M a fait un tabac
Par Léna Martinelli
Les Trois Coups
Le chanteur M, La Belle Bleue et Nach : ce sont les artistes qui ont ouvert la deuxième édition du festival Viens dans mon île qui se déroule cette année du 6 août au 10 août à L’Île-d’Yeu. Un début de festival très rock.
Après Thomas Dutronc, Laurent Voulzy et Soldat Louis, les organisateurs du festival ont convié un autre amoureux des îles, M, lequel a volontiers chanté des nouvelles chansons de son dernier album au nom de circonstance, Îl, et aussi quelques-uns de ses tubes, car depuis près de vingt ans qu’il occupe la scène française, les succès sont nombreux. Avec un retour au trio, formation originelle du rock, M a fait un tabac, avec ses musiciens : Lawrence Clais, à la batterie, et Brad Thomas Ackley, à la Basstar (basse, guitare et échantillonneur en un seul instrument, impressionnant). Ils ont comblé le public, nombreux, à la Citadelle, à apprécier leur générosité et les éclairages spectaculaires d’un concert ponctué de performances scéniques. Ainsi, bien que multi-instrumentiste accompli, M s’est surtout illustré à la guitare, et cela dans toutes les positions, puisque tenté par un bain de foule, il s’est laissé porter en position couchée, pendant tout un morceau, par les spectateurs qui l’ont baladé à bout de bras. Une belle envolée, digne de son maître, Jimi Hendrix.
« M » et moi
Être en communion avec son public, tous les artistes en rêvent. Peu y parviennent vraiment. M fait partie des chanteurs populaires qui savent créer un lien bien particulier avec chacun de ses fans. Lui sait se faire aimer. Malgré les apparences, il n’a d’ailleurs pas été vraiment difficile pour Matthieu Chédid de se faire un prénom. Fils du chanteur Louis Chédid, petit-fils de l’écrivain franco-égyptien Andrée Chédid, il a longtemps avancé masqué. Sacré personnage, ce M, avec sa voix d’emblée reconnaissable, sa coupe de cheveux sans nulle autre pareille, ses fameuses lunettes devenues un emblème !
Mais, désormais, l’homme se livre de plus en plus, laissant même tomber son grand manteau, sa carapace. Voguant sur son Océan intérieur, celui qui abrite cet Îl qui nous rapproche de nos semblables, il est aujourd’hui, tel un atoll, relié à autrui par la certitude que, si la vie tue, il trouvera toujours une Maison de Saraï pour se retrouver. Exister par-delà les déguisements : « Aimez-moi pour ce que je suis ». Exit, donc, la frime clinquante du Machistador, remplacée par les pulsions vitales du Mojo. Il entonne toujours volontiers ses grands tubes (Je dis aime, Qui de nous deux ?, le Complexe du corn-flakes…). Ses lunettes magiques lui permettent encore de voir le soleil sous la neige, de mettre son grain de folie douce dans un monde trop lisse pour lui. Pourtant, c’est comme s’il avait tourné une page. Celle de la quarantaine ? En tout cas, la vie coule dans les veines de cet Îl, la vie pleine et riche de celui qui a tant reçu en héritage.
C’est sans doute pourquoi M a beaucoup parlé de sa famille ce soir-là : après les hommages aux femmes de sa famille, dont sa grand-mère qui avait une maison à L’Île-d’Yeu et qui lui a d’ailleurs écrit les paroles de plusieurs chansons, il a même invité sa fille âgée de 11 ans, déjà bien à l’aise sur scène, son frère Joseph, musicien, ainsi que sa sœur Nach, tous deux présents en première partie.
Du lourd !
Oui, il y en avait du monde pour ce concert d’ouverture du festival ! Parmi ceux-là, le groupe La Belle Bleue est une bien belle découverte. De leurs voix puissantes, ses chanteurs transmettent de fortes émotions dans des chansons imagées ou provocantes. Ce nom à vocation écologique va bien à ce groupe issu de la scène alternative. Leurs textes engagés mêlent délire onirique et conscience sociale. Quant à leurs arrangements, ils basculent du rock au reggae pour donner un root’s & roll où guitares, basses, percussions et instruments insolites se marient harmonieusement. Rythmes chaloupés, sonorités décalées : les musiciens s’amusent bien – et nous avec – dans ce grand bain aux diverses influences où la calebasse, le didgeridoo et le mélodica mettent du sel dans leurs histoires. Pas étonnant que ce groupe de Guérande ait été vainqueur du tremplin de Poupet 2012.
Si M et ses musiciens nous ont offert du « lourd », La Belle Bleue a su imposer la puissance d’une chanson française écorchée, l’énergie d’un rock métissé. Un concert dont les échos devraient donner envie à encore davantage de continentaux, de se rendre à Viens dans mon île pour les prochains concerts. ¶
Léna Martinelli
Viens dans mon Île, 2013
http://www.viens-dans-mon-ile.com/
contact@viens-dans-mon-ile.com
Photo : © Pascal Évain
La Citadelle • 85350 L’Île‑d’Yeu
Accès fléchés depuis Port‑Joinville
Du 6 au 10 août 2013 à 20 heures
- Mardi 6 août 2013 à 20 heures : M (en première partie : La Belle Bleue, Nach)
- Jeudi 8 août 2013 à 20 heures : Olivia Ruiz (en première partie : Mamzelle Sandrine, Anouk Aïata)
- Samedi 10 août 2013 à 20 heures : Cali (en première partie : Amandine Bourgeois)
Pass 3 jours 80 € | le 6 août : 39 € | le 8 août : 35 € | le 10 août : 35 €
Tarif moins de 12 ans : 10 €
Navettes spéciales de la Compagnie vendéenne (départ : Saint-Gilles-Croix-de-Vie chaque soir à 18 heures et retour en fin de spectacle) à 10 € l’aller-retour
Depuis Fromentine, Yeu Continent propose aussi des horaires adaptés et une remise spéciale de 30 % sur le billet aller-retour des festivaliers (« Escapades spécial Festival »)
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