Fous de talents
Par Michel Dieuaide
Les Trois Coups
D’une morte qui se réveille et perturbe la vie d’un hôpital, Samuel Achache, Jeanne Candel et Florent Hubert tirent un magnifique collage théâtral et musical aux Nuits de Fourvière.
De ce qui bouleverse l’existence des personnels soignants, administratifs, confessionnels et d’entretien, nous ne vous dirons rien de plus. Ce serait vous gâcher le plaisir d’une aventure de spectateur qui, pas à pas, se vit comme une savoureuse dégustation dont les piments principaux sont l’humour, la satire et le goût du romanesque. Edgar Allan Poe en est évidemment la source première avec sa célèbre nouvelle : la Chute de la Maison Usher. Mais, il y a plus. Les réalisateurs du spectacle ont l’art de tisser une toile complexe et fine qui associe à la référence littéraire des citations musicales, instrumentales ou vocales. Ainsi, se déroule devant nous un objet artistique insolite conviant Brahms, Schubert et Schumann. Puisque d’une certaine manière, la folie rôde dans l’établissement, le mélange des genres sonne comme une évidence. Ajoutons que les metteurs en scène et le directeur musical agissent en poètes, maîtrisant subtilement l’art du jeu surréaliste des cadavres exquis.
Folie douce
Samuel Achache, Jeanne Candel et Florent Hubert réunissent sur le plateau une talentueuse et dynamique distribution. Comédiennes et comédiens usent à merveille de leurs voix parlées ou chantées, et de leur capacité à jouer d’un instrument. Textes, chants et musiques construisent une atmosphère de joyeux délire que perturbent par moment de vertigineuses angoisses existentielles ou de douces mélancolies. Traduite en langage musical, la dramaturgie de cette création ressemble à un enchaînement raffiné de préludes, d’arias, de sarabandes et de récitatifs. Sans que les autres interprètes déméritent, la femme médecin, la religieuse infirmière, la directrice d’hôpital et son employé de bureau accomplissent des performances exceptionnelles (le public ne dispose malheureusement d’aucun document pour savoir, parmi ces jeunes « Talents ADAMI », qui joue quoi). N’oublions pas, enfin, de souligner l’importance du lieu choisi pour accueillir cette imaginative création. Jouée dans la cour intérieure d’un lycée, entourée de murs austères et fermée en fond de scène par une grande verrière, la Chute de la Maison s’affirme comme une extravagante demeure de l’inconscient, où la mort serait un rêve et la vie un cauchemar.
Interrogations
Une question adressée aux responsables des Nuits de Fourvière, pour finir. Pourquoi l’écoute du spectacle est-elle perturbée par un concert de rock programmé à la même heure et à proximité ? ¶
Michel Dieuaide
la Chute de la Maison, de Jeanne Candel et Samuel Achache
Mise en scène : Jeanne Candel et Samuel Achache
Avec : Margot Alexandre, Adrien Bromberger, Chloé Giraud, Louise Guillaume, Julie Hega, Jean Hostache, Hatice Özer, Antoine Sarrazin, Vladimir Seguin, Antonin Tri-Hoang
Direction musicale : Florent Hubert
Costumes : Le Vestiaire, sous le regard de Pauline Kieffer
Scénographie : Lisa Navarro
Chef de chant : Nicolas Chesneau
Assistante à la mise en scène : Carla Bouis
Collaboration artistique : Victor Assié
Régie générale : Nicolas Prosper
Création et régie lumière : César Godefroy
Production déléguée : Festival d’Automne à Paris
Coproduction : Association artistique de l’ADAMI
En collaboration avec : C.D.C. Atelier de Paris et La Vie Brève
En partenariat avec : Lycée Saint-Just à Lyon
Photo © Patrick Berger
Billetterie : 04 72 32 00 00
Du 2 au 7 juillet à 21 h 30
Durée : 1 h 50
De 19,50€ à 26 €