Belén Maya au sommet de l’art
Par Fatima Miloudi
Les Trois Coups
Au confluent du flamenco classique et du contemporain, la chorégraphe et danseuse Belén Maya a clos le festival nîmois par un moment de perfection. Excellence du cantaor Jesús Mendez, du guitariste aux doigts d’or Rafael Rodríguez et de Felípe Mato aux palmas. Une ovation méritée pour un flamenco sublimé.
L’essence de la danse tient à l’essentiel. Elle tient à la présence de l’être dans le corps investi. Ici, tout concourt à garder captif le regard et l’oreille du spectateur. Sur scène, rien, sinon ce qui suffit. Des chaises pour s’asseoir, une table pour y frapper du poing comme à l’origine de la percussion flamenca, et une ampoule pour laisser dans la pénombre les trois accompagnants.
Avant l’entrée de la danseuse elle-même, la tension est dans les corps, dans le ventre du cantaor au chant passionné, au bout de ses mains tendues vers l’avant comme pour tracer le chemin de ses paroles, dans les doigts virtuoses du guitariste, capable d’emporter vers de nouvelles contrées. Après le spectacle d’Andrés Marin la semaine dernière, l’âme du flamenco semble nous dire l’égalité des parties et leur naturelle symbiose. Spectacle autour de la soliste Belén Maya ? Plutôt moments de danse offerts où chacun – chant, guitare, palmas, danse – n’est là que pour magnifier son art et celui de ses partenaires.
La ligne du corps, féminine et élégante, toujours
La danse de Belén Maya est tout en souplesse et légèreté. La ligne élancée de son corps est rehaussée par le choix des tenues. Des robes cintrées haut enserrent la taille comme un corset et mettent en valeur, d’une part, le bassin, d’autre part, le buste et les bras, différenciés de surcroît par un chemisier d’une couleur autre, rouge ou bleue. Le tissu moulant du vêtement découpe la ligne du corps, féminine et élégante, toujours. Belén Maya se reconnaît à une danse à la fois minutieuse et géométrique, telles ces poses soudaines comme arrêtant au vol l’énergie du mouvement. Il y a encore cette sorte de rebond ou de répétition d’un même geste, ou ces bras lancés, moulinant à une vitesse effrénée dans un mouvement perpétuel.
La danseuse est un point de convergence du contemporain et du flamenco traditionnel. Figure simplement parfois de la Gitane au port de tête altier, à l’énergie fougueuse, le talon raclant le sol. Mais il n’y a pas que son corps qui danse. Elle nous dit aussi, avec la robe blanche à longue traîne qu’elle porte, que le vêtement, sa coupe, sa fluidité, ou les franges d’un châle sont autant de mouvements qui construisent la danse. Les lignes souples ou les ondulations des volants racontent la passion du mouvement, l’énergie, comme le font le chant ou la guitare. Au final, rien n’est accompagnement. Tout signifie ensemble. ¶
Fatima Miloudi
Tres, de Belén Maya
Direction artistique et chorégraphique : Belén Maya
Danse : Belén Maya
Chant : Jesús Mendez
Guitare : Rafael Rodríguez
Palmas : Felípe Mato
Lumières : Ana Yacobi
Son : Angel Olalla
Photo : © X. D.R.
Production et distribution : Arte y movimiento-Daniela Lazary Compaña Belén-Maya
Théâtre de Nîmes • 1, place de la Calade • B.P. 1463 • 30017 Nîmes cedex 1
Réservations : 04 66 36 65 10
http://www.theatredenimes.com/
Samedi 22 janvier 2011 à 20 heures
Durée : 1 h 10
32 € | 30 € | 16 € | 11 €