« Le numérique frémit dans tous les champs artistiques »
Par Léna Martinelli
Les Trois Coups
Le Noob, festival jeune public et numérique, présente sa 4e édition du 19 avril au 7 mai, avec dix spectacles et six installations. Rencontre avec celui qui en est le concepteur et le programmateur, Simon Fleury, également directeur du théâtre L’éclat.
Il y a trois ans, vous avez eu l’idée de créer le Noob, premier festival jeune public et numérique de France. Pouvez-vous revenir sur sa genèse ?
Quand je suis arrivé à la tête de L’éclat, le jeune public était déjà bien ancré dans la programmation. J’ai souhaité croiser cette spécificité avec l’une de mes appétences, le numérique. La création d’un festival au croisement des deux comblait alors un grand vide. Il existait des initiatives pour les adolescents, mais pas pour les 0-12 ans.
Noob, en référence au langage vidéo (abréviation de newbie), désigne les débutants. Durant trois semaines, dont une partie pendant les vacances scolaires, nous mettrons donc à l’honneur les dramaturgies numériques à destination des plus jeunes.
Depuis, ce festival a mûri, malgré le coup d’arrêt dû à la pandémie. Quelles sont ses évolutions ?
Noob s’est déployé sous l’impulsion du théâtre L’éclat de la ville de Pont-Audemer, accompagné de ses nombreux partenaires. Cela se concrétise par un soutien accru du département de l’Eure, de la région Normandie, de la DRAC Normandie et du ministère de la culture. Ce dernier, conscient de cette dynamique et attentif aux esthétiques singulières du Noob a décidé d’accompagner de façon significative ce projet en attribuant au théâtre l’appellation « scène conventionnée d’intérêt national Art Enfance et Jeunesse ». Nous partageons tous, je le crois, la conviction que l’épanouissement et l’émancipation des individus commencent dès le plus jeune âge.
La programmation de cette 4e édition est résolument pluridisciplinaire. Pouvez-nous la présenter ?
Le numérique frémit dans tous les champs artistiques. Par dramaturgies numériques, nous entendons les écritures qui tordent le geste chorégraphique, théâtral, cinéma, etc. par un langage spécifique. Depuis la création du festival, ce secteur connaît une créativité sans limite. Au départ, l’Onda et notre conseillère, Sanbdrine Weishaar, nous ont aidés. Il nous a d’abord fallu chercher à l’étranger, notamment au Canada, en avance par rapport à nous. Depuis, de plus en plus d’artistes Français sont tentés par ces nouvelles formes. Nous pouvons ainsi nourrir la programmation d’installations numériques et de propositions spectaculaires (créations pour le plateau). Il n’y a pas de casque de réalité virtuelle, déconseillés pour les moins de 11 ans, mais bien d’autres expériences à vivre et découvertes à faire, comme les technologies holographiques, par exemple.
Nous inaugurerons le festival avec Man Strikes back, un spectacle musical de jonglerie en quête de symbiose entre humain et robot ; la même compagnie (Post Uit Hessdalen) proposera aussi, plus tard, Packman, un bœuf captivant entre un percussionniste et un jongleur.
Quitter son caillou (Victoria Follonier et Elie Blanchard) est une performance à la croisée du documentaire, du cinéma d’animation et des nouvelles technologies ; Track (cie La Boite à Sel), du théâtre d’objets connectés, une construction en direct de compositions musicales et de paysages sonores joués par le comédien human beatbox L.O.S ; Cristaux, une fantaisie chantée, un voyage dans le monde imaginaire de Nosfell axée sur le rapport à la nature et la construction de soi.
Rick le Cube, vers un nouveau monde (Sati) se situe au carrefour des musiques électroniques, des arts numériques et du road-movie ; Mouche ou le songe d’une dentelle (cie AAO) est un poème chorégraphique, un tableau vivant propice à l’éclosion du mouvement, de l’image et des sonorités plurielles ; Big Box et son petit orchestre (cie Florschütz et Döhnert) est du théâtre d’objets sans paroles mais avec musique ; la Dignité des gouttelettes (cie Mercimonchou), une rêverie aquatique et sensorielle où l’illusion numérique se mêle à l’imaginaire de l’eau ; Céto (collectif Invivo), une bulle immersive et enveloppante composée de sons à 360°.
En parallèle, sont proposés des installations immersives, des expositions, des fresques interactives, de la réalité augmentée, du jeu vidéo et le Cabaret holographique La Veilleuse Normandie (lire ici la critique de la création au Cent Quatre Paris), autant de dispositifs originaux et de procédés innovants.
L’éclat est désormais « Scène conventionnée d’intérêt national Art Enfance et Jeunesse ». Cela change-t-il la donne ?
L’obtention du label en 2021 mous permet de mieux assurer nos missions. Cela favorise une émulation car, dotés de plus de moyens, nous pouvons passer commande. Autrement dit, nous pouvons dorénavant produire et coproduire. Une chance ! ¶
Propos recueillis par
Léna Martinelli
Festival Noob
4e édition, du 19 avril au 7 mai 2022
Théâtre L’éclat, scène conventionnée d’intérêt national art enfance et jeunesse • Place du Général de Gaulle • 27500 Pont-Audemer
Programmation complète ici
Tarifs : 5 € ou 7 €
Réservations : 02 32 41 81 31 ou par mail ou billets électroniques via un QR Code (sur smartphone ou à imprimer)
L’application Noob Festival sera disponible dès le 1er avril sur smartphone et tablette : « Programmation détaillée, mini-jeux ludiques, le guide incontournable du Noob pour tout savoir sur ces 3 semaines de festival »