Finesse et géométrie
Par Laura Plas
Les Trois Coups
Déployant une maîtrise et une inventivité remarquables, les acrobates d’« Acrometria » nous offrent un spectacle à la précision géométrique, qui n’exclut pas pour autant une profonde sensibilité. Une perle catalane.
Quelques caissons et cordes, un mât. Il n’en faut pas plus aux trois acrobates d’Acrometria pour varier les possibles une heure durant, avec une ingéniosité qui force l’admiration. Car, avec eux, on n’est jamais au bout de ses surprises. D’une part, leur maîtrise autorise des prouesses qu’on ne saurait imaginer. Ainsi, Wanja Kahlert a la force d’un Goliath ayant pactisé avec un David gracile (Adrià Montaña). Quant à Anna Pascual, elle est aussi douée dans les airs qu’au sol ou dans les bras de ses partenaires. D’autre part, ils dessinent à satiété dans l’espace des figures qu’on n’attendait pas. Apparaissant, disparaissant comme des diables de leurs boîtes, ces constructeurs ont des airs de démiurges quand ils métamorphosent l’aire de jeu.
Déjouant les attentes, les artistes savent aussi les créer. En effet, des jeux de traction, jeux d’attraction nourrissent le spectacle. Or, souvent, les objets se manifestent comme un péril. Le mât penche dangereusement, un cube semble trop lourd, son équilibre trop précaire. On craint alors la chute, l’accident. À tort, car la maîtrise des acrobates est impeccable. Elle donnerait même l’illusion de la facilité. Pas de heurts, pas de cassures de rythme.
Complicité des interprètes
Cette impression est sans doute accentuée par la complicité des interprètes. Ils semblent toujours disponibles les uns aux autres, prévenants même. Qu’il est beau ce geste délicat, par exemple, d’écarter sur le front de sa partenaire la mèche qui pourrait s’accrocher dans le bois ! Qu’ils sont forts ces regards et ces sourires que l’on s’adresse ! Si Acrometria n’est pas une variation aride, mais un spectacle vivant, c’est en grande partie grâce à ce rapport humain.
Enfin, on perçoit le plaisir que les acrobates éprouvent à jouer ensemble, à faire jouer tous les rapports que peut entretenir un trio. Deux face à un, deux contre un, tous pour un… On joue ainsi à la guéguerre comme aux chaises musicales. Ce sont des jeux de l’amour, mais jamais des jeux du hasard. On n’aurait peut-être même pas besoin d’un travail sur la lumière ou d’une bande-son tant les corps semblent suffire. Cependant, la bande-son est assez intéressante en dépit d’un début un peu racoleur. Elle participe à la narrativisation du spectacle et souligne parfois l’émotion. C’est le cas pour le final du spectacle.
Sensible, le spectacle l’est donc, tout autant qu’il est maîtrisé et ludique. Et s’il exprime l’émotion et le plaisir des interprètes, il les fait naître aussi dans le cœur des spectateurs. ¶
Laura Plas
Acrometria, de PSiRC
Cie PSiRC
Tél. +34 622 051 113
Tél. 2 +34 620 466 903
06 64 70 07 47
Site : www.psirc.net
Courriel : info@psirc.net
Conception : PSiRC
Avec : Wanja Kahlert, Adrià Montaña, Anna Pascual
Musique originale : Dalmau Boada, Marçal Calvet, María Cirici, Anna Pascual, Sofie Tuchscherer
Création lumière : Oscar de Paz
Technique : Benet Jofre
Midi-Pyrénées fait son cirque, espace Vincent-de-Paul, île Piot • chemin de l’Île-Piot • 84000 Avignon
Réservations : 04 32 76 20 51
Du 10 au 26 juillet 2014 à 12 heures, relâche les 14, 18, 21 et 25 juillet
Durée : 50 minutes
Dès 6 ans
14 € | 10 € (carte Off) | 7 € (moins de 10 ans)