Dernier grand tour
Du restaurant luxueux, il ne reste plus que quelques velours rapiécés, des lustres sans éclat, des assiettes dépareillées, dans une ambiance au charme suranné, mais l’envie de servir, de divertir et de bluffer la clientèle est restée intacte. Certains spectateurs, en appétit, les avaient déjà découverts là en 2017 : « Je n’aurai pas manqué ça, tellement j’avais passé un bon moment », témoigne Alice. Donc, au menu des Grands Fourneaux #2 : de la gastronomie, quelques pas de danse, des fantaisies musicales, ainsi que des acrobaties.
Insolite et virtuose
Déjà, l’accueil est chaleureux. Mme Loyal (Chiara Bagni) est cheffe de rang. Bien que burlesque, elle manie son monde à la baguette, des employés espiègles. Elle est de mèche ! Les personnages, bien campés, circulent entre les tables et sur la piste ; des contorsions ont lieu sur le comptoir où l’on se fait servir les boissons ; les plats volent entre les enchaînements et les voltiges (vélo acrobatique, roue Cyr, trapèze, corde volante, capilotraction (Chiara Bagni), numéros de chapeaux ou de clowns…). Tous sont musiciens, dirigés tant bien que mal par Cyriaque Bellot, compositeur et multi-instrumentiste accompli. La musique d’inspiration manouche est extra.
On retrouve les fondateurs de la compagnie (Max et Maurice), les fidèles compagnons de route (la mère courage Florence, Sandrine, Olivier et Cyriaque), la petite dernière, l’effrontée, la gamine Camille, ainsi que trois autres personnalités suffisamment folles pour rejoindre l’équipe, soit huit artistes : « des vieux pour calmer l’ardeur de la jeunesse et des jeunes pour ralentir l’action du vieillissement. Des vieux pour rire, des jeunes pour applaudir. Des vieux pour souffler, des jeunes pour se pâmer, s’ébahir. Des vieux pour croire que nous avons toujours 20 ans, des jeunes pour mettre à mal cette croyance », lit-on dans le dossier de presse.
En effet, il faut une sacrée logistique pour assurer 125 couverts, d’autant plus que tout est fait maison (repas végétarien). Résultat : deux heures, service compris, et quatre personnes à la plonge. Pas de temps mort. Le rythme est un des atouts de ce spectacle où l’on mange et l’on rit, où l’on fait connaissance avec ses voisins entre les ahahah et les oh. Très bien construit avec des transitions efficaces, le spectacle ménage des respirations pour permettre aux gens de manger, tout de même.
Un succès grandement mérité. D’ailleurs, Richard Fournier, le directeur du Plongeoir, souhaite réitérer cette formule originale en invitant d’autres compagnies susceptibles de conjuguer art culinaire et arts du cirque.
« C’est fini »
Max et Maurice n’ont pas peur des grands écarts ! Afin de pouvoir discuter en toute intimité, Trois petits tours (et puis s’en vont…) se joue dans un petit chapiteau. En une heure resserrée, ce couple de vieux clowns qui savent faire deux ou trois trucs encore bluffants, nous proposent de vrais et faux numéros, de la musique, des souvenirs à gogo.
« Trois petits tours en chansons avant l’oraison ». En attendant l’agent qui les emmènera au bout du monde, cette ultime représentation raconte l’histoire du temps qui passe, avec ses rêves et ses désillusions. Ces deux artistes de pacotille rêvent encore et toujours des plus grandes scènes. Usés, au bout du rouleau, mais touche-à-tout, ils montrent ici de quoi ils sont encore capables. Aigris cabots, mais as de la bricole, ils cherchent une sortie à la hauteur. Ils nous font mourir de rire avec leur « humour à deux balles », nous ravissent avec leurs exploits non dénués de poésie.
Entre dialogues de sourd et comique de gestes, ce spectacle faussement autobiographique est une pépite. Ces deux pauvres hères, qui bon an, mal an, ont réussi à tenir jusque-là, s’aiment autant qu’ils se détestent. Et nous, on les adore. On ne se lasserait pas de réentendre cette ritournelle. Trois petits tours (et puis reviennent…) ? Car, on le sait, les clowns ne meurent jamais. D’ailleurs, voilà de nouvelles chaussures… 🔴
Léna Martinelli
Les Grands Fourneaux, cie Max & Maurice
Site de la cie
Écriture et mise en scène : Emmanuel Gilleron
Avec : Chiara Bagni, Amandine Calige, Sandrine Colombet, Antoine Deschamps, Rubèn Martin, Camille Toyer, Olivier Verzelen
Composition et musique : Cyriaque Bellot
Cuisine : Florence Bray
Régie générale chapiteau : Olivier Verzelen
Durée : 2 heures
Dès 5 ans
Promenade Newton • Le Plongeoir Pôle Cirque Le Mans Sarthe Pays de la Loire • 6, bd Winston Churchill • 72100 Le Mans
Du 25 et 30 juin 2024
Tarifs (repas sans boissons + spectacle) : 15 € et 20 €
Dans le cadre du festival Le Mans fait son Cirque, 23e édition, du 22 au 30 juin 2024
Tournée ici :
• Du 26 au 28 septembre, à Lisieux (14)
• Du 10 au 12 octobre, Théâtre de la Faïencerie, à Chambly (60)
• Du 18 au 20 octobre, dans le cadre du Festival Second Geste, à Saint-Pair-sur-Mer (50)
• Du 5 au 17 novembre, dans le cadre de La Nuit du Cirque 2024, La Renaissance, en partenariat avec Le Sablier, Centre National de la Marionnette, à Mondeville (14)
• Du 13 au 15 décembre, La Loggia, à Plélan-le-Grand (35)
• Du12 au 15 février 2025, PNC Boulazac (24)
• Du 14 au 16 mai, Forum Jacques Prévert, à Carros (06)
• Du 22 au 25 mai, Le Pôle Arts en circulation Le Revest-les-Eaux, à La-Seyne-sur-Mer (83)
• Du 6 au 8 juin, à Liffré (35)
• Du 13 au 15 juin, AY-ROOP Scène de territoire cirque, à Rennes (35)
• Du 21 au 29 juin, dans le cadre de CirquEvolution Réseau de soutien au Cirque contemporain, à Gonesse (95)
Photos : © Philippe Marguet, sauf la 1ère de la mosaïque © Thomas Brousmiche
Trois petits tours (et puis s’en vont…), cie Max & Maurice
Site de la cie
Écriture et mise en scène Emmanuel Gilleron
Avec : Antoine Deschamps, Emmanuel Gilleron
Dès 7 ans
Durée : 50 min
Le Plongeoir Pôle Cirque Le Mans Sarthe Pays de la Loire • 6, bd Winston Churchill • 72100 Le Mans
Du 28 et 30 juin 2024
Dans le cadre du festival Le Mans fait son Cirque, 23e édition, du 22 au 30 juin 2024
Tournée ici :
• Du 23 au 26 juin, dans le cadre de CirquEvolution Réseau de soutien au Cirque contemporain, à Juilly (77)
Photos : © Virginie Meigne
