Bulletin no 8 : en librairie…
Par Rodolphe Fouano
Les Trois Coups
Monographies, biographies, mémoires, réédition de classique…
Dans les coulisses de la Comédie-Française, de Lætitia Cénac, dessins de Damien Roudeau
Éditions de La Martinière, « Histoire et société », 2016

À l’exception d’une référence à Jean Vilar (p. 230) non contextualisée, qui tombe comme un cheveu sur la soupe, et d’une bibliographie manquant pour le moins de rigueur, la promenade est belle, fort belle (sic) même. L’on y croise bien évidemment le « capitaine Ruf », actuel administrateur général depuis août 2014, Gérard Giroudon, le doyen, la benjamine, Rebecca Marder, qui n’a que 20 ans, Claude Mathieu, qui détient le record de longévité au sein du « Français », mais aussi Denis Podalydès, Michel Vuillermoz, Dominique Blanc et tous leurs camarades. Répertoire complet de la troupe en fin de volume et succincte chronologie de la Maison de Molière. Le « reportage dessiné » est assurément un plaisant concept.
240 p., 29 €
Pour en savoir plus sur la Comédie-Française :
www.comedie-francaise.fr/
l’Effort d’être spectateur, de Pierre Notte
Les Solitaires intempestifs, 2016

Une divagation subjective en 34 volets, à l’image de l’auteur, personnalité sympathique et iconoclaste du paysage théâtral français. Ancien journaliste, ex‑secrétaire général de la Comédie-Française, auteur associé au Théâtre du Rond-Point, auteur dramatique original (on lui doit en particulier Moi aussi je suis Catherine Deneuve et Pour l’amour de Gérard Philipe), metteur en scène, romancier, compositeur, parolier, chanteur, Pierre Notte est tout cela à la fois et plus encore. Tendre et drôle parfois, pudique toujours, notamment à l’endroit de la famille, ou lorsqu’il évoque sa « voix manquante », son « souffle éraillé », l’aphonie qui l’ont fait écrire, cruel souvent, il fixe ici mine de rien (et c’est bien là sa patte et son talent) les ridicules et les usages d’un secteur qu’il connaît parfaitement, non sans autodérision quant à sa vocation personnelle et ses propres comédies et « farces à chansons » qu’il qualifie de « merdouilles ». Une humilité que l’on aimerait voir plus largement partagée !
94 pages, 15 €
http://www.solitairesintempestifs.com/livres/605-l-effort-d-etre-spectateur.html
Pièces de Pierre Notte à l’affiche, saison 2016-2017 :
- C’est Noël tant pis à la Comédie-des‑Champs-Élysées (depuis le 26 janvier 2017)
www.comediedeschampselysees.com/spectacles/85/C-est-Noel-Tant-Pis - Vera d’après Petr Zelenka au Théâtre de la Ville / Abbesses (23 mars-8 avril 2017)
http://www.theatredelaville-paris.com/spectacle-veraelisevigiermartialdifonzobo-1006
Roger Planchon
Introduction et choix de textes par Michel Bataillon
Actes Sud-Papiers, coll. « Mettre en scène », 2016

Michel Bataillon, compagnon de route arrivé à Villeurbanne en 1972, explique, dans son introduction, en quoi consistait le fameux « travail à la table » : une lecture sans jeu, sans intention, pour ne pas enfermer le texte dans un sens unique, mais en découvrir les contradictoires richesses. Créateur en France de la Bonne Âme de Se-Tchouan en 1954, le metteur en scène brechtien, refusant l’approche psychologique traditionnelle des personnages autant que le moralisme petit-bourgeois, reste dans l’esprit de tous l’un des piliers de la décentralisation théâtrale, dont les « relectures » de Molière (tout particulièrement du Tartuffe et de George Dandin) ou la Mise en pièces du Cid sont des références mythiques.
Michel Bataillon a composé ce bref ouvrage en réunissant des entretiens que Planchon avait eus avec Jean Mambrino, Jean‑Jacques Lerrant, Bernard Villeneuve, Catherine Unger, Jean Deloche, Olivier Schmitt ou encore Gilles Costaz, notamment. Dans l’échange avec ce dernier qui date de 1996, Planchon commente le fait que Jean Vilar ait « abandonné le T.N.P. » en 1963, trouvant cela « extraordinaire ». Lui déclare se sentir plus proche de la morale de la Chèvre de M. Seguin, l’animal se battant avec le loup jusqu’à la mort. Comme Dullin. Ce que fit aussi Planchon, s’écroulant quelques instants après avoir lu à voix haute son ultime pièce, Sade, dyptique, conçue en collaboration avec Max Schoendorff.
Avant des repères biographiques et une bibliographie sélective, on découvre en fin de volume quelques fragments inédits d’une espèce de « journal nocturne » que Planchon a tenu de façon discontinue entre 1965 et 1980, et que son épouse et leurs enfants ont retrouvé après sa mort. On peut y lire : « Au théâtre tout discours didactique, si éblouissant soit‑il, est toujours une façon de contourner l’obstacle, ou déplacement. On croit décrire la montagne en écrivant sur la montagne pour éviter de les grimper. » C.Q.F.D.
106 pages, 14 €
http://www.actes-sud.fr/catalogue/essais-et-ecrits-sur-le-theatre/roger-planchon


