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Reportage au Festival d’été, 1ère édition, à Vichy

Festival-Musette-Vichy

Vichy revigorée

Par Léna Martinelli
Les Trois Coups

Au cœur de la France, le Festival d’été, organisé par l’Opéra de Vichy, propose une programmation musicale éclectique et ambitieuse jusqu’au 15 août.

Que connaît-on de Vichy ? Le plus souvent, sa fameuse source et ces délicieuses pastilles, parfois ses thermes ! Pourtant, l’Opéra de Vichy s’attache à (re)devenir la « capitale d’été de la musique » et un lieu incontournable dans le paysage culturel régional, national et européen.

Nul doute que la Reine des villes d’eaux qui, au tournant du XXe siècle, fit converger les curistes du monde entier sur les bords du lac d’Allier, regagnera son lustre d’antan grâce à l’art. Sauf que l’esprit a changé, depuis cette période prospère durant laquelle les soins du corps, le jour, se voyaient quasi systématiquement complétés, le soir, par ceux de l’esprit. À Vichy, thermalisme et culture restent inextricablement liés, mais le Festival d’été s’évertue à proposer une « dynamique nouvelle ».

Son programme pétillant, si ce n’est revigorant, en témoigne : « Nous créons un festival d’envergure aux consonances lyriques, symphoniques, jazz et musiques du monde. Nous recevons les grands noms d’aujourd’hui et de demain, ainsi qu’un orchestre, formidable vecteur de liens entre les citoyens et les artistes », précise Martin Kubich, directeur des affaires culturelles de la ville et de l’Opéra de Vichy.

Outil d’attractivité pour le territoire

C’est ce passionné de musique qui mène, tambour battant, le projet de mêler le savant au populaire, le traditionnel à l’innovation. Bref, de donner à entendre des musiques plurielles et de faire découvrir des artistes originaux. Respectueux du passé, le jeune directeur de ce phare culturel de la ville, outil d’exception et d’expression artistique, est aussi résolument tourné vers l’avenir.

Opéra-de-vichy
L’Opéra de Vichy © DR

Il ne manque pas non plus d’idées pour élargir la fréquentation et surtout s’adresser au plus grand nombre. En effet, pourquoi l’opéra fait-il fuir les jeunes ? Comment faire pour que certaines œuvres ne soient pas l’apanage de quelques-uns ? Vecteur de promotion et de développement de l’action culturelle, l’Opéra est appelé à répondre à une double exigence : faire de la culture un levier de développement économique tout autant qu’un outil de proximité.

Une fête

Déjà, la programmation affiche plus de 200 artistes. Parmi les grands noms : la divine Camille, la talentueuse Karine Deshayes, l’excellent Romain Leleu, la sublime Sandra Nkaké, le Trio Chemirani à la notoriété internationale… Un mélange de générations et de styles susceptible de rassembler, comme cet hommage à Nina Simone, le 17 juillet.

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Karine Deshayes © DR

Ensuite, outre la scène de l’Opéra de Vichy, une prestigieuse salle Art nouveau de 1 400 places, les concerts se donnent dans les parcs, sous les kiosques, au plus près des habitants. Les artistes ont aussi évolué dans les villes et villages de la communauté d’agglomération de Vichy. Plusieurs rendez-vous insolites ont changé la donne en établissant un autre rapport au public.

Ainsi, le collectif de chambristes Les Forces Majeures, en résidence, a proposé, comme temps fort de leur séjour, une randonnée musicale à vélo, entre Vichy et Clermont-Ferrand (le 28 juillet). Une initiative originale de la fine fleur des interprètes français.

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Tonycello © DR

En fil rouge, Antoine Payen, alias Tonycello, a quant à lui promené sa dégaine de clown facétieux, et son violoncelle, tout au long du festival, pour des Chansons pauvres… à rimes riches (6 représentations), la Migration des tortues (le 5 août) et des tentatives d’explications des œuvres, toutes deux truculentes à souhait (le 25 juillet et le 12 août).

Côté lyrique, le Werther de Jules Massenet (le 22 juillet), version concert, était aussi de qualité. La mise en scène virevoltante du Barbier de Séville de Rossini, par Pierre Thirion-Vallet, directeur du Centre Lyrique Clermont-Auvergne (le 25 juillet), a réjoui le public (voir l’extrait), tandis que la distribution de la Trilogie Populaire de Verdi était cinq étoiles.

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« Le Barbier de Séville » de Rossini, mise en scène de Pierre Thirion-Vallet © DR

Francesco Pasqualetti dirige l’Orchestre d’Auvergne, une phalange régionale qui s’est affirmé comme un orchestre autant de chambre que symphonique, en doublant son effectif pour l’occasion. De l’amour impossible de la Traviata, au drame familial du Trouvère, jusqu’au dévouement funeste d’un père, Rigoletto pour sa fille, ce programme a touché droit au cœur, d’autant que les nombreux tubes qui jalonnent ces trois œuvres majeures, rendent ces personnages presque familiers.

Éclectique, ambitieux et populaire

Au côtés de Bach, Vivaldi, Mozart, Beethoven, Brahms, Tchaïkovsky, le festival Musette, du 3 au 5 août, a fait voler l’accordéon en éclats : java, valse, tango, paso, variété… Il y en a eu pour tous les goûts. Les gens étaient invités à danser autour du kiosque à musique et chez les cafetiers-restaurateurs. Entre guirlandes et pistes de danse, le quartier a pris un air de guinguette géante à ciel ouvert. Les Balochiens, un orchestre de bal populaire vintage, nous a transporté, avec fantaisie, du vieux Paris de la Môme Piaf, jusqu’au Bayou du Limousin, en passant par la Havane du Social Club, autant d’airs et de rythmes qui ont enflammé le parquet de bal.

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Le Pari des bretelles (Félicien Brut, Édouard Macarez et le quatuor Hermès) © DR

Pour notre reportage, nous avons justement choisi de couvrir Le Pari des bretelles, de la musette revisitée et bien plus encore. Dans la lignée de Richard Galliano, Félicien Brut, l’un des accordéoniste français les plus doués de sa génération, mêle son soufflet aux cordes frottées du quatuor Hermès et du contrebassiste Édouard Macarez. Avec lui, l’accordéon prend de l’éclat et, en compagnie de ces exceptionnels interprètes, « se la jouer classique » lui va à merveille.

Déambulations, propositions iconoclastes, genres transcendés, musiciens inventifs, rythme effréné… Voilà presque une « prise de la pastille » ! C’était précisément le spectacle proposé en guise d’ouverture, le 14 juillet, au Parc de la Source, après l’Apéro Sans-Culottes et avant Dansons la Carmagnole.

Voilà de quoi en décomplexer plus d’un et (re)donner le goût de la musique. Oyez, oyez citoyens ! Vichy est en bonne voie pour devenir l’une des capitales de la musique, assurément gourmande et rafraîchissante. 

Léna Martinelli


Festival d’été, à l’Opéra de Vichy

Du 14 juillet au 15 août 2018

Opéra de Vichy • 1, rue du Casino • 03200 Vichy

Billetterie : 19, rue du Parc • 03200 Vichy

Réservations : 04 70 30 50 30 • billetterie.opera@ville-vichy.fr • billetterie


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« Le Pari des bretelles » au Festival d’été, par Léna Martinelli

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