Inquiète par « le manque de vision et d’ambition du gouvernement », la culture veut un plan de relance adapté
Les Trois Coups
Suite aux dernières mesures de restriction décrétées le 27 décembre, le gouvernement a réuni les organisations professionnelles des secteurs du spectacle vivant et du cinéma pour faire le point sur l’impact du freinage sanitaire sur leur activité et préciser le cadre de l’accompagnement économique de l’État. Les principaux syndicats de la profession, qui considèrent leur secteur « sacrifié », expriment leur colère dans une tribune publiée dans le Figaro et relayée ci-dessous.
« Cela fait bientôt deux ans que le monde de la culture vit au rythme de coups d’arrêt réguliers, et notamment le spectacle vivant. Faut-il encore rappeler que les concerts debout et de grande capacité n’ont pu jouer, durant toute cette période, que 4 à 6 mois au maximum. Au-delà, toutes les activités culturelles subissent une baisse marquée de la fréquentation.
Cela fait bientôt deux ans que de nombreux artistes voient leurs concerts et spectacles interdits, et sont privés de leurs publics.
Cela fait bientôt deux ans que les professionnels de ce secteur tentent de survivre en s’accrochant parfois aux annonces optimistes du Gouvernement. Mais la relance tant attendue s’éloigne désormais chaque jour un peu plus pour eux. Le secteur s’enlise, perd ses équipes et ses talents : le métier ne fait non seulement plus rêver, il fait peur.
C’est tout le spectacle vivant qui est impacté
Bien sûr, chacun est conscient des contingences d’une crise sanitaire inédite qui appelle, parfois, des réponses de dernière minute. Bien sûr, chacun reconnaît la difficulté d’un Gouvernement, souvent obligé de prendre la moins pire des décisions.
Mais cela fait bientôt deux ans que tous les acteurs du spectacle vivant font montre, eux aussi, d’une responsabilité sans faille : redoublant d’efforts pour s’adapter aux circonstances, mettant tout en œuvre pour « apprendre à vivre avec le virus », comme le préconisait le Président de la République dès août 2020, et proposer des solutions afin que le spectacle reste vivant. C’est en conscience que nous avons soutenu une grande partie des décisions prises tout au long de ces deux années. Ce n’était pas toujours facile, mais une seule pensée nous animait alors : celle des retrouvailles durables avec les Français.
Rien n’a changé !
Deux ans ! Aussi, les mots de soutien et de compréhension du Gouvernement ne peuvent plus suffire !
Car, malgré nos efforts, notre capacité d’adaptation, la résilience, le concert-test, la distanciation, rien ne suffit à éviter les stigmatisations. Et rien n’a changé ! Les dernières annonces gouvernementales du 27 décembre sont un nouveau coup dur pour le spectacle vivant : le Premier ministre annonce, sans nous consulter, l’interdiction des concerts debout ainsi que le retour à des jauges assises plafonnées à 2 000 ou à 5 000 personnes. Comme les discothèques, les organisateurs de spectacles à jauge debout sont désormais interdits de travailler et, avec eux, les salariés du secteur, les techniciens et les artistes. La politique du «stop -and-go» est de retour… ou plutôt du «stop-and-stop ». Et ce, comme si le Gouvernement ne savait pas que, lorsque l’on nous arrête en seulement 7 jours, nous mettons au moins 6 mois à repartir.
Essentielle lorsque nous étions confinés,
la culture est désormais accessoire et sacrifiée
Cette mesure dépasse le cadre strict des jauges debout et des grandes jauges : c’est tout le spectacle vivant qui est impacté ! Car, perdus au milieu de l’empilement d’interdictions, de restrictions mais aussi de dérogations, les Français considèrent désormais l’acte d’achat d’un billet de spectacle comme une prise de risque. La défiance gagne. Déjà en octobre, 56 % de nos spectateurs étaient réticents à retrouver le chemin des salles de spectacles, et parfois à long terme.
Dès lors, comment réinstaurer la confiance quand le message du Gouvernement semble laisser dire à nouveau que les salles de spectacles sont des lieux de contamination ? Cette décision d’interdiction balaie d’un revers de main l’expérimentation scientifique menée lors du concert-test organisé avec l’AP-HP en mai 2021 et les différentes études sur le sujet, comme celle publiée par l’Institut Pasteur en novembre 2021. Et, alors que le passe sanitaire avait suscité des remous, nous l’avions accepté, persuadés qu’il représentait une condition sine qua non à notre reprise. Nous le voulions temporaire et encadré. On nous annonce récemment que ce sera un passe vaccinal, qui n’était qu’une simple chimère il y a encore quelques semaines. Et voilà que le projet de loi, en cours d’examen au Parlement, laisse la possibilité de demander le cumul d’un passe vaccinal et d’un test négatif pour accéder à certains lieux…
La culture ne peut plus être la variable d’ajustement d’un discours politique pétri de symboles. Essentielle lorsque nous étions confinés, elle est désormais accessoire et sacrifiée. Sommes-nous les idiots utiles d’un discours censé rassurer face à une énième nouvelle vague ? Les victimes de la communication du Gouvernement ?
Nous voulons des réponses anticipées, concertées, et surtout guidées par un cap, une vision
Aujourd’hui, nous, acteurs du spectacle vivant :
– Nous ne voulons plus payer les pots cassés et attendre fébrilement chaque série d’annonces gouvernementales, sans concertation possible,
– Nous ne voulons plus être stigmatisés : nous ne sommes ni responsables, ni coupables. Ou plutôt, nous n’avons été que trop responsables jusqu’alors.
