Sauvés par la musique
Par Laura Plas
Les Trois Coups
La Cie Volubilis nous propose un conte ingénu dont le charme tient moins à l’histoire, sans surprise, qu’à la présence de la musique et du chant. Faisant participer le public, et privilégiant la compréhension, les artistes gagnent en intelligibilité ce que le spectacle perd parfois en fluidité. Un spectacle facile d’accès aux doux sons de l’Afrique.
Il était une fois une petite fille haute comme trois mangues et nommée Madiya qui vivait avec sa grand-mère dans un petit village. Un jour, la grand-mère tomba malade. Il lui fallait de l’eau, cette eau dont manquait cruellement le village, cette eau que distribuait un serpent magique insaisissable.
On imagine fort bien la suite. La Louche en or présente de fait les ingrédients traditionnels du conte : rencontres d’animaux dotés de paroles, épreuves, intervention merveilleuse et récompense finale. De la même manière, le portrait de Madiya est des plus classiques. À la différence des héros modernes imparfaits et parodiques, elle n’est en effet que générosité. Véronique Essaka de Kerpel lui donne d’ailleurs ingénuité, grâce et simplicité. Ses grands yeux, son beau sourire, la grâce de ses gestes ne peuvent que conquérir les enfants.
En tout cas, non seulement le récit est convenu, mais on sent qu’il n’est pas l’essentiel. Ici, pas de recherche poétique, plutôt la volonté d’être compris à tout prix. On ne trouve pas de longue narration, celle-ci n’est en fait qu’un cadre, mais des dialogues multiples qui visent sans doute à relancer l’attention des plus petits. On le regrette parfois.
Richesse musicale
Heureusement, cette relative pauvreté linguistique est compensée par la richesse musicale du spectacle. Véronique Essaka de Kerpel chante, et elle est surtout accompagnée d’un musicien conteur : Ludovic Goma. Or celui-ci est un homme orchestre : aux pieds, aux mains, sur son ventre, il attache des instruments aux doux sons bien ronds. Quand il joue, c’est lui que les enfants regardent. Parfois, on a même l’impression que l’histoire n’a été conçue que pour permettre ses interventions. D’ailleurs, le spectacle commence en musique. Les deux interprètes sont d’abord invisibles, mais on les entend déjà et l’on est en éveil.
On n’est pas forcément convaincu par tous les aspects du spectacle. On aurait ainsi aimé que Véronique Essaka de Kerpel joue davantage les animaux qu’elle rencontre, leur donne un corps et pas seulement une voix. On n’est pas convaincu non plus par le rythme du spectacle qui se ralentit parfois pour s’assurer que le public suit. Ne pas tout comprendre a aussi son charme ! Cependant, on ne niera pas que le spectacle est accessible et doux comme une berceuse. Nul doute que les enfants comme les grands ne tapent des mains pour soutenir la gentille Madiya et ne se laissent emporter vers de lointains rivages par des instruments beaux à voir et à entendre. ¶
Laura Plas
la Louche en or, de Véronique Essaka de Kerpel
Cie Volubilis • 3, allée des Oliviers • 78170 La Celle‑Saint‑Cloud
Tél. 09 54 35 35 41 | 06 12 48 09 61
http://www.compagnievolubilis.fr/
Metteur en scène : Véronique Essaka de Kerpel
Avec : Véronique Essaka de Kerpel et Ludovic Goma
Photo : © James Bihouise
Théâtre Darius‑Milhaud • 80, allée Darius‑Milhaud • 75019 Paris
Réservations : 01 43 74 24 08
Les 24 et 28 décembre 2012 à 10 h 30, les 27, 31 décembre 2012, les 2, 3, 4 janvier 2013 à 14 h 30, puis tous les mercredis et du lundi au vendredi pendant les vacances d’hiver à 14 h 30
Durée : 45 minutes
18 € | 14 € | 12 €
Tournée :
- Du 22 janvier au 24 avril 2013, 15 représentations dans le cadre des spectacles en tournée de la programmation jeune public de la ville de Gennevilliers (92)
- 20 mars 2013 à 15 heures au Théâtre Jacques‑Brel de Champs‑sur‑Marne (77)
- 27 mars 2013 à la salle Côté Kfé de File 7 à Magny‑le‑Hongre (77)
- 13 avril 2013 à 16 heures à la maison de quartier des Hauts‑d’Issy à Issy‑les-Moulineaux (92)