Une machinerie bien huilée
Par Élise Ternat
Les Trois Coups
Première mondiale accueillie au festival les Nuits de Fourvière, « Séquence 8 » est la dernière création du collectif québécois Les 7 Doigts de la main. Soit une heure quarante‑cinq d’un spectacle tonique et aussi énergisant qu’une publicité pour boisson multivitaminée.
C’est sur le plateau du Grand Théâtre, qu’un Monsieur Loyal aux allures de présentateur d’émission télévisuelle, un peu dandy, fait son apparition. À l’issue de quelques considérations sur son grand-père, il est très vite rejoint par ses acolytes. Jeunes, beaux, talentueux, ils se veulent également drôles. Et quelques minutes suffisent pour que le ton soit donné : en mettre plein la vue au public. Le spectacle est à peine commencé que les premières acrobaties de ces artistes issus de l’École nationale du cirque de Montréal annoncent déjà un niveau technique de haute volée.
Séquence 8 s’apparente à une succession de numéros chorégraphiés pour certains, plus techniques pour d’autres, mais finalement assez classiques. Du mât chinois à la barre russe, du jonglage de boîtes au trapèze, du cerceau aérien à la planche coréenne en passant par le cerceau chinois, sauts périlleux et acrobaties en tout genre se succèdent. Les porteurs deviennent acrobates, les danseuses deviennent voltigeuses… Entre les séquences réapparaît le présentateur qui interroge certains des interprètes à l’issue ou en amont de leurs numéros, n’hésitant pas à faire preuve d’un humour « bon enfant » facile, néanmoins relativement efficace.
La performance au détriment du scénario
Tout au long du spectacle, les numéros sont rythmés par des morceaux de musique électronique à l’énergie digne des bandes sonores des magasins de vêtements pour adolescentes, voire d’un mix de discothèque. C’est énergisant au point d’en être parfois fatigant. Séquence 8 rappelle en cela un « show à l’américaine », où les numéros, comme les gags divers, sont imparables, et où l’on a la garantie de rire à tous les coups. Le grand perdant de ce spectacle est le scénario qui semble n’être qu’un prétexte pour que s’enchaînent les numéros. Mais qu’importe la réflexion (mise grossièrement en avant ou tournée en dérision tout au long du spectacle), la performance, elle, est bien là.
La scénographie, enfin, est constituée d’un fond de scène en tulle, qui revêt de vives couleurs selon les éclairages, au gré des numéros. Et là où l’on serait tenté de penser que ce décor est prétexte à un possible numéro, rien ne s’y passe. Seuls quelques jeux de transparence permettent l’exploitation de celui-ci et en justifient le choix.
Avec Séquence 8, c’est un spectacle certes technique mais surtout facile et efficace que proposent Les 7 Doigts de la main. Loin de certaines propositions originales et intelligentes qui offrent au domaine du nouveau cirque ses lettres de noblesse, cette création s’apparente à une grosse machinerie bien huilée. Elle semble n’avoir été conçue que pour être largement diffusée. ¶
Élise Ternat
Séquence 8, du collectif Les 7 Doigts de la main
Direction artistique : Shana Caroll et Sébastien Soldevila
Sur scène : Éric Bates, Ugo Dario, Colin Davis, Devin Henderson, Alexandra Royer, Maxim Laurin, Camille Legris, Tristan Nielsen
Photo : © Éric Delbaere / Studio Pastis
Production : Les 7 Doigts de la main
Festival les Nuits de Fourvière • Grand Théâtre • 69005 Lyon
Site du festival : www.nuitsdefourviere.com
Réservations : 04 72 32 00 00
Du 20 au 22 juin 2012 à 22 heures
Durée : 1 h 45
25 € | 20 € | 17 €