Une 16e édition prometteuse
Léna Martinelli
Les Trois Coups
Organisé par La Cascade, pôle national Cirque Auvergne Rhône-Alpes, le Festival d’Alba se déroule du 9 au 14 juillet. Comme toujours, une belle programmation !
Chaque année, que de découvertes au Théâtre antique, au Théâtre de la Roche, sous le chapiteau, au cœur du joli village, à la Carbunica… Le village médiéval et cette cité antique vont à nouveau être métamorphosés : les bâtiments se transforment en espace de jeu, le terrain multisport devient un nouveau lieu de spectacle et le stade de foot se pare d’un chapiteau… Avec comme fil rouge, dans cet écrin de verdure, la générosité et la joie d’être relié.
« Que les lumières du Carbunica continuent de nous éclairer et de nous rassembler ! Les artistes viennent nous raconter ce monde en mouvement qui se questionne, en inventant de nouveaux horizons. Comment changer notre regard, vivre ensemble, prendre conscience des enjeux d’aujourd’hui ? Et tenter, par le cirque, d’échapper un instant au monde qui gronde ? », écrit Alain Reynaud, directeur-artiste, dans son édito.
D’ailleurs, Les Établissements Félix Tampon (Alain Reynaud / Les Nouveaux Nez & Cie) installeront une boutique éphémère au cœur d’Alba, « une épicerie fine où tous les affamés de rencontres imprévisibles seront rassasiés ». Les tenanciers nous y convient pour des entresorts clownesques et musicaux, (Midi Tampon). Ce sont également eux qui organisent la cérémonie d’ouverture le mercredi 9 juillet. Discours, paroles poétiques, interruption, reprise de paroles… Les choses se dérouleront certainement de manière peu conventionnelle.
Humour en veux-tu en voilà !
À Alba, on croise beaucoup de clowns et d’excentriques, tel le Duo GingerMoustache, qui se joue de tous les codes (de politesse, vestimentaires, de comportement) afin d’explorer les limites de l’acceptable et décrypter toutes les conventions muées en habitudes. Parole en l’air : du cirque bavard et drôle.
Pour d’autres racontars, Fidji (La Dépliante) devrait plaire aux amateurs d’absurde : Starsky cherche son chat, l’occasion, pour lui, de partager ses réflexions sur la vie, le monde et les félins. Des raisonnements « félinosophiques », donc acrobatiques.
De la souplesse, il y en aura encore dans Toyo (Les Colporteurs) : Gillou le contorsionniste apprivoise un tuyau de chantier, « tout froid, tout raide, tout creux ». Quelle aubaine pour s’y glisser, d’autant qu’une violoniste le fait chanter !
Une fois par an, depuis des années, une bourgeoise flanquée de son majordome, tous deux du troisième genre, avec des invités… mystérieux, fêtent un anniversaire. Un dîner pour 1 (Le P’tit Cirk) rend hommage à l’humour anglais.
Formes spectaculaires
Dehors les tempêtes font rage, une lumière subsistera à l’intérieur du chapiteau du Cirque Trottola. Des gens de cirque s’y glissent afin de tenter d’échapper à la guerre. Strano : haut les cœurs ! (Lire la critique de Florence Douroux.)
« Strano », Cirque Trotolla © Christophe Raynaud De Lage ; « De la mort qui tue », cie Lady Cocktail © Frédéric Vernay
Les six acrobates de la cie Puéril Péril vont défier la gravité ans agrès ni filet. De grandes envolées sont au programme avec la participation du public. Kontact : « un spectacle à (em)portés ! »
Qu’est-ce qui nous meut, malgré nous ? Allégorie de nos dérives, reflet de la machine humaine en marche et qui va de travers, Collapsing Land bouscule nos déterminismes. La Tournoyante développe une recherche spécifique (art et science) autour de l’électromagnétisme qui génère la création de nouveaux agrès.
Les Josianes et le Cirque la compagnie se réunissent dans l’espace public pour se questionner sur la notion de façades, celles que la société nous impose, celles derrière lesquelles on se cache, celles qui nous protègent des tempêtes, celles que l’on prend plaisir à déconstruire. No(s) Façades : une proposition mouvementée pour huit artistes masqué·e·s.
Autre spectacle se déroulant dans la rue : Lady Cocktail est un voyage initiatique, périlleux, mais criant de vie. De la mort qui tue nous embarque dans les couloirs de la mort afin de célébrer l’urgence du vivant. Une heure pour faire grimper le cardio de façon jubilatoire.
Solos et duos
Petit cirque fabriqué de bric et de broc, la cie La Remueuse ne travaille qu’à partir de matériaux de récupération. Dans le Petit Plumo, la fantaisie s’empare de minuscules personnages, des marionnettes bricolées et bichonnées.
Les deux interprètes du collectif Maison Courbe, quant à eux, arpentent les lieux de leurs corps malléables et avec une sensibilité à fleur de peau. Ils nous incitent à poser un œil nouveau sur nos espaces publics et les êtres qui nous entourent. Obaké : une déambulation acrobatique et poétique où la bêtise côtoie la magie et le sacré.
Balles au centre regroupe deux univers, deux générations : un manager aux méthodes reconnues mais redoutées ; un jongleur talentueux mais impatient. Après une partition endiablée, parviendront-ils à réunir définitivement leur passion, leur énergie, leur talent ? Le Théâtre Bascule se concentre ici sur le geste (dansé, jonglé, sportif).
Mouton noir (Paul Molina et Wilmer Marquez) fait découvrir sa passion et sa maîtrise parfaite du football freestyle (3e au Super Ball 2022, championnat du monde de Freestyle), sous un autre angle, celui de l’art (lire la critique de Léna Martinelli)
Beaucoup d’humour, de prouesses et de regards sur la société, donc. Sans oublier les concerts (Roshâni, Lovana, Captain XXI, les Flâneries, les stages ou ateliers, les visites archéologiques. Reportage à suivre !
Léna Martinelli
Festival d’Alba-la-Romaine
16e édition, du 9 au 14 juillet 2025
07400 Alba-La-Romaine
Organisé par La Cascade, pôle national cirque à Bourg-Saint-Andéol
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À découvrir sur Les Trois Coups :
☛ Bilan Festival d’Alba 2024, par Léna Martinelli
Photo de une : « Les Établissements Félix Tampon » © La Cascade