« L’école en actes, projection, rencontres », ANRAT, Compagnie des Indes, théâtre de la Ville, Paris

L’école-en-actes © Compagnie des Indes

Puisque le théâtre est censé devenir « un passage obligé au collège » dès la rentrée, l’Association Nationale de Recherche et d’Action Théâtrale (ANRAT), forte d’une expérience de 40 ans d’éducation artistique allant de la maternelle à l’université, se dit « prête à accompagner » concrètement les annonces présidentielles du 16 janvier. Le documentaire qu’elle présente au théâtre de la Ville, « L’école en actes », le prouve sans conteste. Ce film vibrant est accompagné de rencontres stimulantes.

Festival de la Place, Théâtre de la Ville, Théâtre du Châtelet, Paris

Le Festival de la Place

En ce week-end de rentrée, la place du Châtelet, brûlante, estivale, a des airs d’Avignon. Quel bonheur, en plein cœur de Paris ! Interdite aux voitures et métamorphosée en agora, un festival de spectacles, performances et consultations poétiques se déploie sur cette scène infinie, entre les deux majestueux théâtres ouverts à tous. « Faites la place » célèbre, entre autres, la réouverture du Théâtre de la Ville rebaptisé Sarah Bernhardt. Hofesh Shechter y recrée une version outdoor de Contemporary Dance 2.0 qui enflamme le public. Saïdo Lehlouh réinvente Apaches avec 100 danseurs professionnels et amateurs. Ambra Senatore imagine une balade chorégraphique. Un battle hip-hop et des DJs nous électrisent. Et la fête est loin d’être finie !

« By Heart », Tiago Rodrigues, Palais des papes, festival Avignon 2023

Après « 21 jours de fête civique », la 77e édition du Festival s’achève en apothéose avec la reprise du spectacle « By Heart » dans la Cour d’honneur. Tiago Rodrigues dresse un vibrant hommage à la littérature : les grandes œuvres recueillent le « souvenir des ombres du passé », s’ingèrent, s’incorporent, impriment la mémoire collective et se transmettent avec cœur. Une leçon pénétrante et non dénuée d’humour, que nous savourons encore.

Focus « Imagination In Shakespeare » : « Le Songe », Gwenaël Morin, « Truth’s a dog must to Kennel », Tim Crouch, Festival Avignon 2023

Le Songe-Gwenaël Morin © Christophe Raynaud de Lage

Cette année, le Festival met à l’honneur la langue anglaise et, évidemment, son plus grand poète dramatique : William Shakespeare. Gwenaël Morin affronte ainsi l’écrasant Shakespeare pour le transformer, dans le cadre de son projet avignonnais « Démonter les remparts pour finir le pont ». L’ancien architecte choisit de monter « Le Songe » : dans la comédie, un mur sépare et réunit les amants Pyrame et Thysbé. Quant au metteur en scène britannique et auteur Tim Crouch, il revisite aujourd’hui le bouffon du « Roi Lear » pour questionner le statut du fou, de l’artiste, du théâtre, aujourd’hui, dans un percutant monologue : « Truth’s a Dog Must to Kennel ». Deux spectacles de « folie » sur la puissance de l’imaginaire !

« Constellations » et « Place aux auteurs », EAT, AF&C, SACD, festival Off d’Avignon 2023

Constellations © DR

Quelques jours après « Les Douze Heures des auteurs », la Maison Jean Vilar accueille un autre dispositif consacré au repérage, au soutien et à la promotion des écritures dramatiques contemporaines : la 2e édition de « Constellations » (proposé par les E.A.T., AF&C, soutenu par la SACD).  Parallèlement, les E.A.T. mettent à l’honneur les auteurs à travers des conférences, tables-rondes, ateliers d’écriture et sieste poétique, au Forum Pro et au Village du Off, du vendredi 21 au dimanche 23 juillet.

