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«  Les Beaux Ardents » de Joséphine Chaffin, Théâtre des Clochards célestes à Lyon

« Les beaux ardents » © Stéphane Rouaud

Joséphine Chaffin : retenez son nom !

Par Trina Mounier
Les Trois Coups

Parallèlement à sa carrière de comédienne et de metteure en scène, Joséphine Chaffin commence à se faire un nom dans le cercle des jeunes auteurs de théâtre. « Les Beaux Ardents » confirme une jolie plume et un grand talent pour l’écriture dramatique.

Autant le dire tout de suite, on est surpris de voir une telle pièce au Théâtre des Clochards célestes, le nouveau lieu fétiche de la jeune génération des théâtreux lyonnais, habituellement plutôt branché mélange des genres et esthétiques contemporaines. Car Les Beaux Ardents, sous-titré Love story vénitienne, nous conte la passion amoureuse, en plein XVIIe siècle, entre la belle Artemisia Gentileschi, peintre, et le musicien anglais Nicholas Lanier, également diplomate pour le compte du roi. Le spectacle explore les difficultés inhérentes au couple, à une époque défavorable à l’émancipation féminine. Joséphine Chaffin entend bien ne pas laisser cette histoire croupir dans les canaux vénitiens ;  elle y inscrit quelques revendications résolument féministes sur la place des femmes dans le couple, comme dans le milieu très machiste de la création artistique, et  lui donne donc une coloration universelle.

Là se trouve précisément la grande réussite de cette pièce. Elle est résolument ancrée dans un siècle qu’on dit grand, mais elle s’adresse au public d’aujourd’hui : costumes superbes de Thierry Delettre, à la fois historiquement marqués et « modulables », pour pouvoir évoquer un autre temps à vue ; éléments de décor de différentes époques ; et, par exemple, présence d’un piano qui, nous prévient-on avec un grand clin d’œil, n’existait pas encore et doit donc être vu comme une épinette. L’écriture de Joséphine Chaffin navigue avec une grande habileté et beaucoup d’humour, sans jamais nous perdre, entre les différentes strates de son discours. Ajoutons à cela une recherche sur le personnage d’Artemisia, qui a réellement existé, ainsi que sur la langue, précieuse, précise, bien qu’émaillée de néologismes qui sont autant d’impertinences.

Une histoire bien troussée

Mais la pièce n’a pas que des qualités d’écriture. Joséphine Chaffin y démontre aussi son talent pour la direction d’acteurs. Durant plus d’une heure et demie, Marie-Cécile Ouakil comme Clément Carabédian animent avec beaucoup de présence ce huis clos, d’abord délicieux, puis progressivement mortifère. Clément Carabédian se révèle pianiste de bon niveau, interprétant la musique de Théodore Vibert très élégamment, et surtout chanteur de charme (en crooner, comme aime le rappeler Artemisia). À tout point de vue, ce spectacle mérite d’être découvert et de poursuivre sa route. Une chose est sûre : il faudra compter avec Joséphine Chaffin dans le paysage littéraire et théâtral lyonnais… 

Trina Mounier


Les Beaux Ardents de Joséphine Chaffin

Une création du Théâtre oblique

Avec : Marie-Cécile Ouakil, Clément Carabédian

Mise en scène : Clément Carabédian, Joséphine Chaffin

Scénographie et lumières : Julie-Lola Lanteri-Cravet

Costumes : Thierry Delettre

Musique : Théodore Vibert

Théâtre des Clochards célestes • 51, rue des Tables Claudiennes • 69001 Lyon

04 78 28 34 43

Du 6 au 14 octobre 2017, tous les jours à 19 h 30, le dimanche à 16 h 30, relâche le mardi

Durée : 1 h 40

Exposition des photos de Laura Daniel qui vit à Venise, où elle travaille dans un grand musée d’art contemporain. Elle aime photographier cette ville si particulière, ses habitants et ses coulisses, loin des clichés de carte postale. 

À découvrir sur Les Trois Coups,

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