3e édition du Festival (des)Illusions
Par Léna Martinelli
Les Trois Coups
Du 8 au 25 mars, le Festival (des)Illusions va encore bousculer les frontières au Monfort. Quinze spectacles proposent de passionnantes passerelles entre cirque, théâtre et danse.
Fort des deux dernières éditions, ce festival atypique propose une nouvelle programmation iconoclaste durant trois semaines, soit 90 représentations sous le chapiteau, dans la Cabane et la grande salle du Montfort. Voici notre sélection parmi la trentaine d’artistes invités.
Artistes confirmés et jeunes talents
Le festival offre un riche panel d’œuvres originales. Inspirée de son ancienne création Hic Hoc, Jérôme Thomas a convoqué magie et pratique jonglistique pointue pour créer Magnétic, un spectacle envoûtant.
En remplacement de Ningunapalabra, spectacle hélas annulé de tout jeunes diplômés de l’École supérieure des arts du cirque de Bruxelles (l’ESAC), on retrouve avec plaisir Matias Pilet dans Hektor d’Olivier Meyrou. Après Acrobates, TU et Terabak de Kyiv, il questionne notre rapport au monde dans une nouvelle création, un solo acrobatico-burlesque. D’où vient Hektor ? Il l’a sans doute oublié tant il a voyagé. Entre maladresses et naïveté, celui-ci ne sera probablement jamais à sa place dans ce monde qui ne veut pas de lui. Alors comment résiste-t-il à tant de violence ?
Dad is dead, de Mathieu Fondation s’interroge, de son côté, sur l’action militante. Un couple tourne en rond. Il débat sur un vélo, sans jamais lâcher les pédales, avec force acrobaties, tout en mettant les certitudes bien à l’épreuve, de façon décalée.
Le désir d’aller toujours plus loin, la puissance des rêves, l’urgence d’exister… Avec un souffle de coureur de fond et une rage de boxeur, Sébastien Wojdan, jongleur et musicien, virtuose touche-à-tout du Galapiat Cirque, nous entraîne de façon haletante dans son Marathon. Un solo intrépide.
Stéphanie Chêne, quant à elle, a été freinée dans son élan. Quoique ! Au galop ! est un projet plastique et sonore de Pierre Guillois, pour une danseuse empêchée de bouger. Écrasée par son cheval, celle-ci a réinventé sa vie sur un lit d’hôpital. Cette expérience a fortement conditionné sa danse et son rapport au corps, mais n’a pas tari sa créativité.
« La morue, emblématique de la folie destructrice de l’espèce humaine est partie et maintenant nous l’attendons et désespérons de son retour depuis 25 ans ». Avec De la Morue – Cartographie 6, Frédéric Ferrer (Cie Vertical Détour) nous présente une nouvelle conférence théâtre, telle qu’il les conçoit, toujours un peu plus affolée, pour nous faire prendre conscience, en mode accéléré, de nos catastrophes climatiques en cours.
Diversité et singularité
Entre est sans doute le projet le plus emblématique, entre performances et écriture dramatique. Inspiré de l’histoire de Merhan Karimi Nasseri, resté seize ans à l’aéroport Charles de Gaulle, en attente d’une solution administrative, Vincent Berhault (Cie Les Singuliers) aborde le thème de la frontière et du territoire. Pour cette création où le corps s’associe au texte, il a réuni deux comédiens, un danseur, un circassien et un musicien. Un regard sur le monde, chargé d’émotions et teinté d’humour.
Quant au spectacle inclassable de l’italienne Silvia Calderoni, il est présenté comme du théâtre mais, habitée par la musique, la performeuse dessine dans l’espace une danse électrique. Ni fille ni garçon (ou les deux à la fois), celle-ci nous apprend que la frontière entre féminin et masculin n’est pas si étanche. Un véritable hymne à la liberté, comme la plupart de ces spectacles qui échappent aux étiquettes, s’affranchissent des codes, réinventent des contraintes. ¶
Léna Martinelli
Festival (des)Illusions
Du 8 au 25 mars au 2018
Le Monfort • 106, rue Brancion • 75015 Paris
Programme détaillé ici
De 8 € à 25 €
Abonnement à partir de 2 spectacles : de 8 € à 10 € par spectacle
Réservations : 01 56 08 33 88
À découvrir sur Les Trois Coups :
☛ Festival (des)Illusions 2016, par Léna Martinelli