Entretien avec Audrey Burette et Marie‑Laure Violette, attachées de presse du Théâtre de la Ville à Paris

Salle de spectacle

Un métier en pleine mutation

Par Isabelle Jouve
Les Trois Coups

Le métier d’attaché de presse est mal connu du grand public. Audrey Burette et Marie‑Laure Violette ont accepté de répondre à quelques questions.

Quelle est la particularité des attachés de presse du Théâtre de la Ville ?

Marie-Laure : Nous avons deux casquettes : une partie presse (nous sommes l’interface entre le théâtre et les journalistes) et une partie communication (les affiches, les programmes de salle, le site internet…). C’est enrichissant car très complémentaire.

Nous ne travaillons jamais sur une seule production à la fois. Quelquefois, il y a cinq ou six représentations le même soir, dans des lieux différents. Cette saison, nous avons 126 projets artistiques. Je suis attachée de presse pour la danse. Par exemple, en janvier, j’ai proposé aux différents médias des spectacles au Centre Pompidou, à la Maison des arts de Créteil et au Théâtre des Abbesses.

Audrey : Pour ma part, je suis attachée de presse pour le théâtre, enfance et jeunesse. Nous voyons les projets en amont, ce qui nous permet de mieux connaître les contenus artistiques pour ensuite les proposer et les défendre auprès des différents médias.

Travaillez-vous avec la presse étrangère ?

Marie‑Laure : Oui, car l’une des ambitions du Théâtre de la Ville est l’accueil de créations étrangères. Nous avons donc une programmation internationale très importante, qui attire la presse étrangère. Par exemple, en début de saison, nous avons mis en place un partenariat avec la Brooklyn Academy of Music de New York (B.A.M.). Des artistes américains sont venus se produire au Théâtre de la Ville et des artistes français, comme Yoann Bourgeois et Wang Ramirez, ont fait le voyage inverse, à New York. On a eu une belle retombée dans la presse new-yorkaise.

Audrey : Des troupes, tel le Berliner Ensemble, se déplacent peu. Comme des liens étroits se sont tissés au fur et à mesure des années, nous sommes les seuls à les accueillir en France. Dans ce métier, le relationnel et la confiance sont la base de tout.

Vous dites que le métier a changé. De quelle manière ?

Marie-Laure : Il y a de moins en moins de journaux papier. Il faut donc trouver de nouveaux contacts, car les blogs, les sites se développent. Moi, j’ai connu l’époque où il y avait, tous les jours, des critiques « danse » dans France-Soir ou le Parisien. On est donc constamment en veille pour connaître les nouveaux influenceurs.

Audrey : Pouvoir envoyer en un instant des photos, des communiqués de presse à plusieurs personnes en même temps, a tout révolutionné. On est dans l’instantanéité et la multiplicité de l’information. Aujourd’hui, il y a trop d’informations. Il faut alors apprendre à être percutant, à accrocher les journalistes tout de suite.

Qu’est-ce qui vous intéresse le plus dans votre métier ?

Marie-Laure : J’aime le relationnel, le travail en équipe et faire bouger les lignes. C’est un cadeau que de travailler dans une telle structure, et de voir tout le foisonnement que cela génère.

Audrey : Moi, je dirais arriver à faire découvrir un nouvel artiste à un journaliste qui ne le connaissait pas avant. Ce n’est pas évident, mais cela arrive et c’est extrêmement gratifiant.

Audrey, vous qui avez été attachée de presse freelance, vous voyez une vraie différence avec votre statut d’aujourd’hui ?

Oui, je vois l’image importante dont bénéficie le Théâtre de la Ville auprès des médias. Quand j’étais freelance, mon rapport aux journalistes était différent. Aujourd’hui, quand je leur propose des évènements, je les sens beaucoup plus à l’écoute que lorsque je travaillais pour des lieux moins prestigieux. Le Théâtre de la Ville est une véritable institution culturelle, avec une histoire, un passé. Moi qui travaille pour la jeunesse, il y a peu de journalistes spécialisés. Mon job est donc d’élargir la base de mes contacts pour faire en sorte que de plus en plus de journalistes, non spécialisés dans le jeune public, assistent aux spectacles.

Le Théâtre de la Ville est fermé pour deux ans, mais la programmation continue. Comment continuer à faire venir le public ?

Marie-Laure : C’est l’un de nos grands enjeux, car nous avons une vingtaine de lieux partenaires. Il a fallu que l’on explique clairement notre choix de poursuivre les projets dans ces nouveaux endroits, et le déplacement ponctuel du Théâtre de la Ville vers l’espace Pierre-Cardin. C’est un travail de chaque instant.

Audrey : Notre rôle est de faire en sorte que les journalistes et le public retiennent que c’est le Théâtre de la Ville qui est à l’origine des programmations, et non pas l’un des lieux partenaires. On a d’ailleurs engagé un photographe qui suit le chantier pour faire des reportages.

Le public l’a bien compris ?

Audrey : Complètement. Les abonnés ont suivi, et nous en sommes vraiment très heureux. 

Propos recueillis par
Isabelle Jouve


http://www.theatredelaville-paris.com/

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