« La Vie de Galilée », de Bertolt Brecht, Théâtre des Célestins à Lyon

« La Vie de Galilée » – Mise en scène de Claudia Stavisky © Simon Gosselin

La tête dans les étoiles

Par Trina Mounier
Les Trois Coups

Philippe Torreton apparaît au sommet de son art dans une pièce-fleuve de Brecht, qui retrace les grandes étapes de « La Vie de Galilée ».

Dans La Vie de Galilée, sa dernière mise en scène, Claudia Stavisky mène tambour battant un récit aux multiples intrigues qui tournent toutes autour du célèbre mathématicien. En deux heures et demie, elle explicite comment un homme tranquille, aimant les plaisirs de la vie, se retrouve en butte aux tracasseries de l’Église, avant d’être emprisonné dans les geôles de l’inquisition et de finir ses jours misérable mais vivant. Brecht n’aime rien tant que la démonstration, ce qui n’est pas sans engendrer certaines lenteurs et lourdeurs, d’autant plus qu’en filigrane se profile un parallèle avec le sort des intellectuels sous la dictature nazie.

Dans un de ces décors massifs et impressionnants qu’elle affectionne, et qui se justifient dans ce cas, où se succèdent l’atelier du savant ouvert sur les étoiles et la basilique Saint-Pierre de Rome, Claudia Stavisky joue habilement du pinceau pour évoquer quelques grands maîtres du clair-obscur. L’ensemble est propice à la construction d’une épopée, avec ses changements de décors et sa multitude de petits personnages, joués par dix comédiens seulement. Quelques très belles séquences vidéo de Michaël Dusautoy représentent l’effondrement d’un glacier du Grand Nord : avis aux incrédules qui ne veulent pas voir… qu’ils soient du XVIIe siècle ou d’aujourd’hui.

Torreton au sommet de son art

Le combat de Galilée n’est pas seulement celui d’un astronome têtu, il est aussi celui d’un philosophe courageux, refusant de baisser pavillon devant le sens commun, parce qu’il aime la vérité plus que tout. Là, Philippe Torreton fait merveille. Il nous transmet les différents mouvements de son âme, d’un enthousiasme presque juvénile à l’effroi devant les instruments de torture, en passant par la joie de transmettre. Car Galilée, comme Brecht, aime enseigner, en pédagogue hors pair. Signalons, dans une distribution un peu pâle face au maître, la présence lumineuse de Matthias Distefano qui incarne Andréa, le fils spirituel, le disciple.

Regrettons des longueurs, malgré les coupes habiles opérées par la metteure en scène – la pièce originale durait quatre heures ! Cette grande fresque constitue cependant une indéniable réussite sur le plan scénographique comme pour la direction d’acteurs. 

Trina Mounier


La Vie de Galilée, de Bertolt Brecht

Texte français : Éloi Recoing

Mise en scène : Claudia Stavisky

Avec : Philippe Torreton et Gabin Bastard, Frédéric Borie, Alexandre Carrière, Maxime Coggio, Guy-Pierre Couleau, Matthias Distefano, Nanou Garcia, Michel Hermon, Benjamin Jungers, Marie Torreton

Scénographie et costumes : Lili Kendaka

Création vidéo : Michaël Dusautoy

Lumière : Franck Thévenon

Son : Jean-Louis Imbert

Théâtre des Célestins • 4, rue Charles-Dullin • 69002 Lyon

De 9 € à 40 €

Du 15 novembre au 1er décembre 2019 à 20 heures, le dimanche à 16 heures, relâche le lundi

Durée : 2 h 30


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