Festival Sens interdits, 4e édition, du 20 au 28 octobre 2015, à Lyon

« Songe de Sonia » par le Teatr KnAM, mis en scène par Tatiana Frolova

Festival nécessaire, théâtre d’urgence

Par Trina Mounier
Les Trois Coups

En trois éditions, le festival Sens interdits s’est taillé une place de choix dans l’offre théâtrale en Rhône-Alpes.

Construit avec très peu de moyens et beaucoup de ténacité, de courage et d’engagement, il permet à des troupes venues de pays où l’histoire est encore douloureuse, et parfois la parole entravée, de faire entendre leur voix. Ils viennent du Chili, de Russie, d’Israël, du Rwanda, de Lituanie et aussi de France (en tout une quinzaine de pays) pour nous ouvrir les yeux, avec leur révolte et leur enthousiasme, sur des réalités que nous ne connaissons pas. Parce qu’elles sont restées cachées, comme l’existence sur notre sol de camps pour les réfugiés des Français d’Indochine au sortir de la colonisation, camps qui ont perduré jusqu’au début du xxie siècle (Cafi de Vladia Merlet, mise en scène de Georges Bigot). Ou pour raconter de l’intérieur des destins brisés par les dictatures et le pouvoir des peuples à se remettre debout : c’est le cas de Hate Radio (texte et mise en scène de Milo Rau) qui dissèque le sinistre engrenage de la Radio Mille Collines au Rwanda. Pour attirer notre regard aussi sur ce que nous ne voulons pas voir, migrants et S.D.F. à nos portes, comme Rictus de Christophe « Garniouze » Lafargue ou Dehors du Belge Antoine Laubin. Pour explorer un passé traumatique et extirper les racines du mal avec Common Ground de Yael Ronen ou Displaced Women de Monica Dobrowlanska.

S’ouvrir au monde par le théâtre

Souvent, ces spectacles sont le fruit de rencontres de jeunes artistes venus de pays différents qui ont choisi le théâtre comme vecteur pour évoquer ensemble un passé commun qui les hante. Toujours, nous sommes stupéfaits par la créativité, l’intelligence, la qualité esthétique, la puissance et la maturité politique de ces compagnies. À commencer par le Théâtre KnAM, déjà présent lors des éditions précédentes et dont les productions nous ont secoués, éblouis, bouleversés.

Mais attention, par delà l’aspect militant, ce que nous découvrons lors de ce festival, c’est d’abord et avant tout du théâtre, du bel et beau théâtre, avec des codes qui ne sont pas les nôtres, et ainsi nous déstabilisent, nous décentrent de nous-mêmes, ouvrant nos perceptions et notre curiosité.

Alors, on attend beaucoup de cette quatrième édition qui doit amplement à l’enthousiasme de son infatigable fondateur-directeur Patrick Penot et à l’armada de bénévoles dont il a su s’entourer. Ce festival, c’est sans doute l’évènement majeur de la saison. Les quinze lieux qui programment ces spectacles sur l’agglomération avec le soutien des collectivités territoriales, au premier rang desquelles la région Rhône-Alpes, en sont bien convaincus. 

Trina Mounier


Sens interdits, festival international de théâtre, 4e édition

Tél. des Célestins 04 72 77 40 00

http://www.sensinterdits.org/index.php

Contact : festivalsensinterdits@gmail.com

09 67 02 00 85

Photo : « Songe de Sonia » par le Teatr KnAM, mis en scène par Tatiana Frolova

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