Rêve d’amour
Par Trina Mounier
Les Trois Coups
C’est un spectacle limpide, beau et bouleversant, simplissime et d’une technicité incroyable. Un hymne à l’amour, à l’autre, au temps, celui qui passe et celui qui nous construit. Le premier que Tiago Rodrigues a porté au plateau et qu’il reprend, plus de dix ans après.
En fond de scène un simple rideau vert même pas beau. Dans un coin, une petite table et deux chaises. Autant dire rien. Et deux comédiens époustouflants qui interprètent un homme et une femme, l’amour qu’ils se portent et qui les porte, la mort qui les percute, puis qui s’enfuit, puis qui revient. Le spectacle dure 45 minutes et couvre toute une vie, rythmé par une phrase dont on découvre les multiples sens au fur et à mesure : « On a le temps ».
Rarement un auteur-metteur en scène aura parlé si bien de l’amour, avec autant de pudeur et une foi si inébranlable. Ces deux-là qui n’ont pas de nom jouent l’un à côté de l’autre, sans presque se toucher, à peine se regarder : ils font face au public qu’ils prennent pour témoin.
À l’unisson
Le texte ? deux voix qui se superposent, se croisent, se juxtaposent, se touchent, s’embrassent, se frôlent… Lui et elle se ressemblent, éprouvent les mêmes émotions, disent les mêmes choses, font les mêmes gestes, c’est comme ça qu’ils s’aiment. Tiago Rodrigues raconte l’amour qui brûle, la peur panique quand la mort rôde, les petits gestes quotidiens, les agacements, tout ce qui n’a pas d’importance, ce qu’on remet à demain, mais subtilement, par le recours à deux monologues jumeaux et des comédiens en absolue symbiose qui jouent comme ils chanteraient, à l’unisson. Le texte aborde aussi l’importance de la nature vers laquelle on retourne tous, qui semble être le socle du sentiment amoureux, le goût de cette terre devant laquelle il convient de faire silence. Car c’est elle qui donne le temps.
Rien n’est montré, rien n’est illustré, si ce n’est le regard qu’ils posent l’un sur l’autre, plein de tendresse et de joie, mais presqu’à la dérobée. C’est magique et renversant. Scotchant, aussi, parce que derrière l’apparente simplicité du texte, du jeu et de l’histoire, se cachent une prouesse, un art incroyablement maîtrisé, une véritable orchestration.
Trina Mounier
Chœur des amants, de Tiago Rodrigues
Mise en scène : Tiago Rodrigues
Avec : David Geselson et Alma Palacios
Traduction : Thomas Resendes
Scénographie : Magda Bizarro, Tiago Rodrigues
Lumière : Manuel Abrantes
Costumes : Magda Bizarro
Durée : 45 mn
Du 5 au 14 avril 2022, du mardi au vendredi à 20 h 30, samedi à 16 h 30 et 20 h 30, dimanche à 16 h 30, relâche le lundi
Théâtre des Célestins • 4, rue Charles Dullin • 69002 Lyon
Réservations : 04 72 77 40 00 ou en ligne
De 9 € à 26 €
Tournée :
- Le 19 avril, Théâtre Cinéma Paul Eluard, à Choisy Le Roi
- Le 23 avril, Théâtre de l’Olivier, à Istres
- Les 3 et 4 mai, Le Théâtre, scène nationale de Saint-Nazaire
- Le 5 mai, Le Canal, à Redon
- Du 9 au 12 mai, La Soufflerie, à Rézé
- Le 17 mai, L’éclat, à Pont Audemer
- Les 23 et 24 mai, Festival Théâtre en Mai, Théâtre Dijon Bourgogne
- Les 31 mai et 1er juin, Espace 1789, à Saint-Ouen
- Du 7 au 9 juin, TNN, à Nice