« L’œil présent continue », Christophe Raynaud de Lage, Festival d’Avignon 2023

L’œil présent continue © Christophe Raynaud de Lage

Le récit sensible du photographe se poursuit !

Par Lorène de Bonnay et Laura Plas
Les Trois Coups

Cette année encore, la Maison Vilar sort « le grand jeu » en nous proposant lectures, films, rencontres (« Les douze heures des auteurs », « Constellations »), spectacles (« Le Songe » de Gwenaël Morin), expositions et, notamment, la suite de « L’Œil présent ». 130 photos du photographe officiel du In, Christophe Raynaud de Lage, ont été ajoutées au parcours de l’année dernière. La scénographie, modifiée, nous immerge avec fascination dans les « instants décisifs » d’un Festival qui continue de s’écrire.

Laura Plas évoquait déjà son éblouissement, l’été dernier, face à « la geste incroyable du Festival d’Avignon depuis plus de dix-sept ans » (lire son article complet ici). L’exposition L’Œil présent rassemble en cinq actes (et un prologue) quelques-unes des éblouissantes photographies que Christophe Raynaud de Lage a récoltées. Voilà un trésor inestimable qu’une scénographie intelligente met en valeur.

Le 5e acte de l’exposition expose, sous la forme d’un film, les tentatives d’ekphrasis de photographies : belles entreprises sensorielles vouées à l’inachèvement. C’est pourquoi on ne se lancera pas dans l’exercice, préférant vous livrer en bouquet quelques impressions et éblouissements. Reviennent les souvenirs émus de spectacles vus, et surgit un désir immense de découvrir des œuvres que l’on ne connaît pas encore. Il y a les corps des comédiens et aussi ceux des spectateurs, la lumière comme les ombres, la scène et, pour finir, la coulisse : offrande ultime de ce qui est dérobé d’ordinaire à nos regards. L’exposition foisonne d’instants saisis à la volée, frémissants encore et qui nous laissent à la fois étourdis, désireux de revenir et affamés de théâtre.

« Chacune de mes images est un reflet de ce qui fut, un instant arrêté parmi beaucoup d’autres, mais qui s’offre comme un fragment incisif d’une immense fresque vivante, réinventée à chaque nouvelle édition. » (Christophe Raynaud de Lage)

Cette année encore, la section « L’ombre des lieux » rassemble des images de spectacles joués dans les lieux extérieurs, si admirables, du In : le gymnase Aubanel, les Cloîtres, Chapelles, Jardins, etc. témoignent qu’Avignon est une splendide « ville ouverte ». Nous sommes ensuite confrontés au « défi de la Cour » – un espace démesuré qui incarne le pouvoir religieux, temporel et spirituel et nous a offert tant de « chocs », entre 2005 et 2013 : parmi ceux-ci, citons, de façon subjective, Hamlet d’Ostermeier, Thyeste de Jolly, La Cerisaie de Rodrigues, Se souvenir du passé d’Édgar Morin, Inferno de Castellucci, Outwitting the Devil d’Akram Khan, Retour à Berrhatam de Mauvignier et Preljocaj.

Puis, nous pénétrons la « FabricA », entrons dans les « Songes des nuits d’été » (un montage vidéo extraordinaire) et profitons, dans une alcôve, de « Réminiscences » d’artistes ou de personnes travaillant au Festival. Ces derniers ont tous choisi une photographie qui les a « points » (comme disait Barthes dans La Chambre Claire), l’ont peinte avec leurs mots, avant que l’image n’apparaisse, fulgurante, dans chaque petit film.

Enfin, l’Épilogue s’intéresse à la « mécanique de l’invisible » : la façon dont « une mise en scène éclaire une boîte noire » (des photographies révèlent les loges, la régie, les spectateurs). Avant de quitter cette exposition merveilleuse, nous passons devant le décor reconstitué de Truckstop d’Arnaud Meunier. Une fois sortis, notre esprit et nos sens restent longtemps frappés par tant d’images éclatantes, liées à des souvenirs intimes. Oui, l’éblouissement perdure. 🔴

Lorène de Bonnay


L’Œil présent continue, une exposition de Christophe Raynaud de Lage

Un récit sensible du Festival d’Avignon, recréation 2023 Commissariat d’exposition, textes, lumière, réalisation médias et conception du nouveau parcours : Laurent Gachet
Scénographie : Pierre-André Weitz
Vidéo : Thomas Bailly
Design sonore : David Gubitsch Production : Festival d’Avignon, Association Jean Vilar – Maison Jean Vilar
Avec : le soutien de la Bibliothèque nationale de France
En partenariat avec : La Scène

Maison Jean Vilar • 8 rue de Mons • 84000 Avignon
Du 5 au 25 juillet de 11 heures à 20 heures, puis du 5 septembre 2023 au 30 mars 2024
Dernière entrée à 19 h 30

Dans le cadre du Festival d’Avignon, du 5 au 25 juillet 2023
Plus d’infos ici

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