Moi, j’aime le music‑hall…
Par Trina Mounier
Les Trois Coups
Et en chansons, avec paillettes, strass, bas de soie, gambettes satinées, décolletés pigeonnants… Je l’aime surtout, et peut-être même uniquement, quand le spectacle tient plus de la revue féministe que de l’attrape-gogos en mal de « hot Paris by night » !
La « pièce » que nous propose Camille Germser qui représente un subtil assemblage des dons de musicien, compositeur de spectacles musicaux, chorégraphe et metteur en scène (excusez du peu !), la Sublime Revanche est donc une revue parfaitement maîtrisée avec girls, claquettes et levers-haut de jambes, mais une revue écrite et réalisée par des amateurs (au sens noble du terme, c’est-à-dire des passionnés avertis et exigeants) pétris de sens de l’humour et adeptes des énigmes…
Qui sont ces girls ? Huit danseuses de cabarets parisiens virées pour s’être syndiquées et revendiquées féministes dans les années 1970. Un an plus tard, elles se retrouvent sur la scène du Théâtre du Soupirail pour une revue à leur façon qui connaît un succès incroyable et fait salle comble pendant trois mois ! La Sublime Revanche est la reconstitution de cette revue.
Mais c’est aussi bien plus que cela… D’une part, parce que la pièce joue les prolongations dans le recueil, en vidéo, en 2011, des souvenirs de ces femmes, mêlant hier et aujourd’hui, débordements d’énergie, mémoire, réflexion sur le temps qui passe et émotions. D’autre part, parce que Camille Germser joue avec raffinement des ambiguïtés : l’histoire est-elle vraie ? Inventée de toutes pièces ? Et qui est cette spectatrice tirée du public pour participer au spectacle ? Un otage involontaire de l’équipe du spectacle ? Une comédienne qui attendait son heure ? Une complice ? S’agit-il bien de music-hall ou plutôt de théâtre ?
Des trucs en plumes et de l’intelligence à revendre !
Force est de rendre hommage au talent de ces huit comédiennes qui ont découvert l’art et les techniques du music-hall spécialement pour ce spectacle et qui font parfaitement illusion, même si la plupart d’entre elles ont dépassé la moyenne d’âge habituelle des nymphettes du Moulin-Rouge ! La revue en elle-même est impeccable !
Mais loin de nous séduire uniquement par les codes du genre, culte de l’artifice et art de l’illusion, Camille Germser multiplie les entrées, sculptant au passage de vrais portraits de femmes qui évoquent Tournée de Mathieu Amalric, multipliant les dérapages en tout genre, jouant avec les clichés, allumant dans les yeux des spectateurs des étincelles plus complices et joyeuses qu’égrillardes, surprenant toujours par des pirouettes tant réelles que figurées. C’est drôle, c’est joyeux, le public adore ça et il en redemande : la magie est au rendez-vous et on en sort plus intelligent, un peu meilleur aussi. Que demander de plus ? ¶
Trina Mounier
la Sublime Revanche, de Camille Germser
Cie La Boulangerie
Musique et mise en scène : Camille Germser, assisté de Raphaële Germser
Avec : Ana Benito, Élodie Colin, Barbara Galtier, Laure Giappiconi, Catherine Heargraves, Raphaèle Huou, Julie Morel, Lætitia Villemaux (les Girls), Roger Germser (le Maître de cérémonie) et la voix de Simone Hérault
Parures et plumes : Camille Germser
Costumes : Mathilde Boffard, Armindo Faustino, Marie-Frédérique Fillion, Élisabeth Germser, Françoise Morel et Julie Morel
Scénographie : Caroline Oriot
Toile peinte : Claire Gringore
Lumières : Sébastien Dumas
Son : Michaël Selam
Photo : © Cédric Roulliat
Chargé de production : Philippe Mangenot
Théâtre du Point-du-Jour • 7, rue des Aqueducs • 69005 Lyon
Tél. 04 78 150 180
Durée : 1 h 35
Tournée :
– Vingtième Théâtre • 7, rue des Plâtrières • 75020 Paris
Tél. 01 43 66 01 13
Métro : Ménilmontant
Du 2 novembre 2011 au 22 janvier 2012, du mercredi au samedi à 21 h 30, dimanche à 17 h 30, relâche exceptionnelle les 24 et 25 décembre 2011
24 € | 19 € | 12 € | 10 €