Youn Sun Nah en concert, Théâtre national de Bretagne à Rennes

Youn Sun Nah © Jean-François Picaut

Une soirée triomphale

Par Jean-François Picaut
Les Trois Coups

Youn Sun Nah achevait à Rennes une très longue tournée internationale. Le public du Théâtre national de Bretagne lui a réservé un accueil triomphal.

Après plus de soixante-dix dates en moins d’un an, Youn Sun Nah a mis fin à Rennes, en présence de ses parents, à une tournée qui l’a fait applaudir dans toute l’Europe, en Amérique et en Asie. La diva franco-coréenne a chanté devant une salle archicomble. Toutes les places étaient vendues trois jours après le début de la location !

Un peu fatiguée quand je l’ai rencontrée avant le concert, la chanteuse confiait « aspirer à une longue pause à la suite de près de vingt ans d’errance hors de chez elle ». Et comme on lui demandait si elle avait déjà des projets, la réponse a fusé dans un de ses inimitables sourires : « Me reposer, me ressourcer et apprendre, j’ai soif de continuer à apprendre ! ».

Un défi de virtuosité entre la guitare et l’accordéon

Au lever du rideau, toute fatigue avait disparu et Youn Sun Nah a régalé le public d’un concert de plus d’une heure trente avant de se prêter avec infiniment de bonne grâce à une longue séance de rencontre et de dédicace avec ses nombreux admirateurs des deux sexes.

J’étais un peu inquiet de savoir Vincent Peirani absent. Je craignais que le concert ne souffrît d’un certain manque de folie. Mes appréhensions ont été dissipées dès le premier titre de la soirée, Voyage (tiré de l’album éponyme, chez Act, 2009). D’entrée de jeu, David Venitucci (accordéon) en duo avec Youn Sun Nah y révèle sa finesse et son talent. On poursuit avec Uncertain Weather (Same Girl, HUB Music et Act, 2010) et les notes mélancoliques du grand Ulf Wakenius (guitare) ponctuées par la contrebasse impeccable de Simon Tailleu. La voix au timbre si spécial de Youn Sun Nah avec ses modulations de hauteur typiques semble avoir définitivement pris possession du public.

Le charme continue d’agir avec A Sailor’s Life, un traditionnel du xviiie siècle réarrangé où elle joue avec une boîte à sons, et avec Mistral, une composition d’Ulf Wakenius, qui débute en évoquant la musique concrète avant de déboucher sur un défi de virtuosité entre la guitare et l’accordéon. Empty Dream (Lento, HUB Music, Act Music, 2013) est l’occasion d’un trio sans Wakenius. C’est une ballade d’une délicatesse exquise que Youn Sun Nah interprète seule et a cappella pendant près de la moitié de sa durée, puis l’accordéon et la contrebasse l’accompagnent avec beaucoup de finesse.

La rupture de ton est totale avec Pancake (Same Girl) un titre plutôt humoristique sur la nourriture, que la chanteuse rythme de percussions corporelles. Sur un tempo d’enfer, elle mêle les inflexions rauques du rock et des passages en voix lyrique… On revient à un rythme plus lent pour le très touchant Lament (Lento). Ghosts Riders in the Sky (Lento) avec ses allures de chanson de cow-boy est interprété d’une voix criée et rocailleuse. Et le concert se conclut avec le fameux scat de Momento Magico (Lento), une composition d’Ulf Wakenius, un grand numéro de chant et de guitare qui produit chaque fois son effet.

En fait, il ne s’arrête pas aussi rapidement. Youn Sun Nah est évidemment rappelée. Après Kangwondo Arirang (Same Girl), une touchante ballade traditionnelle coréenne en duo avec la guitare, au moment des remerciements, elle salue la présence de ses parents et signale que c’est l’anniversaire de son père. La salle entonne immédiatement Joyeux anniversaire. Émue aux larmes, la chanteuse, seule avec sa boîte à musique, interprète alors le Calypso Blues (Voyage, Act 2009) de Nat King Cole, et c’est aussi un grand moment. Un troisième rappel sera l’occasion d’entendre le Jockey Full of Bourbon (Voyage) de Tom Waits, nouvelle preuve de l’éclectisme qui caractérise l’artiste.

Ainsi s’achève dans la liesse générale une soirée triomphale pour Youn Sun Nah : merci au programmateur musical du T.N.B., Patrick Aillet. Pour patienter pendant l’absence (pas trop longue, s’il vous plaît !) de la chanteuse, il nous restera ses disques. 

Jean-François Picaut


Youn Sun Nah en concert

Avec : Youn Sun Nah (chant et boîte musicale), Ulf Wakenius (guitare), Simon Tailleu (contrebasse) et David Venitucci (accordéon)

Photos de Youn Sun Nah : © Jean-François Picaut

Théâtre national de Bretagne • salle Vilar • 1, rue Saint-Hélier • 35000 Rennes

Réservations : 02 99 31 12 31

www.t-n-b.fr

Lundi 30 mars 2015 à 20 heures

Durée : 1 h 30

25 € | 11 € | 8 €

À propos de l'auteur

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Du coup, vous aimerez aussi...

Pour en découvrir plus
Catégories

contact@lestroiscoups.fr

 © LES TROIS COUPS

Précédent
Suivant