Corps et cordes
Par Léna Martinelli
Les Trois Coups
Autour de la corde et des corps en mouvement, « (Dis)‑cordes » est un spectacle qui démêle les nœuds avec poésie. Une pièce visuelle de cirque chorégraphique pour septette et 999 m de cordes. Dernier coup de cœur du festival CIRCa.
Acteurs et témoins de désaccords, les personnages au centre de cette fantasmagorie sans paroles ont de quoi faire ! On y croise Poséidon, un capitaine débordé, un aventurier qui part à l’abordage, un dresseur de créatures plutôt drôles. Certains tirent la corde à eux, d’autres dénouent les conflits, encore et toujours.
En effet, comment s’apprivoiser, et surtout créer des liens durables, c’est-à‑dire dans le respect de l’autre, de sa personnalité ? Tous ont des parcours à valeur initiatique. Grâce aux épreuves traversées et à l’entraide, ces pauvres bougres parviendront malgré tout à se libérer de leurs entraves pour atteindre l’harmonie.
Formidable métaphore du travail de troupe, ce spectacle n’est pas qu’un hymne à la solidarité qui résonne fort, dans ces tristes temps de repli sur soi. C’est encore un magnifique voyage, une belle histoire tissée dans l’étoffe des songes.
La compagnie franco-allemande Sens dessus dessous, codirigée par Kim Huynh et Jive Faury, mêle les arts. Tous deux ont fait connaissance au sein de la Cie Jérôme-Thomas pour Rain / Bow, spectacle où le geste du jongleur rencontre celui du danseur. Dans (Dis)‑cordes, la théâtralité du mouvement contribue aussi à la force du propos.
Pièce au cordeau
C’est dingue ce qu’on peut faire avec des cordes ! Toutes ces rencontres et ces situations sont reliées entre elles par ce seul et unique objet, dont le pouvoir de métamorphose atteint ici des sommets. Tour à tour agrès, partenaire de divertissement, décor, la corde occupe toute la scène. Sur ce formidable terrain de jeu, les interprètes – virtuoses – s’attachent, s’amarrent, manœuvrent, quand ils ne s’élèvent pas dans les airs. Car, comment s’en sortir autrement que par le haut ?
Vagues, serpent de mer, vallées… Manipulé, l’accessoire devient élément de scénographie, voire décor. Quel imaginaire prolifique ! Brute et simple d’apparence, la corde s’avère d’une richesse infinie. En tout cas, ici, elle se prête à toutes les audaces, tantôt avec l’aide d’une machinerie imposante, tantôt par l’inventivité. Et la mise en scène est réglée au millimètre près.
Ludique, lyrique, poétique, le spectacle est visuellement très réussi. En plus d’un rendu graphique, de subtils jeux de lumière sculptent l’espace. Si le registre relève plutôt du fantastique, le visiteur rit aussi, car c’est souvent traité de façon burlesque. La palette d’émotions est donc vaste. ¶
Léna Martinelli
(Dis)-cordes, de Jive Faury et Kim Huynh
Cie Sens dessus dessous
Diffusion : Cécile Bellan
Contact : production@sensdessusdessous.fr
Site : http://www.sensdessusdessous.fr/
Avec : Jive Faury, Alain Fernandez, Jérémie Halter, Kim Huynh, Elia Perez Guisado, Morgane Widmer, Emily Zuckerman
Collaborations artistiques : Gilles Remy, Françoise Lepoix
Musique originale et création sonore : Pierre Le Bourgeois
Costumes : Sandrine Rozier
Création lumières, régie : Lionel Vidal
Photos : © David Merle
L’Astrada • chemin de Ronde • 32230 Marciac
Dans le cadre de CIRCa, 29e festival de cirque actuel
Site : http://www.circa.auch.fr/index.php?option=com_content&view=article&id=98&Itemid=251&lang=fr
Réservations : 05 62 61 65 00
Le 28 octobre 2016 à 14 heures et le 29 octobre à 17 heures
Durée : 1 h 5
19 € | 15 €
À partir de 8 ans
Tournée :
- Le 25 novembre 2016, Quai des rêves, Lamballe (22)
- Du 18 au 21 janvier 2017, Scène nationale de Sénart (77)
- Du 22 au 29 mars 2017, Mulhouse (68)
Teaser : https://www.youtube.com/watch?time_continue=2&v=m2RnPVGjmQQ