La compagnie Art’Comedia, basée au Théâtre de Bécherel (35), va bientôt y créer « J’ai oublié la suite ». Entretien avec Véronique Martinez

J’ai oublié la suite © Jean-François Picaut

Et vive la comédie musicale !

Par Jean‑François Picaut
Les Trois Coups

La Cie Art’Comedia, basée au Théâtre de Bécherel en Ille-et‑Villaine, va y créer dans quelques jours son nouveau spectacle « J’ai oublié la suite ». « Les Trois Coups » ont voulu en savoir plus sur cette compagnie qui défend avec talent la comédie musicale et sur sa nouvelle création.

Véronique Martinez, vous êtes, avec Bertrand Larmet, la fondatrice de la Cie Art’Comedia, vouée à la défense et illustration de la comédie musicale. C’est une vocation, chez vous ?

On ne peut pas dire que je suis tombée dans la marmite quand j’étais petite, mais presque. Aussi loin que je me souvienne, je crois avoir toujours chanté. Et une de mes joies d’enfant était de regarder à la télévision les grandes comédies musicales avec mon père.

Votre formation initiale ne vous y prédisposait pourtant pas…

Ah, ce n’est pas si simple ! Bien sûr, j’ai commencé par apprendre le piano classique, au conservatoire de Rennes, mais très vite j’ai aussi participé à l’atelier d’art dramatique, avec le regretté Guy Parigot, et rejoint la classe de chant lyrique.

On est encore loin, quand même, de la comédie musicale !

Oui, même si j’en rêvais tout le temps. Je m’en rapprocherai avec l’école du Studio des Variétés et avec ma place au sein de Cas 6, ce sextette de swing vocal qui me permettra de côtoyer Claude Bolling, Ute Lemper, Michel Fugain et, surtout, Michel Legrand.

Vous voyez ces années comme un parcours initiatique, des gammes, en quelque sorte ?

Comme l’occasion surtout d’acquérir mon métier en pratiquant la scène avec des gens de qualité, et de renforcer mon envie de comédie musicale.

Et Bertrand Larmet, il a un parcours semblable au vôtre ?

Oh, Bertrand a eu un parcours beaucoup plus sage ! Après avoir appris le piano, il s’est dirigé vers l’orgue, et c’est dans cette discipline qu’il a obtenu sa médaille d’or, au conservatoire de Nantes. Il est d’ailleurs toujours cotitulaire des grandes orgues de Notre‑Dame et de Saint‑Aubin à Rennes.

Nous sommes quand même bien loin des comédies musicales !

Oui, évidemment (rires), mais Bertrand est un boulimique d’expériences et il est toujours curieux de tous les répertoires musicaux. C’est comme ça qu’il est devenu pianiste accompagnateur d’ensembles vocaux, puis à Radio Monte-Carlo et au… Studio des Variétés.

Je vois se profiler une rencontre et un ou des projets communs…

Quelle perspicacité ! (rires).

Voici donc l’an 2000 et la création de la Cie Art’Comedia. Vous en êtes la directrice artistique et Bertrand Larmet le directeur musical. Très vite, les spectacles s’enchaînent : la Petite Boutique des horreurs (2000), les Misérables (2002), Laisse de mer (2003-2004), le Thé à la note (2004-2005), Un tabouret pour deux (2006) et Broadway tout show (2007-2008), dont les Trois Coups ont parlé.

Entre tous ces spectacles, j’ai un faible pour Laisse de mer, sur un livret de Ricardo Montserrat, avec une musique de Bertrand Larmet. Cette comédie musicale créée au festival Colla Voce de Poitiers n’a pas connu toute la fortune qu’elle mérite. Nous aimerions la réadapter pour un enregistrement audio et une diffusion scénique.

Appel est lancé aux producteurs et aux diffuseurs. Il est temps d’en venir à votre création 2009 : J’ai oublié la suite… Pouvez-vous nous présenter ce spectacle ?

