Tout mon amour », Laurent Mauvignier, Théâtre du Rond-Point, Paris
Portée disparue
Par Florence Douroux
C’est une plongée fulgurante dans une famille de survivants. « Tout mon amour », de Laurent Mauvignier évoque l’impossible deuil d’une petite fille disparue. Dans une mise en scène sobre et pertinente d’Arnaud Meunier, directeur de la MC2 de Grenoble, Philippe Torreton et Anne Brochet dans les rôles titres, font éclater l’orage lorsque l’impensable se produit.
« Brazza – Ouidah – Saint-Denis », d’Alice Carré, Théâtre Gérard Philipe, Centre dramatique national de Saint-Denis
Aux labyrinthes de leurs mémoires blessées
Par Laura Plas
Alice Carré fait lumière sur l’histoire des combattants africains oubliés des guerres mondiales. Malgré des fils narratifs enchevêtrés et la profusion de pistes théâtrales, une proposition qui touche par sa distribution et sa fougue généreuse.
« Il Tartufo », Théâtre National Populaire, à Villeurbanne
Commedia all’italiana
Par Trina Mounier
On aura décidément vu bien des « Tartuffe » cette année, chacun proposant une lecture différente et souvent pertinente. Il est vrai que l’œuvre est riche et polysémique. Mais aucune aussi joyeuse et juste que ce « Tartufo » à la sauce Bellorini avec des interprètes italiens (du Teatro di Napoli Teatro Nazionale). Imaginez des ascendances transalpines à Molière !
« Le Tartuffe ou l’Hypocrite », Molière, la Comédie-Française, Paris
Une visitation de Tartuffe bluffante
Par Lorène de Bonnay
La scène du Français, qui fête le 400e anniversaire de Molière, nous offre un Tartuffe inédit, radical et envoûtant. La mise en scène novatrice d’Ivo van Hove s’appuie sur la version en trois actes de la pièce de 1664, reconstituée par le spécialiste Georges Forestier. Cette réinvention inestimable procure un rare plaisir.
Reprise de « La Cerisaie », Anton Tchekhov, Théâtre de l’Odéon, Paris
Une « Cerisaie » aux modulations infinies
Par Lorène de Bonnay
« Je ne survivrai pas à cette joie » : « La Cerisaie » de Tiago Rodrigues nous entraîne dans une fête grinçante, joyeuse et mélancolique célébrant la destruction d’un monde, d’un éblouissement.
Un petit trésor de subtilité présenté cet été dans la monumentale cour d’honneur du festival d’Avignon, actuellement à l’Odéon.
« Royan, la professeure de français », Marie NDiaye, Espace Pierre Cardin, Paris
Reprise
Par Léna Martinelli
Écrite à la demande de Nicole Garcia, cette pièce de la lauréate du Goncourt 2009 fait parler la violence métaphysique qui se dégage de la condition humaine. Cela, loin de tous les clichés sur le rôle des professeurs et des parents, la culpabilité ou encore la condition féminine.
Entretien avec Nicolas Bouchaud, comédien, épisode 3
« Observer le travail de l’acteur : repenser la dramaturgie d’Un vivant qui passe (épisode 3) »
Par Lorène de Bonnay
Dans « Sauver le moment », Nicolas Bouchaud évoque sa trajectoire sous forme de récits fragmentés, d’instants forts égrenés sur trente ans. Son travail mêle les spectacles de troupes et, depuis 2010, des projets artistiques plus intimes. Le dernier d’entre eux, « Un vivant qui passe » d’après Claude Lanzmann, est encore à l’affiche du théâtre de la Bastille.
Entretien avec Nicolas Bouchaud, comédien, épisode 2
« Observer le travail de l’acteur : cinq projets intimes (épisode 2) »
Par Lorène de Bonnay
Dans son ouvrage « Sauver le moment », Nicolas Bouchaud évoque sa trajectoire sous forme de récits fragmentés, d’instants forts égrenés sur trente ans. Son travail alterne les spectacles de troupes et des projets artistiques plus intimes.
Entretien avec Nicolas Bouchaud, comédien, épisode 1
« J’ai essayé d’observer le travail de l’acteur »
Par Lorène de Bonnay
Dans « Sauver le moment », Nicolas Bouchaud nous laisse pénétrer au cœur de sa pratique : il évoque sa trajectoire sous forme de récits fragmentés, d’instants intenses égrenés sur trente ans. Son travail mêle les spectacles de troupes et, depuis 2010, des projets artistiques plus intimes. Le dernier d’entre eux, « Un vivant qui passe » d’après Claude Lanzmann, est encore à l’affiche du théâtre de la Bastille. Rencontre avec l’un de ces rares comédiens à « la petite musique » unique et reconnaissable.
« Le Passé », d’après Léonid Andréïev, Odéon Théâtre de l’Europe, Paris
Crier au bord de l’abîme
Par Lorène de Bonnay
La dernière création de Julien Gosselin explore l’œuvre protéiforme et oubliée du romancier russe, avec la finesse, la minutie et la délicatesse qu’on lui connaît : « Le Passé », créée à partir du tressage de deux pièces et des nouvelles d’Andréïev, évoque des êtres au bord du gouffre, tout en questionnant de façon vertigineuse leur représentation. Un spectacle monstre inégal, complexe et intense, à décanter.
« Un vivant qui passe » d’après le film de Claude Lanzmann, Théâtre de La Bastille, Paris
Le jeu de la mort et du regard
Par Laura Plas
Présenté comme une adaptation des rushes du documentaire éponyme de Claude Lanzmann, « Un Vivant qui passe » s’empare des moyens du théâtre pour interroger misères et grandeurs de la représentation. Un spectacle passionnant, mis en scène avec intelligence et porté par deux interprètes de haut vol.
« Age of rage », Ivo van Hove, la Grande Halle de la Villette, Paris
Une humanité à l’os
Par Lorène de Bonnay
Après Électre/Oreste, Ivo van Hove poursuit son exploration de la mythique famille des Atrides qui nourrit tant les imaginaires depuis des siècles. Sa dernière adaptation des pièces grecques est d’une absolue sauvagerie : condensée, elle souligne avec nerf la mécanique implacable de la barbarie humaine.