Excellent bilan !
Par Léna Martinelli
Les Trois Coups
Le Chaînon manquant vient de s’achever. Comme de nombreux programmateurs, Les Trois Coups sont aussi venus faire du repérage. Une dizaine de spectacles découverts, en un temps resserré, c’est finalement bien peu, compte tenu de cette programmation si dense !
D’abord Kévin Douvillez, codirecteur et responsable artistique depuis 2015, se félicite du taux de remplissage et des records de fréquentation : 19 000 spectateurs (dont 6 000 aux spectacles de rue et 3 000 spectateurs issus des actions de médiation culturelle), 453 professionnels.
Celui-ci relève une augmentation du nombre de spectacles jeune public et des arts du cirque dans la programmation, laquelle se distingue tout de même par de nombreux concerts : « Le nombre de musiciens a été multiplié par trois, en quinze ans, explique-t-il, mais l’essence même du festival reste la diversité des choix, du théâtre à l’humour. Des choix orientés par la qualité artistique pure, car notre objectif est de programmer ces artistes dans des salles pluridisciplinaires ».
De la musique, oui, mais tous les styles
Justement, lors de notre présence, nous avons traversé plusieurs époques, ne serait-ce qu’au niveau musical. Déjà, rien à voir entre Musica Humana, trio lyrique qui explore le répertoire de la Renaissance, et Ginkoa, groupe français difficilement classable mais résolument moderne. Des mélodies pop ultra catchy, des sonorités swing sur des beats électro French Touch… ils n’ont qu’une idée en tête : faire danser. Et ils ont mis le feu au Magic Mirror !
Quant à La 7e Oreille, ses membres n’ont pas les deux pieds dans la même Santiag. Les quatre musiciens de Little rock story relèvent la gageure de retracer la riche histoire de ce style musical tout en revisitant, en format medley, les classiques : Elvis, Les Beatles, Les Rolling Stones, Clash, AC/DC… Quel plaisir parcourir les différents styles (blues, punk, psychédélisme, grunge, métal, etc.) dans un concert adapté pour tous, avec de l’énergie et de la passion. Au-delà des connaissances, livrées de façon ludique, les sensations donneront envie aux plus jeunes de renouveler l’expérience d’un concert, c’est sûr. Les musiciens s’éclatent vraiment sur scène. Et nous avec !
Sélection arts du cirque, humour et théâtre
Beaucoup de divertissements, donc, lors de ce dernier weekend. Parmi les artistes émergents, beaucoup sont matures. Fraîchement sortis de l’école du cirque Fratellini, Clément Malin et Caio Sorana s’adonnent à l’absurde. L’un est acrobate, petit habillé trop grand. L’autre est jongleur, grand vêtu trop petit. Les deux jouent avec des cartons et les empilent. Entre arts de la rue et arts du cirque, Inbox est une variation ubuesque autour d’un matériau courant mais peu commun en cirque. Le public a beaucoup apprécié.
En revanche, l’humoriste politiquement incorrect, Redouanne Harjanne a fait grincer des dents. Sans doute, est une des raisons pour laquelle il nous a séduite. Autres coups de cœur pour Toute La Mer du monde et SoliloqueS, qui méritent aussi un éclairage particulier (lire ici). Tous trois sont fondés sur l’empêchement : des musiciens livrent un concert réduit à sa portion congrue et un acrobate porte, à lui seul, tout un spectacle de cirque. Or, au final, c’est virtuose, malin et d’une drôlerie irrésistible.
Découverte et convivialité
Un festivalier enchaîne souvent les spectacles. Or, cette année, nous avons apprécié le nouvel aménagement du square de Boston, désormais le cœur du festival, avec l’accueil, la billetterie, mais aussi un vrai lieu de vie. Deux bals parquets ont été installés aux côtés du Magic Mirror, l’incontournable chapiteau en bois. Et c’est parfait pour souffler en échangeant autour de nos dernières découvertes.
C’est aussi là que nous avons chanté, avec Au Clair de la Rue, chorale créée à Nantes pour et avec des personnes sans domicile, en grande précarité et très isolées. Cette action d’intégration et d’inclusion permet aux personnes démunies de retrouver confiance et estime de soi. L’appartenance à un groupe les amène à une véritable resocialisation. Ce dimanche, la joie qu’ils ont partagée avec le public sur un répertoire de chansons françaises connues de tous, était en effet palpable. Et cela contribue à changer le regard qu’on porte aux gens de la rue.
Sensibiliser aux associations solidaires (notamment La Cloche) pendant le festival fait partie des nouveautés du Chaînon manquant. De quoi joindre l’utile à l’agréable ! ¶
Léna Martinelli
Ginkgoa
Lead Vocal : Nicolle Rochelle
Guitariste, compositeur : Antoine Chatenet
Batterie, machines : Gregory D’addario
Clarinette, clavier / Machines : Jaafar Aggiouri
Contrebasse, clavier : Anne-Colombe Martin
Le 15 septembre 2018 au Magic Mirrors
Little Rock Story, de Claude Whipple
Plus d’infos sur le spectacle ici
Mise en scène : Oliver Prou
Chant, guitare électrique : Claude Whipple
Claviers, chœurs : Nicolas Liesnard
Basse, chœurs : Vincent Benoist
Batterie, chœurs : Romain Piot
Durée : 1 h 10
Tout public
Le 16 septembre 2018 au Magic Mirrors
Tournée ici
Au Clair de la rue
Infos : 06 72 32 91 04
Le 16 septembre 2018 au square de Boston
Inbox, de Clément Malin et Caio Sorana
Soralino
Avec : Clément Malin et Caio Sorana
Le 16 septembre 2018 sur l’esplanade du Château-Neuf
Tournée ici
Dans le cadre du Chaînon manquant, 27e édition
Du 11 au 16 septembre 2018 à Laval et Changé
Billetterie / Bar du festival / Bals Parquets / Point infos / Magic Miror • Square de Boston • 53000 Laval
À découvrir sur Les Trois Coups
☛ Focus Seuls-en-scènes, par Léna Martinelli
☛ Trio Musica Humana, par Léna Martinelli