« le Cirque Poussière », de Julien Candy, sous chapiteau à Rennes

le Cirque Poussière © Vincent d’Eaubonne

Défier les pesanteurs

Par Jean-François Picaut
Les Trois Coups

Voici un exemple de ce qu’il est convenu d’appeler nouveau cirque. Julien Candy nous convie à un spectacle forain qui tient du cirque, du music-hall et parfois de l’opérette. L’univers de l’enfance n’est pas loin.

Julien Candy aime surprendre, se surprendre. On l’avait vu avec le Cirque Précaire puis le Cirque Misère où il nous avait présenté des alliances imprévues comme celle du skateboard et de l’acrobatie, du vélo acrobatique et du chant. Le revoici avec un curieux manège où il fait évoluer le même chanteur lyrique, acrobate du vélo, et deux merveilleuses acrobates. Lui-même jouant les garçons livreurs ahuris (il fait parfois penser à Tati dans Jour de fête !) quand il ne fait pas le « receveur ».

Il est ici entouré de Juliette Christmann, porteuse au cadre aérien, qui joue aussi de la trompette. Celle qui vole, c’est Rachel Schiffer qui a un passé de gymnaste, de funambule, danseuse, et j’en oublie. Particularité, elle jacasse beaucoup avec une voix de tête dans une langue peu compréhensible. Du volapük, peut-être ? Hervé Vaysse complète le quatuor, c’est lui le chanteur vélocipédiste. On est toujours surpris par sa voix de contre-ténor qui sort d’un coffre de rugbyman. À noter que le Cirque Poussière a reçu le prix du Festival international jeune public Momix 2015.

Le spectacle, à voir en famille à partir de 7 ans, fait jaillir le rêve du quotidien le plus prosaïque, ici évoqué par des caisses en bois que l’on trimbale dans un sens et dans l’autre, comme un symbole de notre économie un peu folle…

La lenteur artisanale

Si Rachel Schiffer se joue des lois de la pesanteur, le spectacle, lui, secoue toutes les pesanteurs de la tradition et du modernisme. Le plus frappant, qui désarçonne les enfants mais aussi certains parents, c’est la lenteur artisanale qui préside aux changements de numéros. On est loin de la crainte du vide, du temps mort, par exemple lorsque Rachel Schiffer sur un vélo trop petit et surchargé fait plusieurs fois le tour du manège.

Certains critiquent le numéro de voltige final comme une concession visant à démontrer que les protagonistes sont de vrais artistes du cirque. Je considère au contraire que c’est le clou du spectacle, son acmé logique. Le rêve décolle, et cette émule d’Icare nous ouvre définitivement la porte de l’imaginaire.

S’il fallait une preuve de la réussite du spectacle, le calme des nombreux enfants présents en serait une. Le sourire des adultes et leur air ravi, malgré l’inconfort des sièges, en serait une autre. 

Jean-François Picaut


Le Cirque Poussière, de Julien Candy

Cie La Faux populaire – Le Mort aux dents

http://www.lafauxpopulaire.com/

Mise en scène : Julien Candy

Avec : Julien Candy, Juliette Christmann, Rachel Schiffer et Hervé Vaysse

Regard extérieur : Mickaël Le Guen et Benjamin de Matteïs

Lumières : Dominique Maréchal assisté d’Alice Leclerc

Costumes : Solenne Capmas

Photo : © Vincent d’Eaubonne

Production : Cie La Faux populaire – Le Mort aux dents

Théâtre national de Bretagne • 1, rue Saint-Hélier • 35000 Rennes

Sous chapiteau – quartier des Hautes-Ourmes – 7, avenue de Pologne • 35000 Rennes

Accès par l’allée de Roséno

Réservations : 02 99 31 12 31

www.t-n-b.fr

Du 7 au 21 novembre 2015 (horaires variables, relâche les 9, 15 et 19 novembre)

Durée : 1 h 10

20 € | 10 €

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