« Fruits du néant », de Ferdinand Bruckner, Théâtre des Clochards Célestes à Lyon

« Fruits du néant » de Ferdinand Bruckner – Mise en scène d’Hugo Roux © Hugo Fleurance

Fruits pas mûrs

Par Trina Mounier
Les Trois Coups

Trois ans après L’Éveil du Printemps, Hugo Roux et sa compagnie Demain dès l’aube montent « Fruits du Néant » de l’écrivain autrichien Ferdinand Bruckner. Malgré une direction d’acteurs efficace, le texte manque de richesse.

Au lendemain de la guerre, dans une ville en ruines, un groupe d’adolescents comble son ennui et son désœuvrement en parlant philosophie. Les garçons, du moins, font monter les enchères sur les propos les plus hardis, et professent des idées provocatrices pour exister.

Avec eux, deux jeunes filles caricaturales : l’une ne pense qu’en référence aux magazines de mode, l’autre est une gentille fille du peuple, censée donc ne rien connaître. Cette opposition entre les jeunes gens qui tentent, même maladroitement, de réfléchir et des jeunes filles qui ne le veulent ou ne le peuvent pas, frise aujourd’hui le ridicule. Pourquoi Hugo Roux n’a-t-il pas fait des coupes ou traité ces éléments de manière distanciée ?

Au cours de leurs conversations philosophiques, la question de l’acte gratuit, du permis de tuer, est posée, tant et si bien que l’un d’entre eux passe à l’acte. Et voici quatre jeunes gens contraints de fuir, de se cacher, livrés à leur conscience ou à son absence.

Cas de conscience

Sur le plateau couvert de terre, un vieux pneu, quelques planches. Ce no man’s land va servir de huis clos à toutes les tensions qui ne manquent d’éclater. Hugo Roux, dont on retrouve avec plaisir la mise en scène vigoureuse et sensible, dessine adroitement les relations entre les personnages, la montée des antagonismes, l’évolution des uns et des autres. Très vite il ressort que des paroles aux actes la différence est énorme, et que rien ne permet de l’anticiper, de s’y préparer. L’auteur ne donne aucune clé psychologique permettant de comprendre comment l’un bascule et l’autre pas. Seule l’amitié semble encore pouvoir les sauver.

Dans une distribution malheureusement inégale, deux acteurs, Oscar Montaz et Lucas Weyman, excellent. Ils donnent vraiment corps à leur personnage, et à cette histoire qui aurait mérité un travail d’adaptation plus insolent.

Trina Mounier


Fruits du néant, de Ferdinand Bruckner

Mise en scène : Hugo Roux

Avec : Lauriane Mitchell, Morgane Réal, Oscar Montaz, Lucas Weyman, Arthur Daniel, Stéphane Naigeon

Durée : 1 h 45

À partir de 15 ans

Photo © Hugo Fleurance

Théâtre des Clochards Célestes • 51, rue des Tables-Claudiennes • 69001 Lyon

Du 8 au 13 janvier 2020, du mardi au samedi à 19 h 30

De 6 € à 12 €

Tournée :

  • Le 5 mai, à l’Auditorium Seynod – Scène régionale

À lire sur Les Trois Coups :

L’éveil du printemps de Wedekind, par Trina Mounier

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