Voilà un spectacle fort joli et rafraîchissant pour les tout-petits, concocté par Renaud Herbin, directeur du Théâtre Jeune Public de Strasbourg et grand maître ès marionnettes.
Wax, la cire, est le héros, ou plutôt l’attraction principale de la pièce. Cet élément se déforme, se triture, devient ce que l’on veut. Grâce à lui, il est possible de créer de petits personnages et de les écrabouiller l’instant d’après. Il est doux et docile : un vrai miracle pour la petite fille en robe bleue qui va laisser toute liberté à son imagination et jouer, durant une demi-heure, comme si nous n’étions pas là.
Cette fillette, c’est Justine Macadoux, une comédienne protéiforme, à la fois conteuse, clown et danseuse. Drôle, pleine de vie, elle change d’idée ou sautille d’un espace à l’autre comme une pile électrique. Elle fait le pitre, donne la comédie, joue à la maîtresse, puis elle se montre capable de se concentrer sur un détail pendant des heures – qui ne durent, dans le ressenti, que quelques minutes. On croirait qu’elle possède l’âge de ses petits spectateurs qui manifestent leur complicité et leur plaisir par des rires joyeux.
Vivifiant
Non seulement ce spectacle témoigne d’une observation fine du monde, à hauteur d’enfant, mais la marionnettiste expérimente aussi les différents états de cette cire jaune, rendue incroyablement vivante. Cette matière, contenue dans un bocal au début du spectacle, se met à frémir à gros bouillons bruyants et nous plonge dans l’antre d’une magicienne. De plus, elle attache, elle colle. C’est peut-être un peu dégoûtant, mais ça se lèche quand même. Quand Justine l’étale sur une toile qui dégringole du plafond, puis se déroule comme un tapis, elle prend des formes libres, suit son chemin, durcit, puis devient autre chose. Elle se découpe à l’infini. Elle se métamorphose en masque d’éléphant. La cire produit non seulement des figures dans lesquelles chacun peut se projeter, mais elle permet à Justine d’y glisser un doigt, puis la main, puis le bras, puis de passer de l’autre côté du miroir, telle Alice, aux pays des merveilles.
Le langage de la conteuse Justine Macadoux reste souvent hermétique, réduit à des onomatopées, des borborygmes. Il est prétexte à expérimenter des rythmes qui renforcent l’impression sensuelle et animale que le spectacle dégage. Ce beau travail, sensible et juste, toujours léger, intelligent et aucunement prétentieux, suscite l’empathie et l’émotion du jeune public. Que demander de plus ? ¶
Trina Mounier
Wax. Comment sortir du moule ?, de Renaud Herbin
Conception : Renaud Herbin
Jeu : Justine Macadoux
Espace et matière : Mathias Baudry
Son : Morgan Daguenet
Lumières : Fanny Bruschi, avec la complicité de Anne Ayçoberry
« Wax », de Renaud Herbin, Théâtre Nouvelle Génération à Lyon
Ça glougloute dans le bocal
Par Trina Mounier
Les Trois Coups
Voilà un spectacle fort joli et rafraîchissant pour les tout-petits, concocté par Renaud Herbin, directeur du Théâtre Jeune Public de Strasbourg et grand maître ès marionnettes.
Wax, la cire, est le héros, ou plutôt l’attraction principale de la pièce. Cet élément se déforme, se triture, devient ce que l’on veut. Grâce à lui, il est possible de créer de petits personnages et de les écrabouiller l’instant d’après. Il est doux et docile : un vrai miracle pour la petite fille en robe bleue qui va laisser toute liberté à son imagination et jouer, durant une demi-heure, comme si nous n’étions pas là.
Cette fillette, c’est Justine Macadoux, une comédienne protéiforme, à la fois conteuse, clown et danseuse. Drôle, pleine de vie, elle change d’idée ou sautille d’un espace à l’autre comme une pile électrique. Elle fait le pitre, donne la comédie, joue à la maîtresse, puis elle se montre capable de se concentrer sur un détail pendant des heures – qui ne durent, dans le ressenti, que quelques minutes. On croirait qu’elle possède l’âge de ses petits spectateurs qui manifestent leur complicité et leur plaisir par des rires joyeux.
Vivifiant
Non seulement ce spectacle témoigne d’une observation fine du monde, à hauteur d’enfant, mais la marionnettiste expérimente aussi les différents états de cette cire jaune, rendue incroyablement vivante. Cette matière, contenue dans un bocal au début du spectacle, se met à frémir à gros bouillons bruyants et nous plonge dans l’antre d’une magicienne. De plus, elle attache, elle colle. C’est peut-être un peu dégoûtant, mais ça se lèche quand même. Quand Justine l’étale sur une toile qui dégringole du plafond, puis se déroule comme un tapis, elle prend des formes libres, suit son chemin, durcit, puis devient autre chose. Elle se découpe à l’infini. Elle se métamorphose en masque d’éléphant. La cire produit non seulement des figures dans lesquelles chacun peut se projeter, mais elle permet à Justine d’y glisser un doigt, puis la main, puis le bras, puis de passer de l’autre côté du miroir, telle Alice, aux pays des merveilles.
Le langage de la conteuse Justine Macadoux reste souvent hermétique, réduit à des onomatopées, des borborygmes. Il est prétexte à expérimenter des rythmes qui renforcent l’impression sensuelle et animale que le spectacle dégage. Ce beau travail, sensible et juste, toujours léger, intelligent et aucunement prétentieux, suscite l’empathie et l’émotion du jeune public. Que demander de plus ? ¶
Trina Mounier
Wax. Comment sortir du moule ?, de Renaud Herbin
Conception : Renaud Herbin
Jeu : Justine Macadoux
Espace et matière : Mathias Baudry
Son : Morgan Daguenet
Lumières : Fanny Bruschi, avec la complicité de Anne Ayçoberry
Technique : Thomas Fehr, Christian Rachner
Régisseur : Silvio Martini
Photo : © Benoît Schupp
Production : TJP Centre dramatique national d’Alsace Strasbourg
Coproduction : MA Scène nationale de Montbéliard
Théâtre Nouvelle Génération • 23, rue de Bourgogne • 69009 Lyon
Du 14 au 21 mai 2017
Durée : 40 minutes
De 5 € à 8 €
Réservations : 04 72 53 15 10
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