Volontiers. J’ai oublié la suite est un spectacle construit autour de thèmes de comédies musicales américaines et du West End londonien, des années 1950 à nos jours. C’est l’histoire en chansons d’une panne de couple, de ses souvenirs édulcorés par les années, de ses fantasmes avortés, de ses dérives. Les films, les chansons qu’on a aimés, partagés, et qui ont pu constituer le ciment d’une rencontre de jeunesse, racontent-ils la vraie vie, et que faire quand on s’aperçoit que la réalité s’en éloigne ? Faut-il les faire revivre ou les abandonner ? J’ai oublié la suite propose en filigrane une réflexion sur le temps qui passe et la capacité de chacun à se réinventer.

On y trouve de grand noms de la scène et de la musique anglo-saxonne : Coleman, Bernstein, Porter, Gerschwin, entre autres. Il n’est évidemment pas inintéressant de faire revivre les émotions qu’ils nous ont procurées, mais pourquoi ne pas leur adjoindre des auteurs et compositeurs francophones ? Pourquoi ne pas solliciter des créateurs, notamment locaux ?

Le spectacle met en scène un homme et une femme, français, qui se sont rencontrés dans un New York idéalisé. Leur rencontre s’est scellée autour de leur amour commun pour les comédies musicales américaines. Vingt ans après, que reste‑t‑il du sel de leur rencontre ? Peuvent-ils ranimer la flamme de leur amour en se ressourçant auprès de ce qui les a fait se rapprocher ? C’est la raison pour laquelle nous avons choisi de ne chanter que des chansons extraites de comédies musicales anglo-saxonnes. Cela dit, notre prochaine création sera vraisemblablement une comédie musicale écrite par des auteurs et compositeurs contemporains français.

Qui seront les interprètes de ce nouveau spectacle ?

Moi-même pour le chant et Bertrand Larmet au piano et au chant.

L’accompagnement musical se fera donc au piano seul ?

Non. Les chansons seront principalement accompagnées au piano, mais nous souhaitons créer une sorte de distance en y intégrant des bruitages, des matières sonores, en lien avec les images projetées. L’utilisation de divers instruments incongrus (« pianos-toys », roulettes de dentiste, klaxon, mélodica désaccordé, ressorts de canapé, mixer) permettra de souligner le caractère dérisoire des personnages et leur décalage avec la perfection des artistes hollywoodiens.

Vous parlez d’images projetées ?

Oui, elles sont l’œuvre de Fred Murie, vidéaste, infographiste et concepteur de la Station graphique.

Et c’est vous-même ou Bertrand Larmet qui assurez la mise en scène ?

Pas cette fois. Ce spectacle sera mis en scène par Olivier Prou. Il travaille à la mise en forme de concerts de nombreux artistes et musiciens dans le domaine de la chanson, de la musique classique et des musiques du monde. C’est aussi l’auteur de Bahia de Bretagne, Grand Prix de l’académie Charles-Cros. Compte tenu de la diversité de son expérience artistique, Olivier Prou nous est apparu comme la personne la plus appropriée pour le travail de scénarisation et d’interprétation de ce spectacle musical.

Tout cela est bien alléchant et, pour les spectateurs soucieux de leur confort, je rappellerai que le Théâtre de Bécherel a complètement renouvelé ses sièges. Merci à vous, Véronique Martinez pour cet entretien.

C’est moi qui vous remercie ainsi que les Trois Coups

Recueilli par
Jean‑François Picaut


J’ai oublié la suite

Cie Art’Comedia

Mise en scène : Olivier Prou

Avec : Véronique Martinez (chanteuse et comédienne), Bertrand Larmet (pianiste et chanteur)

Vidéo, photographie et infographie : Fred Murie

Création lumière : Florian Staub

Sonorisation : Thomas Bloyet

Chorégraphe : Maud Torterat

Photo : © Jean-François Picaut

Théâtre de Bécherel • 7, chemin de la Roncette • 35190 Bécherel

Les 6 et 7 novembre 2009 à 20 h 30

Réservations : 02 99 66 71 48

www.theatredebecherel.fr

Durée : 1 h 15

Tarifs : 8 € | 6 €

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