est toujours ébloui par l’arrivée au domaine et par la beauté de la vue sur le château que rien n’obstrue. L’entrée au musée du Cheval n’a rien d’extraordinaire, mais le dôme dans lequel se joue la représentation, dôme du xviiie siècle, est grandiose. Il nous est rarement donné d’assister à des spectacles dans d’aussi jolis endroits. Les décors de Michel Blancard en rehaussent l’éclat. On admire les roses rouges qui bordent l’aire de jeu, la forêt de ronces qui grimpe le long des murs de pierre, le lustre qui sert à la fois de décor et de support aux acrobaties aériennes. L’élégance du cadre, son éloignement de la frénésie parisienne, contribuent à faire de ce spectacle un voyage dans un univers féerique, tout à fait bienvenu en cet Avent bien troublé.

La Belle et la Bête est un spectacle équestre. N’y allons pas pour écouter une nouvelle version du conte de Mme de Beaumont ! Allons-y pour rêver et s’émerveiller aussi bien par les prouesses des artistes que par la noblesse d’un lieu unique. 

Anne Cassou-Noguès


La Belle et la Bête, de Virginie Bienaimé

Idée, création et mise en scène : Virginie Bienaimé

Direction équestre : Sophie Bienaimé

Création costumes : Monika Mucha

Régie lumière : Sophie Justin

Création décor : Michel Blancard

Dressage en liberté : Pierre Fleury et ses Highlands

Acrobate aérienne : Soizic Nadreau

Avec Sophie Bienaimé et la troupe équestre du musée du Cheval : Cristina Garcia‑Rios, Élodie Jacquet, Nathalie Lecoultre, Morgane Michot, Mathilde Pouteau et Caroline Vitry

Domaine de Chantilly • 7, rue du Connétable • 60500 Chantilly

Réservations : 03 44 27 31 80

Site du théâtre : http://www.domainedechantilly.com/fr/

Du 28 novembre 2015 au 3 janvier 2016, tous les jours sauf le vendredi, à 14 h 30 (et à 16 h 30 le samedi, le dimanche et pendant les vacances de Noël)

Durée : 1 h 30

Plein tarif : 21 €

Tarif réduit : 16,50 €

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