« L’œil présent continue », Christophe Raynaud de Lage, Festival d’Avignon 2023

L’œil présent continue © Christophe Raynaud de Lage

Cette année encore, la Maison Vilar sort « le grand jeu » – nous proposant lectures, films, rencontres (« Les douze heures des auteurs », « Constellation »), spectacles (« Le Songe » de Gwenaël Morin), expositions… et notamment la suite de « L’œil présent » ! 130 photos du photographe du In Raynaud de Lage ont été ajoutées au parcours cette année. La scénographie, modifiée, nous immerge avec fascination dans les « instants décisifs » d’un Festival qui continue de s’écrire…

« The Romeo », Trajal Harrell, Palais des Papes, festival Avignon 2023

The-Romeo-Trajal Harrell © Christophe Raynaud de Lage

Le chorégraphe et danseur nord-américain Trajal Harrell répond à l’invitation de créer une pièce dans la Cour légendaire en inventant une danse imaginaire qui remonte très loin : « The Romeo ». Lui et ses performers de la Schauspielhaus Zürich dance nous l’adressent avec générosité.

« Antigone in the Amazon », Milo Rau, L’Autre Scène du Grand Avignon Vedène, festival Avignon 2023

Antigone-in-the-Amazon-Milo Rau © Christophe Raynaud de Lage

Quelques années après « La Reprise », le talentueux metteur en scène suisse revient au Festival avec une nouvelle œuvre engagée : « Antigone in the Amazone » – dernier opus de sa Trilogie de l’Antiquité. Cette adaptation contemporaine confronte deux mondes : les peuples autochtones du Brésil défendent leur ancestralité, leur mémoire, un modèle écologiste et équitable, face des forces conservatrices qui les tuent, face à un système capitaliste qui ravage la Nature. Un spectacle d’une rare intelligence qui crie : « non, ce n’est pas la fin » de l’humanité !

« Le Jardin des délices », Philippe Quesne, Carrière de Boulbon, festival Avignon 2023

Le-Jardin-des-délices-Philippe-Quesne © Martin Argyoglo

Philippe Quesne fête les vingt ans de sa compagnie Vivarium studio dans le plus exquis des théâtres naturels du Festival : la carrière mythique de Boulbon enfin rouverte ! Il s’inspire du tableau de Bosch pour dessiner son propre « Jardin des délices », et sa création, poétique et humoristique, truffée de références, nous emporte. Le spectacle rappelle beaucoup « La mélancolie des dragons ».

« Les douze heures des auteurs », Artcena, Maison Jean Vilar, Festival Avignon 2023

Autoportraits d'auteurs-Artcena

La 3e édition de l’événement « Les Douze Heures des auteurs » – consacré à la promotion des écritures dramatiques d’aujourd’hui – est foisonnante. De midi à minuit, Artcena, le Festival d’Avignon, la Maison Jean Vilar, France Culture et leurs partenaires proposent en accès libre un florilège de lectures diverses, conférences, rencontres, ateliers d’écriture et autres surprises. La journée, si dense, si riche, oblige à opérer des choix, à regret ! Voici quelques moments marquants de notre déambulation curieuse au cœur imaginaires des auteurs disséminés dans les espaces de la Maison Jean Vilar

« Extinction », Julien Gosselin, Cour Lycée Saint-Joseph, festival Avignon 2023

Extinction-Gosselin © DR

Quel plaisir de retrouver enfin Julien Gosselin au Festival (après « 2666 » en 2016 et « Joueurs, Mao II, Les Noms » en 2018), dans un nouveau spectacle démesuré et novateur ! Il poursuit son exploration des auteurs du passé et d’un monde disparu, que l’art théâtral peut seul ressusciter. Après le russe Andréïev, les romantiques allemands, il porte à la scène les œuvres autrichiennes de Bernhard, Schnitzler et Hofmannsthal, en associant sa compagnie aux acteurs du fameux théâtre berlinois, la Volksbühne. « Extinction », hybride, enragé, maîtrisé, nous enflamme.

« Welfare », Frederick Wiseman, Julie Deliquet, Palais des papes, festival Avignon 2023

Julie Deliquet ouvre la 77e édition du Festival avec « Welfare », une adaptation du documentaire de Frederick Wiseman filmé en 1973 à New-York. La Cour, immense et chargée d’histoire(s), se trouve métamorphosée en centre d’aide sociale d’urgence. Des marginaux en détresse s’y meuvent, demandent de l’aide pour trouver leur place. Un sujet brûlant, émouvant, actuel. Alors pourquoi la proposition dramaturgique ne nous touche-t-elle pas davantage ?