« la Confidence des oiseaux », de Luc Petton, Théâtre de Fontainebleau

Salle de spectacle

Les oiseaux de Petton dansent

Par Céline Doukhan
Les Trois Coups

Devinette : quel danseur peut, en quelques secondes, s’envoler au‑dessus du plateau, se poser sur un projecteur et aller faire coucou aux spectateurs du troisième balcon ? Fastoche : un étourneau, une pie ou encore un geai, c’est-à‑dire certains des insolites interprètes de la « Confidence des oiseaux », mitonnée par le chorégraphe Luc Petton.

Soit, donc, des oiseaux. La spécificité du spectacle est de mettre en scène, et en interaction intime avec les danseurs, des volatiles de différentes espèces. Alors, oui, on est vraiment troublé par cette intimité étonnante entre les artistes et les oiseaux, habitués au contact des danseurs grâce à un délicat « protocole d’imprégnation » mis au point par Luc Petton et ses oiseleurs. C’est ainsi que les oiseaux semblent réellement savoir quand vient leur tour de se percher, qui sur une épaule, qui sur une main tendue.

Cette présence du vivant et de l’aléatoire donne un rythme particulier au spectacle. Question références, on serait plus dans le minimaliste Courage des oiseaux de Dominique A plutôt que chez Pierre Perret… Quatre danseurs (trois femmes et un homme) évoluent sur le plateau avec pour « costume » des peintures corporelles de couleur brune. Certains portent dans leur dos des sortes de perchoirs en bois. Tout cela donne un aspect brut, presque primitif, à la chorégraphie. Oiseaux, peintures corporelles, primitifs… On est où, là ? Dans un numéro spécial d’« Ushuaia » ?

L’oiseau fait ce qu’il veut

Ici, il importe de dire ce que n’est pas ce spectacle. D’une part, la Confidence n’est pas un spectacle-exhibition. Il est certes étonnant de voir tous ces volatiles se mouvoir selon les grandes lignes d’une véritable écriture chorégraphique. Mais, avec une bonne dose d’humilité, Luc Petton ne cherche justement pas à limiter ou à contraindre les déplacements des oiseaux, ni à leur faire exécuter à tout prix certaines figures. L’oiseau, en définitive, fait ce qu’il veut, et à la fois le chorégraphe, les danseurs et le public doivent s’en accommoder, ce qui, d’une certaine façon, remet tout le monde à sa place.

A contrario, le spectacle n’est pas non plus une version dansée de « Trente millions d’amis ». À aucun moment, on ne voit poindre de message écologique lourdingue. Plutôt l’idée sous-jacente que l’intelligence et la beauté sont à chercher dans tous les êtres.

Reste un spectacle d’une grande intensité. Et le plus bel hommage que l’on puisse rendre à cette Confidence est sans doute d’en louer les qualités de danse. Les quatre danseurs occupent le plateau avec énergie et sensualité, évoluant selon une chorégraphie à la fois puissante et aérienne. Aérienne, car émaillée de mouvements lents et gracieux : il faut voir les instants pendant lesquels la danseuse prend discrètement quelques graines dans une petite besace à son côté pour les offrir à l’oiseau qui vient se percher sur son poignet… On a l’impression d’assister à un petit miracle.

Mais c’est aussi une chorégraphie puissante, avec des mouvements souvent saccadés, de nombreux passages au sol et des portés très physiques, le tout sollicitant et mettant vraiment en évidence le corps même des danseurs. En outre, les éclairages et la bande‑son sont particulièrement soignés, et là aussi, résolument modernes, avec des sons électro et des passages interprétés en direct par un musicien en contrebas du plateau. La toute dernière séquence, pendant laquelle une danseuse glisse sur le plateau mouillé, est à cet égard d’une grande intensité. 

Céline Doukhan


la Confidence des oiseaux, de Luc Petton

Cie Le Guetteur

http://www.lucpetton.com/

Concept et chorégraphie : Luc Petton

Collaboration artistique : Marilén Iglesias‑Breuker

Avec : Marie‑Laure Agrapart, Mélisande Carré‑Angeli ou Aurélie Genoud, Aurore Castan‑Aïn, Thomas Lahti ou Maxime Iannarell

Musicien-compositeur : Xavier Rosselle

Oiseleur capacitaire : Tristan Plot

Oiseleur : Julien Durdilly

Oiseaux : calopsittes, corneille, geais, étourneaux, perruches de Pennant et pies

Scénographie : Jean‑Claude Céalis

Costumes : Raul Pajaro Gomez

Création et régie lumières : Sylvie Vautrin

Régie plateau : Lydie Harmegnies

Théâtre de Fontainebleau • 6, rue Denecourt • 77300 Fontainebleau

Réservations : 01 64 22 26 91

Le 14 janvier 2010 à 20 h 30

Durée : 1 heure

10 € à 30 €

Tournée :

  • le 29 janvier 2010 à Dieppe
  • le 5 février 2010 à Chemillé
  • les 25 et 26 février 2010 à Illkirch‑Graffenstaden
  • les 4 et 5 mars 2010 à Bourg‑en‑Bresse
  • les 18 et 19 mars 2010 à Saintes
  • le 27 mars 2010 à Arques
  • le 11 avril 2010 à Bergerac
  • le 29 avril 2010 à Angoulême
  • du 19 au 30 mai 2010 à Paris (Théâtre national de Chaillot)
  • le 4 juin 2010 à Cherbourg

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