Après deux ans, cette crise n’est plus conjoncturelle : elle est désormais structurelle et systémique. Les cautérisations ponctuelles ne suffisent plus. Et les tâtonnements et réponses de dernière minute doivent maintenant laisser place à des réponses anticipées, concertées, et surtout guidées par un cap, une vision. Nous sommes désormais seuls à assumer nos risques financiers face aux frais d’annulation et de report, consommant nos liquidités avant même de pouvoir retrouver un climat serein qui n’arrive pas.
Ce que nous voulons, c’est travailler, avec de la visibilité sur les mesures à venir.
Mais surtout, ce que nous voulons, c’est de la visibilité à moyen terme, permettant une reprise pérenne de nos activités. Une tournée se travaille sur deux à trois ans ; nous ne pouvons plus, malgré nos capacités d’adaptation, intégrer ces « stop-and-go » répétés.
Il faudrait enfin comprendre, après pourtant 2 ans d’explication de nos modèles économiques au Gouvernement, que, même si toutes les salles de spectacles de France sont autorisées un jour à rouvrir, le marasme sera identique à celui que nous connaissons aujourd’hui, tant que la défiance sera entretenue et que le spectateur ne recommencera pas à acheter nos billets de spectacle.
Nous voulons une visibilité
et un plan à horizon 2030
Ce que nous voulons enfin, c’est un accompagnement de long terme. Deux ans, c’est un temps long pour la culture. Nous avons besoin d’un plan à horizon 2030. Et non à horizon 3 semaines.
Ce que nous voulons, en bref, c’est un peu d’ambition et de vision pour le spectacle, qui rassemble et transcende les classes et les générations, face à la tentation du repli qui nous menace.
Signataires :
PRODISS – Syndicat national du spectacle musical et de variété
SMA – Syndicat des Musiques Actuelles
SCENES – Fédération de la création artistique privée
SNDTP – Syndicat national des Théâtres Privés
CAMULC – Syndicat des Cabarets Music Halls Lieux de Création
FESAC – Fédération des entreprises du spectacle vivant, de la musique, de l’audiovisuel et du cinéma
FESAC – Fédération des entreprises du spectacle vivant, de la musique, de l’audiovisuel et du cinéma
Les membres :
ACCeS – Association des Chaînes Conventionnées Éditrices de Services
AFPF – Association Française de Producteurs de Films et de Programmes Audiovisuels
AnimFrance – Syndicat des Producteurs de Films d’Animation
API – Association des Producteurs Indépendants
ARENES – Association de Représentation des Établissements Nationaux Entrepreneurs de Spectacles
CAMULC – Syndicat des Cabarets Music Halls Lieux de Création
CNRA – Confédération Nationale des Radios Associatives
CSDEM – Chambre Syndicale de l’Edition Musicale
FICAM – Fédération des Industries du Cinéma, de l’Audiovisuel et du Multimédia
LES FORCES MUSICALES
LOCALES.TV
PRODISS – Syndicat national du spectacle musical et de variété
PROFEDIM – Syndicat Professionnel des Producteurs, Festivals, Ensembles, Diffuseurs Indépendants de Musique
SATEV – Syndicat des agences de presse audiovisuelles
SIRTI – Syndicat des Radios Indépendantes
SMSP – Syndicat des Médias du Service Public
SNDTP – Syndicat National du Théâtre Privé
SNEP – Syndicat National de l’Édition Phonographique
SNES – Syndicat National des Entrepreneurs de Spectacles
SNRC – Syndicat National des Radios Commerciales
SNRL – Syndicat National des Radios Libres
SNSP – Syndicat National des Scènes Publiques
SPECT – Syndicat des Producteurs et Créateurs de Programmes Audiovisuels
SPI – Syndicat des Producteurs Indépendants
SRGP – Syndicat des Radios Généralistes Privées
SRN – Syndicat des Réseaux Radiophoniques Nationaux
SYNDEAC – Syndicat National des Entreprises Artistiques et Culturelles
SYNPASE – Syndicat National des Prestataires de l’Audiovisuel Scénique et Evénementiel
SyNTiP – Syndicat national des télévisions indépendantes privées
UPC – Union des Producteurs de Cinéma
USPA – Union Syndicale de la Production audiovisuelle
TPLM – Tous Pour La Musique
Les membres :
APRES – Attaché.e.s de Presse Réseau Entraide Syndicat
CEMF – Chambre Syndicale des Editeurs de Musique de France
CSDEM – Chambre Syndicale de l’Edition Musicale
CSFI – Chambre Syndicale de la Facture Instrumentale
Fédération EIFEIL – Fédération des éditeurs de musique indépendants en France
ESML – Syndicat des Editeurs de Service de Musique en ligne
LA FELIN – Fédération Nationale des Labels Indépendants
LA GAM – La Guilde des Artistes de la Musique
GRANDS FORMATS
LES FORCES MUSICALES
MMFF – Music Managers Forum France
PRODISS – Syndicat National du Spectacle Musical et de Variété
PROFEDIM- Syndicat Professionnel des Producteurs, Festivals, Ensembles, Diffuseurs Indépendants de Musique
SACEM – Société des Auteurs, Compositeurs et Editeurs de Musique
SCPP – Société Civile des Producteurs Phonographiques
SFA – Syndicat Français des Artistes Interprètes
SMA – Syndicat des Musiques Actuelles
SNAC – Syndicat National des Auteurs Compositeurs
SNEP – Syndicat National de l’Edition Phonographique
SNES – Syndicat National des Producteurs de Spectacle
SNM/FO – Syndicat National des Musiciens Force Ouvrière
SPPF – Société des producteurs de phonogrammes en France
UCMF – Union des compositeurs de musiques de films
ULM – Union des Librairies Musicales
UNAC – Union Nationale des Auteurs et Compositeurs
UPFI – Union des Producteurs Phonographiques Français Indépendants
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