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« Dom Juan », de Molière, au Théâtre national populaire à Villeurbanne

« Dom Juan » de Molière © Michel Cavalca

Aimable Dom Juan

Par Trina Mounier
Les Trois Coups

La version de « Dom Juan » que propose Olivier Maurin au Théâtre national populaire réserve de belles surprises.

La pièce est admirablement construite en deux mouvements. Le premier, ascendant, s’organise autour de la cavale de Dom Juan, grand seigneur méchant homme, qui multiplie les provocations contre la morale et la loi, contre son père et contre Dieu. L’homme est flamboyant, son attitude est juvénile. S’il fuit, il a encore de la prestance, matière à impressionner et surtout la capacité de se mentir à lui-même en jouant avec le feu, insouciant, impérial. Ce joueur séducteur gagne à tous les coups car tous les coups sont permis.

Le second mouvement n’est qu’une chute inéluctable au cours de laquelle il retrouve un à un ceux qu’il a humiliés. La course à l’abîme est amorcée, les rôles sont renversés. Mais pas uniformément. S’il dupe son père, c’est caché sous un voile d’hypocrisie, et quand il renvoie monsieur Dimanche après l’avoir méprisé, c’est avec l’assurance de sa caste seule. Il est à chaque fois contraint de faire un pas en arrière, ou un pas de côté.

« Dom Juan » de Molière © Michel Cavalca
« Dom Juan » de Molière © Michel Cavalca

Radical, athée et rationaliste

Olivier Maurin travaille avec des comédiens qu’il connaît bien. Ils font merveille au plateau : Arthur Fourcade (Dom Juan), Mickaël Pinelli (Sganarelle), Clémentine Allais (Elvire). Le premier compose un personnage qui brûle sa vie, pourtant étonné des surprises qu’elle réserve, enchanté par cette part d’incertitude et de danger. Cet hédonisme joyeux le rend éminemment sympathique.

Mickaël Pinelli fait du valet Sganarelle un être simple, contraint d’obéir à son maître avec un plaisir coupable, séduit et horrifié. Sa prestation est formidable de naturel, de duplicité et de spontanéité. Face à la haute stature élégante et nonchalante d’Arthur Fourcade, Mickaël Pinelli offre la rondeur d’un gourmand. Quant à Clémentine Allais, elle campe une Elvire très moderne, qui a bien du mal à masquer le trouble qu’elle ressent et doit pourtant cacher.

Ce metteur en scène fait décidément partie des grands, et les aventures de son Dom Juan ne lassent pas un instant : parfaite direction des comédiens, maîtrise de la scène, intérêt renouvelé… Olivier Maurin livre une lecture de la comédie de Molière passionnante et radicale, résolument athée et rationaliste. 

Trina Mounier


Dom Juan, de Molière

Mise en scène : Olivier Maurin

Avec : Clémentine Allain, Fanny Chiressi, Arthur Fourcade, Héloïse Lecointre, Matthieu Loos, Mickaël Pinelli Ancelin, Rémi Rauzier, Arthur Vandepoel

Durée : 2 heures

Photo © Michel Cavalca

Théâtre national populaire • 8, place Lazare-Goujon • 69100 Villeurbanne

Du 13 novembre au 7 décembre, mardi, mercredi et vendredi à 20 heures 30, jeudi à 20 heures, samedi à 18 heures 30, dimanche à 16 heures, relâche le lundi, scolaires les mardis à 14 heures 30


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