« Hotel Paradiso », de la Familie Flöz, Bobino, à Paris

« Hotel Paradiso » de et avec la Familie Flöz © Michel Vogel

Thriller alpin 

Par Bénédicte Fantin
Les Trois Coups

Le Théâtre Bobino accueille la Familie Flöz, une troupe méconnue en France, qui fait ses premières dates parisiennes avec la création « Hotel Paradiso ». Un objet théâtral original, au croisement du théâtre de masques et du mime. À découvrir !

Distinguée par de nombreux prix internationaux, la Familie Flöz est un collectif de théâtre basé à Berlin qui brille par ses spectacles transdisciplinaires. Le théâtre de masques, la danse, l’art du clown, l’acrobatie, la magie, interviennent dans des créations souvent drôles et poétiques, qui se construisent au fil des improvisations de cette grande famille délurée.

Le spectacle Hotel Paradiso a pour décor la réception d’un hôtel de montagne tenu, tant bien que mal, par une famille névrosée. La photo du patriarche décédé surplombe le théâtre des conflits familiaux et des amours déçues qui se joue dans le hall d’entrée. Les quatre comédiens sur scène donnent vie à une galerie de personnages masqués, incarnant tantôt les clients qui viennent se réfugier dans la chaleur de la pension familiale, tantôt le personnel qui y travaille. Mais les quatre étoiles attribuées à l’hôtel ne résisteront pas longtemps à la succession de catastrophes qui assaillent l’entreprise familiale.

« Hotel Paradiso » de et avec la Familie Flöz © Simona Fossi
« Hotel Paradiso » de et avec la Familie Flöz © Simona Fossi

La magie du masque

La grande expressivité des masques rend la parole inutile. On oublie donc le comique de mots pour faire la part belle à une gestuelle exagérée et à des gags visuels d’une grande précision. Le décor est presque un personnage à part entière, tant il fournit un vivier d’effets burlesques : la porte tambour, la vaisselle volante, le tableau qui s’anime… Tous les objets en place contribuent à la mécanique du rire. Toujours d’un point de vue scénographique, le jeu avec le hors champ installe un comique de répétition efficace, en laissant continuellement planer le doute sur ce que découpe le cuisinier que l’on entend en cuisine.

La grande présence scénique des comédiens favorise l’incarnation des masques. Ce qui n’est pas sans provoquer un certain trouble chez le spectateur. Les brefs moments de danse ou d’acrobatie (que l’on aurait aimé plus nombreux !) laissent entrevoir les impressionnantes ressources physiques des interprètes.

Le côté très stéréotypé des personnages, induit par le port des masques, laisse peu de place à la psychologie. Les comédiens parviennent toutefois à apporter quelques nuances dans leur jeu, notamment lorsqu’un personnage seul sur scène est mis en lumière dans un moment de fragilité. La force du spectacle tient à cette alternance entre grosses ficelles comiques et moments de poésie furtifs. 

Bénédicte Fantin


Hotel Paradiso, de la Familie Flöz

Mise en scène : la Familie Flöz

Avec : Anna Kistel ou Marina Rodriguez Llorente, Sebastian Kautz, Daniel Matheus, Nicolas Witte

Durée : 1 h 30

Teaser vidéo

Photo : © Michel Vogel / Simona Fossi

Bobino • 14-20 rue de la Gaîté • 75014 Paris

Du 16 janvier au 4 février 2018, du mardi au samedi à 19 heures, le dimanche à 16 h 30

De 22 € à 51 €

Réservations : 01 43 27 24 24


À découvrir sur Les Trois Coups :

The Elephant in the Room, du Cirque Le Roux, par Anne Cassou‑Noguès

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