Ernesto ou l’intuition de la révolution
Par Vincent Cambier
Les Trois Coups
Au fil des années, il m’est de plus en plus difficile de parler du travail de la Passerelle : je manque de superlatifs dans mon stock verbal. C’est toujours du très beau travail, sans une faute de goût. C’est une nourriture dramatique jubilatoire, fracasseuse de consciences. Bref, de l’authentique théâtre populaire, comme très peu savent l’offrir, quoi qu’on dise.
La Pluie d’été est l’histoire incroyable d’un garçon de douze ans qui refuse l’école, car « on lui apprend des choses qu’il ne sait pas ». La machine dramatique est en marche et ne s’arrêtera pas. Pour notre plus grand bonheur.
La mise en scène, la scénographie, les lumières, les costumes, tout est pertinent, tout est au service de la « criture ». Même si, de toute façon, « le monde est loupé ». Et à cause, précisément, du ratage du monde, il faut résister. Artistiquement. C’est ce que fait Bruzat. Inlassablement.
Alors, bien sûr, il faut des comédiens à la hauteur, car la barre est placée très haut. Ne vous faites pas de souci : Jean‑Paul Daniel, Jean‑Pierre Descheix, Philippe Labonne et Marie Ruggeri sont les passeurs formidables des beautés de langue qui nous clouent.
Il servent aussi d’écrin aux deux autres actrices-bijoux. Qui scintillent autant dans l’ombre que dans la lumière. Je veux parler de Nathalie Royer et de Marie Thomas. Le cœur à vif, elles nous explosent à la figure. Et nous laissent pantelants.
Il y a longtemps que je t’aime, Ernesto, jamais je ne t’oublierai ! ¶
Vincent Cambier
la Pluie d’été, de Marguerite Duras
Adaptation : Michel Bruzat
Théâtre de la Passerelle • 5, rue du Général‑du‑Bessol • Limoges
05 55 79 26 49
Mise en scène : Michel Bruzat
Avec : Marie Thomas, Nathalie Royer, Marie Ruggeri, Jean‑Paul Daniel, Jean‑Pierre Descheix et Philippe Labonne
Scénographie et lumières : Dominique Basset‑Chercot
Costumes : Dolorès Alvez
Théâtre du Balcon • 38, rue Guillaume‑Puy • Avignon
04 90 85 00 80