« Petites histoires sans gravité », de la compagnie Underclouds, Académie Fratellini à La Plaine Saint-Denis

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Renversant !

Par Léna Martinelli
Les Trois Coups

On marche sur la tête ! Cette expression, la compagnie Underclouds l’a prise au pied de la lettre. Du théâtre d’images acrobatiques de haute volée.

Dans une structure cubique spécialement créée pour le spectacle, trois personnages s’accompagnent, se suivent pas à pas, déjouant la gravité pour voir le monde autrement. Et si l’échappatoire de ce monde insensé était à chercher à l’envers ?

C’est autour de la marche sur fil de fer à plus ou moins grande hauteur que les interprètes déclinent leurs spectacles, performances, collaborations… Toujours au bord de l’abîme et si proche de l’envol, elles élaborent un vocabulaire imagé à partir de la figure du funambule. Ici, elles remettent à l’honneur une discipline de cirque peu explorée : la marche au plafond.

« Et si on réinventait le monde en faisant un pas de côté ? »

En pleine explosion du cirque contemporain, plusieurs compagnies, notamment le Galapiat Cirque, remettent au goût du jour des techniques ancestrales : la suspension par les cheveux, dans Capilotractées de Sanja Kosonen et Elice Abonce Muhonen ; le lancer de couteau dans Marathon de Sébastien Wojdan. Faisant également partie du patrimoine du cirque forain, L’Homme cirque de David Dimitri est inspiré par l’attraction sensationnelle de la catapulte (homme-canon), imaginée par Farini en 1873.

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« Petites histoires sans gravité », de la compagnie Underclouds © Christophe Renaud de Lage

Quant à la marche au plafond, créée vers 1850 par un Américain du nom de Richard Sands qui utilisait des chaussures munies de ventouses, elle était souvent proposée en prologue d’un numéro aérien, au point culminant de la coupole.

Marche céleste

Mais il s’agit bien, ici également, de revisiter les techniques traditionnelles. À 3-4 mètres du plancher, Petites histoires sans gravité développe une narration, assume un propos et explore un univers où les lois physiques sont constamment inversées. À travers une fenêtre, au-delà d’une porte, par un cadre inopiné, on découvre de nouveaux espaces temps. Littéralement renversant, le spectacle met en scène une succession d’énigmes qui renvoient le spectateur à ses propres interrogations. Nous restons suspendus à chaque geste.

Malgré l’apparente légèreté, cette discipline est particulièrement contraignante. La compagnie Underclouds exploite ce paradoxe, moins pour jouer sur le risque, que pour apporter une dimension onirique. Elle a d’ailleurs bien su tirer profit de la magie nouvelle (collaboration d’Étienne Saglio) pour ces tableaux surréalistes. Les sens sans dessus dessous, on en a vraiment plein la vue.

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« Petites histoires sans gravité », de la compagnie Underclouds © Christophe Renaud de Lage

Pas facile d’évoluer la tête en bas ! Concernant la sécurité, pas de harnais. Juste des sangles sur les pieds et un manipulateur en coulisse, Mathieu Hibon, l’indispensable homme de l’ombre, également scénographe et co-directeur de la compagnie, aux côtés de Chloé Moura qui assure ici le regard extérieur (mise en scène). Diplômées de l’Académie, Amélie Kourim et Claire Nouteau se définissent comme des artistes aériennes et Gaëlle Esteve comme une acrobate aérienne. En fait, ce sont des marcheuses célestes.

Rappelons que, depuis 2003, l’Académie poursuit à la Plaine Saint-Denis l’aventure de la première école du cirque en France, fondée en 1974 par Annie Fratellini et Pierre Etaix. Sa formation est de réputation internationale et, une fois de plus, avec la qualité de ce spectacle, on peut attester de son haut niveau. Elle propose une programmation à l’année et ouvre ses portes aux jeunes artistes, dont ses diplômés, pour expérimenter, répéter, créer et les accompagner dans leur insertion professionnelle. C’est le cas ici, même si ces jeunes artistes-là commencent à être déjà bien reconnus. Et l’on comprend pourquoi. 

Léna Martinelli


Petites histoires sans gravité, de la compagnie Underclouds

Site de la compagnie ici

Écriture et mise en scène collective

Avec : Gaelle Esteve, Claire Nouteau, Amélie Kourim

Collaboration à la mise en scène Chloé Moura et Diane Vaicle

Création musicale : Phil Von

Création lumière : Fabien Bossard

Scénographie / régie plateau : Mathieu Hibon

Régie générale son et lumière : Thomas Ménoret

Création costumes : Anaïs Forasetto

Regard magique : Étienne Saglio

Teaser vidéo

Photo : © Christophe Renaud de Lage

L’Académie Fratellini • Grand Chapiteau • 1-9 rue des cheminots • 93210 La Plaine Saint-Denis

Du 12 au 15 avril 2018

De 5 € à 18 €

Réservations : 01 72 59 40 30


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