« De Carmen à Piaf », par Diana Axentii, jardin des Plantes, Le Mans

Diana Axentii © Joël Lucet

Diana Axentii, la flamme moldave

Par Céline Doukhan
Les Trois Coups

Avec sa générosité et son enthousiasme, Diana Axentii est bien l’interprète idéale pour faire découvrir le chant lyrique à tous les publics.

Saluons un nouveau venu dans le monde des festivals lyriques : Musica, au Mans du 1er au 3 juillet. Sa philosophie tient en deux mots : « le lyrique autrement ». Et, en effet, la proposition ne manque pas d’atouts pour séduire. D’abord, des concerts en plein air, dans trois des parcs et jardins du Mans. Ensuite, le répertoire, qui fait s’entrechoquer les styles, comme pour le concert de Diana Higbee intitulé De Vivaldi à Bowie ! Les enfants ne sont pas oubliés avec des animations et ateliers à leur intention. Enfin, des interprètes de talent, à l’instar de Diana Axentii, soprane originaire de Moldavie 1 que les Trois Coups ont déjà applaudie 2.

Alors, en ce samedi soir frisquet et venteux (avec un peu d’imagination, il flotterait bien un petit air de cour d’honneur du palais des Papes), on se laisse bien vite prendre au charme de ce contact particulier avec des artistes situés à seulement quelques mètres des spectateurs, sans pénombre ni coulisse pour faire monter la sauce du mystère. Mais, à lui seul, le décor fleuri du jardin à l’anglaise crée une bulle préservée des bruits de la ville, où tout concourt à ouvrir une parenthèse enchantée.

De Carmen à Piaf ? Diana Axentii l’explique sans façon aux spectateurs, elle et ses deux musiciens commenceront par s’offrir un long détour par des airs moldaves, issus du répertoire traditionnel, et c’est un régal autant qu’une curiosité. D’ailleurs, les surprises continuent puisque après le chant, voici l’artiste qui passe au violon, l’instrument de ses débuts. Et c’est parti pour une alternance de morceaux lents et rapides qui déménage !

Le voyage dans la musique slave se poursuit avec un florilège de mélodies hongroises souvent jouées par des lăutari, les musiciens traditionnels d’Europe orientale. L’occasion d’admirer le talent d’Efim Zoubritski au violon et d’Oleg Nedelea à l’accordéon.

Changement de registre avec Piaf qui ne regrette rien et chantonne Padam au milieu de la Foule, chanson pour le coup un peu moins bien maîtrisée mais fort bien accompagnée au violon et à l’accordéon. Un petit crochet par un air moldave pas très gai, et on est de retour en France avec un épatant Johnny, tu n’es pas un ange.

C’est alors qu’Efim Zoubritski dégaine un instrument barjot, nommé fort à propos violon-trompette. Le principe : au corps du violon, tout oblong, se greffe un pavillon de trompette, qui amplifie le son. Avec au final, démonstration à l’appui, un son de violon certes, en un peu moins suave…

Le tour du monde se poursuit avec le célèbre Libertango d’Astor Piazzolla dans lequel brille en solo l’accordéon d’Oleg Nedelea. Et Carmen, alors ? Elle arrive, après le Cygne extrait du Carnaval des animaux de Saint‑Saëns, dans un insolite duo violon-accordéon où se perd un peu la grâce initiale du volatile.

La suite permet à Diana Axentii de déployer ses talents de comédienne, quand elle entonne avec gourmandise ces deux tubes lyriques que sont Près des remparts de Séville et L’amour est enfant de bohème. Là, ceinte d’une étole rouge, la sémillante Moldave compose en un tour de main une cigarière andalouse plus vraie que nature. Le public ne ménage pas ses applaudissements, ravi, et par la musique et par la personnalité généreuse et attachante de Diana Axentii. Ni une ni deux, celle-ci saisit la balle au bond et se lance dans l’interprétation endiablée d’un chant traditionnel des femmes du peuple, battant des mains et frappant en cadence l’herbe du jardin de ses grands talons aiguilles. Conclusion débonnaire de la chanteuse : « Ça réchauffe ! ». 

Céline Doukhan

  1. Le Festival de l’Épau, au Mans, a également accueilli le 26 mai 2016 une remarquable violoniste moldave, Alexandra Conunova.
  2. Voir https://lestroiscoups.fr/les-noces-de-figaro-de-wolfgang-amadeus-mozart-et-lorenzo-da-ponte-les-quinconces-le-mans/ et https://lestroiscoups.fr/la-botte-secrete-de-claude-terrasse-lathenee-theatre-louis-jouvet-a-paris/

De Carmen à Piaf, par Diana Axentii

Avec : Diana Axentii, Efim Zoubritski, Oleg Nedelea

Photo : © Joël Lucet

Jardin des Plantes • rue de l’Éventail • 72000 Le Mans

www.musica-lemans.fr

Du 1er au 3 juillet 2016 à 20 h 30

Durée : 1 h 10

15 € | 10 €

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