« Ce sont les lieux qui me guident »
Par Léna Martinelli
Les Trois Coups
La 36e édition du Festival de l’Epau se déroule du 22 au 29 mai dans la Sarthe et de nombreux concerts ont lieu à l’Abbaye Royale de l’Epau. Déjà, la programmation met l’eau à la bouche. Ensuite, sa convivialité devrait séduire les publics les plus variés. De quoi rafraîchir, en somme, le genre classique ! Rencontre avec Marianne Gaussiat, sa directrice artistique.
Pouvez-vous nous présenter le festival ?
Ce festival existe depuis 35 ans, grâce à la volonté du Conseil départemental, permettant ainsi aux Sarthois de profiter de l’excellence des grandes scènes internationales à un prix abordable. Forte de ce bel historique, j’ai repris la direction en 2013, toujours guidée par le caractère exceptionnel des lieux : d’abord l’Abbatiale, à la sublime acoustique, où nous donnons la part belle à la voix ; ensuite le Dortoir des Moines, réhabilité récemment, qui est un formidable écrin pour la musique de chambre et les récitals, mais aussi à l’Hôtel du Département (au centre du Mans).
En cette année 2018, qui célèbre le centenaire de la mort de Claude Debussy, la programmation met en lumière le piano, avec les « Midis musicaux » consacrés à ce grand compositeur. Le reste du festival a-t-il un fil directeur ?
Cette année, nous proposons six regards sur le piano de Debussy, avec de jeunes pianistes à l’identité déjà bien affirmée et à la reconnaissance certaine : Suzana Bartal, Vanessa Benelli-Mosell, Julien Brocal, Fabrizio Chiovetta, Jean-Paul Gasparian et Lise de la Salle.
Chopin s’est aussi imposé naturellement à plusieurs invités, avec le spectacle rare de Jean-Philippe Collard et Patrick Poivre d’Arvor, ainsi que ses deux concertos pour piano joués dans la même soirée par François Dumont.
Mais plutôt qu’une thématique, nous nous attachons à trouver un équilibre fondé sur quelques principes : de la musique sacrée jouée par les plus grands ensembles à l’Abbaye, des quatuors et solistes à la notoriété internationale dans le Dortoir, des avant et après concerts ouverts aux amateurs et aux métissages. Cela donne des contrastes assez forts d’une soirée à une autre.
Ainsi, vous préférez une dynamique à une « saison » ?
Tout à fait, notamment grâce à des rendez-vous rythmés par ces after et ces before, auxquels je tiens beaucoup. Ceux-ci remplissent une double fonction : créer un aspect festif, favoriser les échanges entre les gens (artistes et publics, amateurs et professionnels) et entre les genres. Car on l’oublie trop souvent, la musique dite « légère » a pu alimenter la musique « savante ». C’est plus évident en Europe centrale. Pourtant, en France aussi des genres populaires ont inspiré des compositeurs. Inclassable, la musique de Soledad sonne, par exemple, comme un tout organique, elle est mue par une insatiable curiosité et une indéfectible passion pour tous les styles, de Ravel à Piazzolla, de Gismonti à Stravinsky.
Après une 35e édition mémorable, ce nouveau festival sera encore à marquer d’une pierre blanche…
Le célébrissime Requiem de Fauré est effectivement donné pour la première fois à l’Abbatiale. En parallèle de ce panorama de la jeune génération de pianistes, relevons la présence d’artistes exceptionnels : la soprano Sandrine Piau dans Haendel, les chanteurs corses d’A Filetta, l’Ensemble Aedes et le fidèle Orchestre les Siècles qui font équipe dans Fauré, Michel Dalberto, maestro du piano, le célèbre violoniste Nemanja Radulovic.
La jeunesse, vous y accordez aussi de l’importance dans les relations avec les publics.
Nous préférons multiplier les occasions de rencontres avec les artistes programmés, plutôt que des spectacles dédiés au jeune public. Ce sont donc les mêmes propositions artistiques, même si elles sont adaptées. L’immédiateté de la musique, la force des émotions créent souvent des ponts naturellement. Toutefois, nous donnons des clés d’écoute spécifiques.
Si le festival constitue un temps fort du Centre culturel de la Sarthe, comment son équipe travaille-t-elle toute l’année pour que la population se l’approprie ?
Les ensembles amateurs et les conservatoires du département ont toute leur place lors des before. Le dimanche, ils prennent possession des lieux et proposent leurs concerts au public qui en profite pour venir pique-niquer dans les jardins, découvrir en famille ce lieu patrimonial, admirer le voyage photographique à ciel ouvert. Un millier d’enfants scolarisés sur le territoire bénéficient également des multiples actions pédagogiques organisées avec les artistes invités.
Bref, tous les publics sont les bienvenus et plusieurs concerts sont gratuits : before, after, dimanche 27 mai, y compris la master class publique de Jean-Philippe Collard (musique de chambre). ¶
Propos recueillis par
Léna Martinelli
Festival de l’Epau, 36e édition
Site ici
Du 22 au 29 mai
Programmation détaillée ici
Abbaye Royale de l’Epau • Route de Changé • 72530 Yvré L’Évêque
Hôtel du Département (Saille Joseph Caillaux) • Place Aristide Briand • 72000 Le Mans
Informations et réservations : 02 43 84 22 29
Billetterie à l’Abbaye de l’Epau, du lundi au dimanche, de 11 heures à 17 heures
Pass intégral : tarif unique à 180 € (accès à l’ensemble des concerts)
Carte festival : tarif réduit appliqué dès l’achat simultané de 3 concerts par personne (carte nominative)
Tarif réduit accordé aux demandeurs d’emploi, comités d’entreprise, Carte Cézam, carte Moisson, groupes (à partir de 10 personnes) et adultes (2 maximum) accompagnant un jeune bénéficiant du tarif 12-25 ans.
Gratuité accordée pour un accompagnant P.M.R. et aux moins de 12 ans.
Tarifs spéciaux pour l’Abbatiale et Dortoir appliqués sur certaines places n’offrant pas une visibilité maximale.
Les chèques « Pass Spectacle » Région Pays de la Loire et « Collège 72 » du Département de la Sarthe donnent droit à une entrée gratuite pour un concert du festival.